Il y a loin des promesses à la réalité. Le candidat Macron avait assuré que les Français pourraient utiliser une voiture électrique pour 100 € par mois, grâce au soutien de l’Etat. Neuf mois après l’élection présidentielle, la promesse est encore dans les limbes. Elle pourrait voir le jour à la rentrée, sans que l’on ne sache qui sera éligible, et surtout, quelles voitures.
Plus élaborée encore, la promesse d’un prêt à taux zéro pour l’achat d’une voiture électrique (ou même hybride) est-elle aussi au point mort. Elle figure pourtant en toutes lettres dans un décret publié au JO le… 24 avril 2022. Soit le jour du second tour de la présidentielle ! Autrement dit, la mesure devrait avoir force de loi, et contraindre les banques.
Ce prêt à taux zéro devait normalement démarrer à compter du 1er janvier 2023. Le ministère de la Transition Ecologique, le ministère des Finances, disposaient donc de plus de 8 mois pour négocier avec les banques, même un nombre limité, afin que la mesure soit effective au 1er janvier, conformément au décret.
Il n’en est rien. Deux mois se sont écoulés, et pas une seule banque ne propose de PTZ pour les véhicules hybrides ou électriques, aux clients résidants dans une ZFE ou une commune avoisinante. Pourtant, ce PTZ ne doit en théorie rien coûter aux banques, puisque le décret a prévu un « financement » du dispositif. Les intérêts normalement perçus pour le prêt, à défaut d’être facturés au client, doivent être déduits de leur résultat annuel.
« Les banques accordant ces prêts à taux zéro ne disposeront pas de garantie particulière sur les crédits consentis aux emprunteurs dont elles devront apprécier la solvabilité, mais elles bénéficieront de réductions d’impôt équivalentes au montant des intérêts qu’elles auraient perçus à des conditions normales de taux » dit expréssement le décret.
Autrement dit, la mesure ne devrait rien coûter aux banques, puisque « c’est l’Etat qui paye ». Mieux : ce genre de financements dit « verts » améliore les rapports annuels RSE, que les grandes entreprises doivent rendre publics désormais, en même temps que la présentation de leurs résultats.
Contactés, plusieurs établissements bancaires expliquent prosaïquement (et anonymement) ne pas avoir eu de discussions avec les autorités sur ce nouveau PTZ. Le ministère de la Transition Ecologique n’a pour l’instant pas répondu à nos sollicitations.