Le gouvernement suédois a renouvelé, ce 4 avril 2023, le conseil d’administration de l’énergéticien public Vattenfall, excluant notamment deux opposants au nucléaire. Cette décision est emblématique d’une politique énergétique tournée exclusivement vers la relance de l’atome.
La Suède confirme son choix de tout miser sur le nucléaire pour sa stratégie énergétique. Le gouvernement de centre-droit d’Ulf Kristersson a recomposé, ce 4 avril 2023, le conseil d’administration du géant public de l’énergie Vattenfall. Il a nommé trois nouveaux administrateurs, et en a congédié trois.
Parmi les trois exclus figurent Tomas Kårberg et Viktoria Bergman, qui auraient manifesté leur soutien au développement de l’éolien et leur scepticisme sur l’opportunité de relancer le programme nucléaire suédois. Ce qui a provoqué leur renvoi, comme le reconnaît sans honte le gouvernement.
« L’ambition du gouvernement est que Vattenfall joue un rôle important en garantissant que la Suède dispose à nouveau d’un approvisionnement en électricité stable, robuste et prévisible. Le gouvernement nomme donc un conseil d’administration composé de trois nouveaux membres afin de renforcer les conditions de l’entreprise […] et de prendre des mesures importantes en faveur de l’énergie nucléaire », détaille ainsi la ministre suédoise des Finances, Elisabeth Svantesson.
Au sein de la coalition au pouvoir, les trois partis au gouvernement (les modérés d’Ulf Kristersson, les chrétiens-démocrates et les libéraux), tout comme leur allié d’extrême droite des Démocrates de Suède (absent du gouvernement mais qui vote avec eux) sont d’accord pour accélérer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires.
L’accord de coalition est limpide sur le sujet : il propose d’orienter Vattenfall « vers une direction qui lui permettra de devenir un leader dans l’expansion de la production d’électricité planifiable et sans énergie fossile, y compris des directives pour l’acquisition de nouvelles centrales nucléaires ». Le gouvernement envisage même de lancer une enquête pour voir s’il peut redémarrer les deux réacteurs Ringhals 1 et 2, arrêtés en 2019 et 2020.
Pour le reste, l’électricité suédoise est presque intégralement décarbonée, portée par environ 30 % de nucléaire, 45 % d’hydraulique et 15 % d’éolien. Les six réacteurs nucléaires en activité ont été mis en service dans les années 1980, il n’est pas illusoire de les voir continuer jusqu’à ce que de nouveaux réacteurs les remplacent, dans une dizaine d’années.
Reste que le gouvernement est fortement critiqué pour une politique climatique proche du néant, alors que la Suède est probablement le meilleur élève de l’Europe, sinon du monde, en matière de transition énergétique : en 2020, elle comptait 60,1 % d’énergies renouvelables dans sa consommation finale d’énergie, auquel il faut ajouter 10,35 % de nucléaire, soit plus de 70 % d’énergie bas carbone.
En cinq mois au pouvoir, le gouvernement actuel a réussi à faire augmenter les émissions de gaz à effet de serre du pays, et inquiète l’opposition. « Si vous leur demandez quoi que ce soit sur le climat, la seule réponse est de construire plus de centrales nucléaires », indique ainsi l’eurodéputé Pär Holmgren (Verts/ALE).
COMMENTAIRES
Des suicidaires ce nouveau gouvernement ils ne sont as près de renouveler 2020