Suède : arrêt définitif d'un réacteur, pas du programme nucléaire national

Suède : arrêt définitif d’un réacteur, pas du programme nucléaire national

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Ce lundi 30 décembre 2019, l’un des quatre réacteurs de la plus grande centrale nucléaire de Suède, Ringhals, a été définitivement arrêté, après 43 ans d’utilisation. Ce choix, strictement économique, n’est absolument pas un prélude à une sortie du nucléaire, puisque la Suède, pays à la transition énergétique exemplaire, compte toujours sur l’atome.

Vattenfall et Uniper ferment les réacteurs 1 et 2 de la centrale nucléaire de Rhingals

L’instant était historique. Ce 30 décembre 2019, à 9 heures du matin, le réacteur Ringhals 2 a été définitivement stoppé. Cet EPR, fourni par Westinghouse Electric Corp. en 1970, avait été mis en service en 1975.

Ringhals est l’une des trois centrales nucléaires suédoises en activité. Elle est située à environ 65 kilomètres au sud de la deuxième plus grande ville de Suède, Göteborg, et couvrait jusqu’en 2019 entre 15 et 20% de la production électrique nationale.

La fermeture de Rhingals 2 devrait être suivie, fin 2020, par celle du réacteur Ringhals 1, définitivement arrêté à son tour, conformément à une décision prise en 2015 par ses propriétaires, le groupe énergétique suédois Vattenfall et l’électricien public allemand Uniper.

“Il est clair qu’il y a un peu de tristesse en ce moment”, a déclaré Lars Bjornkvist, chef de projet du déclassement des Ringhals 1 et 2. Pour autant, le deux autres réacteurs de la centrale, Ringhals 3 et Ringhals 4, entrés en service plus tardivement (1981 à 1983), devraient rester fonctionnels jusqu’en 2040.

Le nucléaire est un maillon de la transition énergétique suédoise

En effet, cette double fermeture est une décision strictement économique : les opérateurs la justifient par un manque de rentabilité et une augmentation des coûts de maintenance. Elle est en cela, très différente de la fermeture des deux réacteurs de la centrale de Bärseback (en 1999 et 2005), décidée suite à la catastrophe de Tchernobyl et s’intégrant dans une volonté de sortir du nucléaire.

Depuis, la Suède a modifié sa position sur le nucléaire : l’opinion publique suédoise étant plutôt favorable à l’atome, en raison de son absence d’émission de gaz à effet de serre, le Parlement suédois a autorisé, en 2010, le remplacement des réacteurs nucléaires existants quant ils seront en fin de vie.

Le pays nordique a ainsi revu ses priorités : l’objectif est d’atteindre la neutralité carbone le plus vite possible, et le nucléaire (qui fournit encore aujourd’hui 40% de l’électricité suédoise) est un maillon de la chaîne qui fait que la Suède est le pays membre de l’AIE avec la plus faible part d’énergie fossile dans sa consommation d’énergie primaire.

Le Parlement suédois a même décidé en 2016 de supprimer un ensemble de taxes, notamment sur la sûreté nucléaire, qui pesait lourdement sur la rentabilité des centrales, et était une des raisons de la décision de Vattenfall et d’Uniper de fermer Ringhals 1 et 2.

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • En 2019, plus de puissance nucléaire aura été retirée du service qu’il n’en a été ajouté, au niveau mondial bien sûr.
    Et la construction de seulement trois réacteurs a débuté.
    Stagnation nucléaire, alors que l’on aura dans quelques semaines le bilan très positif des renouvelables ajoutés et dans quelques mois les données de production des uns et des autres.

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  • Que le second intervenant le veuille ou non, l’avenir du nucléaire n’est pas aussi rose que le voudraient ses partisans. L’agence nucléaire mondiale s’en inquiète régulièrement et réclame des subventions pour maintenir en vie les vieux réacteurs ou en construire de nouveaux. Pourtant, depuis soixante ans, le nucléaire devrait être arrivé à maturité.

    La liste des réacteurs en construction n’impressionne personne. Certains sont en construction depuis plus de trente ans. Aux USA, le réacteur Watts Bar-2 est resté sur la liste pendant 43 ans avant d’être mis en service en 2016.

    Une petite lecture pour vous aider à mieux comprendre les réalités de ce monde :
    https://www.worldnuclearreport.org
    C’est dans le World Nuclear Industry Status Report 2019

    Indépendamment de cela, il faudra se faire à l’idée que dans dix ans, chacun de leur côté, l’éolien et le solaire produiront plus d’électricité que le nucléaire dans dix ans. Pas en France, certes, mais sans le monde entier.
    Rendez-vous après les statistiques de 2030.

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  • @ Dan :

    Vous êtes en contradiction avec le dernier rapport du Giec qui fait la synthèse des différentes études sur le sujet et attribue un % réduit au nucléaire dans les décennies qui viennent et qui fait dire à tous les scientifiques et ingénieurs objectifs du secteur de l’énergie que ce ne seront ni les renouvelables ni le nucléaire qui sauveront le climat, mais bien moins le nucléaire que les renouvelables.

    De plus vous pouvez constater que la génération d’électricité nucléaire est toujours inférieure à celle de 2006 (page3/11) :

    https://www.nuklearforum.ch/sites/default/files/page/Kernkraftwerke_der_Welt_2019_0.pdf

    .

