Selon une information des Echos, le gouvernement envisagerait de solliciter l’épargne du livret A (375 milliards d’euros fin 2022) pour financer, au moins en partie, la construction des six réacteur nucléaires de nouvelle génération (EPR2) dont veut se doter la France, et ainsi relancer la filière nucléaire.
Les 500 milliards du livret A au soutien de la relance de la filière nucléaire ?
Tout commence par l’audition devant l’Assemblée nationale, en janvier 2023, d’Eric Lombard, patron de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), le pôle financier de l’Etat français, qui gère notamment les milliards d’euros versés chaque année sur les livrets A et autres livrets d’épargne populaire.
« Je suis convaincu que l’épargne populaire, du Livret A, du Livret de développement durable et solidaire, du Livret d’épargne populaire qui, au total, atteint 500 milliards d’euros aujourd’hui, peut davantage encore financer la transformation de notre appareil de production énergétique », avait-il déclaré.
Et, effectivement, selon nos confrères des Echos, le gouvernement envisagerait de solliciter cette manne financière pour couvrir les investissements massifs qu’impose la relance de la filière nucléaire. Une source anonyme au sein de l’État indique ainsi, ce 9 janvier 2023, que le Livret A est une des rares ressources qui permet de déployer des financements à très long terme, cela correspond assez bien au profil du nucléaire ».
Cette annonce fait suite à la tenue d’un Conseil de politique nucléaire, à l’Elysée, début février 2023, fixant la feuille de route pour la création de six nouveaux réacteurs nucléaires EPR2, par paires, à Penly (Seine-Maritime), près de Dieppe, puis à Gravelines (Nord) et enfin à Bugey (Ain) ou bien Tricastin (Drôme). Huit autres réacteurs pourraient également être construits.
Un coût estimé à 51,7 milliards d’euros pour les six nouveaux EPR2, mais le coût du crédit sera décisif pour la rentabilité
Selon EDF, le coût de construction des six nouveaux EPR2 est estimé à 51,7 milliards d’euros (hors coûts de financement), plus 4,6 milliards en cas de difficulté de mise en œuvre. Mais c’est bien ce coût de financement qui sera décisif pour la rentabilité de ces installations : avec un taux de crédit variant de 1% à 7%, le coût du MWh produit oscillera entre 40 et 100 euros.
D’où l’idée de solliciter une épargne disponible et sûre, au coût modique (même si la rémunération du livret A a été récemment relevée à 3%). Si le livret A sert traditionnellement à financer des logements sociaux, rien n’interdit à la CDC de l’utiliser pour le nouveau nucléaire. Actuellement, 55 millions de Français disposent d’un livret A.
En 2022, les épargnants français ont déposé 33,49 milliards d’euros de plus sur les Livrets A et les Livrets de développement durable et solidaire (LDDS) qu’ils n’en ont retirés, un niveau comparable à 2020 (35,21 milliards d’euros).
Interrogé sur le sujet par l’AFP, le ministère de la Transition énergétique affirme que « les options de financement du nouveau nucléaire sont à l’étude, sans qu’aucune orientation n’ait été arbitrée à ce stade ». Le ministère de l’Economie a confirmé, précisant que le sujet du financement n’était « pas le plus urgent » dans la relance du nucléaire.
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