    Répondre
  • Le nucléaire l’actif qui s’échoue, coûte cher, est souvent aux mains de pouvoirs qui s’en servent pour créer des dépendances (Rosatom) et l’occasion de négocier des contrats opaques, douteux, sur de très longues durées, parfois secrets vis à vis des parlements, souvent de pair avec des contrats d’armements et autres, avec d’autres pouvoirs souvent corrompus et détourne des fonds qui seraient mieux utilisés pour la lutte contre le changement climatique, fait l’objet de manipulations extérieures auprès de certains pays européens (récemment Tchéquie, Hongrie) pour la prise en charge par les fonds européens de son financement alors que c’est une technologies ancienne supposée amortie mais qui n’en finit pas de demander des rallonges, consomme bien plus d’eau que les renouvelables, retarde la décentralisation de l’énergie et donc de multiples technologies et approches plus rapides et souvent plus efficientes à déployer (villes, communes, quartiers, bâtiments positifs en énergie et plus), est indéfendable entre autres face aux missiles hypersoniques, fait l’objet régulièrement de menaces comme cible ou est l’objet de problèmes géopolitiques sérieux (Iran, Moyen-Orient etc), est vendu dans des pays où notamment le solaire est moins coûteux, dont les démantèlements ou les stockages sont loin d’être réalisés dans des conditions optimales dans le monde, dont les coûts des risques et accidents doivent être pris à charge à quasi totalité par les populations qui devront subir encore prochainement le rejet dans l’océan des milliers de tonnes d’eau contaminées de Fukushima, en croissance de quelques 150 tonnes par jour et dont l’emplacement de très nombreuses centrales dans le monde sont recensés à risques face aux changements climatiques, à la montée des océans etc

    L’édition 2019 du World Nuclear Industry Status Report (WNISR2019) analyse sur 323 pages l’état de l’industrie nucléaire dans le monde et consacre un nouveau chapitre à l’évaluation de l’option nucléaire comme moyen de combattre l’urgence climatique. Huit experts interdisciplinaires de six pays, dont quatre professeurs d’université, ainsi que Amory Lovins, co-fondateur du Rocky Mountain Institute, ont contribué aux travaux.

    La conclusion sur la performance du nouveau nucléaire est sans appel : « Les options non-nucléaires permettent d’économiser plus de carbone par dollar et par an » que le nucléaire.

    En effet, « dans de nombreux pays nucléaires, les nouvelles renouvelables peuvent désormais concurrencer le nucléaire existant. »

    Alors que la capacité en service a atteint un nouveau maximum, et que le nombre de réacteurs en fonctionnement dans le monde a augmenté de quatre unités durant l’année passée pour atteindre 417 tranches à mi-2019 , ce dernier chiffre reste bien en-dessous de la pointe historique de 438 en 2002.

    La construction nucléaire est en déclin pour la cinquième année consécutive, avec 46 chantiers en cours à mi-2019 , contre 68 tranches en 2013 et 234 en 1979. Le nombre de mises en construction est passé de 15 en 2010, année précédant Fukushima, à cinq en 2018 et deux en 2019 (au 15 décembre). La pointe historique remonte à 1976 avec 44 démarrages de chantier, plus que le total des sept années passées.

    Mycle Schneider, coordinateur et éditeur du WNISR déclare : « Il n’y a aucun doute, le taux de renouvellement est trop bas pour garantir la survie de la technologie. Nous sommes face à une sorte de sortie du nucléaire ‘organique’ non-déclarée. »

    En conséquence, pour la première fois, la moyenne d’âge du parc nucléaire mondial dépasse les 30 ans.

    En même temps, les renouvelables continuent à devancer le nucléaire dans quasiment toutes les catégories. Une capacité record de 165 GW de renouvelables a été couplée aux réseaux dans le monde en 2018, alors que la capacité nucléaire en exploitation a augmenté de 9 GW. La production d’électricité éolienne a augmenté de 29 % et celle du solaire de 13 %, contre 2,4 % pour celle du nucléaire, imputable pour les trois quarts à la Chine.

    Comparé à 2008, en 2018, les renouvelables (hors hydraulique) ont produit 1.900 TWh de courant supplémentaire, dépassant le charbon et le gaz, alors que le nucléaire à produit moins.

    Que signifient toutes ces données pour le rôle potentiel du nucléaire dans combat contre l’effet de serre ?

    Le WNISR2019 consacre un chapitre entier à cette question.

    Ce rapport est peut-être la publication la plus significative pour répondre à cette question pertinente.

    Entre 2009 et 2018, les coûts du solaire commercial ont baissé de 88 % et ceux de l’éolien de 69 %, alors que dans le même temps, ceux du nucléaire augmentaient de 23 %. Le nouveau solaire peut désormais concurrencer le charbon existant en Inde, l’éolien seul produit plus d’électricité que le nucléaire dans un tiers des pays nucléaires, dont la Chine et l’Inde.

    Mais les centrales nucléaires sont aussi beaucoup plus lentes à construire. Onze ans en moyenne se sont écoulés, entre le début de construction et la connexion au réseau des neuf réacteurs démarrés en 2019.

    En d’autres termes, l’option nucléaire n’est pas seulement plus chère mais beaucoup plus lente à mettre en œuvre que toute autre option. Le nucléaire n’est donc pas un moyen efficace pour faire face à l’urgence climatique, au contraire, il est contre-productif, car les investissements énormes qu’il demande ne sont alors pas disponibles pour des options plus efficaces.

    Résultat plutôt surprenant, même la prolongation de l’exploitation de réacteurs existants n’est souvent pas efficace quand les coûts d’exploitation dépassent les coûts des concurrents, notamment les mesures d’efficacité énergétique et les renouvelables, et bloquent durablement leur mise en œuvre.

    Mycle Schneider conclut : « On ne peut dépenser un euro, un dollar ou un yuan qu’une fois : l’urgence climatique exige que les décisions d’investissement favorisent impérativement les stratégies de réponse les moins onéreuses et les plus rapides. L’option nucléaire s’est constamment révélée comme la plus chère et la plus lente. »

    https://www.worldnuclearreport.org/WNISR2019-Presentation-a-Paris.html

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