Onze députés Renaissance ont visité, ce 28 décembre 2022, la centrale nucléaire de Flamanville : un déplacement symbolique, pour assurer du soutien du gouvernement à la filière nucléaire, mais aussi technique, les élus étant en quête d’arguments pour la loi sur l’accélération de la création de nouveaux EPR2. Ce même jour, Michel Badré, président de la commission du débat public sur la construction de ces nouveaux réacteurs, faisait un point à mi-chemin de ce débat.
En février 2022, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé, dans un discours déjà historique à Belfort, sa volonté de construire six nouveaux réacteurs nucléaires de nouvelle génération, ou EPR2, par paire, avec une option pour huit autres.
Si cette annonce sert depuis de boussole à EDF, qui a racheté l’activité nucléaire de GE (ex-Areva) et met les bouchées doubles pour engager ingénieurs et ouvriers hautement qualifiés, et si la politique toute jupitérienne du président laisse planer peu de doutes sur la mise en chantier de ces réacteurs, la relance du nucléaire en France n’est à ce jour pas inscrite dans la loi.
Elle est même en opposition frontale avec l’actuelle Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE), qui prévoit uniquement des fermetures de réacteurs. Tout un arsenal législatif est donc nécessaire pour lancer les chantiers : le premier, chronologiquement, sera une loi pour accélérer la construction de nouveaux réacteurs, qui sera présenté au Sénat en janvier 2023, puis à l’Assemblée nationale. Le second sera la nouvelle mouture de la PPE.
Sur le premier front, onze députés Renaissance, le parti présidentiel, étaient en visite, ce 28 décembre 2022, à la centrale nucléaire de Flamanville. Ils ont pu notamment observer le réacteur 1, en fonctionnement, le 2, à l’arrêt pour une maintenance programmée, ainsi que le fameux EPR en construction, qui devrait entrer en service d’ici début 2024.
Cette visite avait un double objectif : indiquer le soutien du parti présidentiel à la filière nucléaire, dans un contexte d’approvisionnement électrique compliqué par une (temporaire) faible disponibilité du parc nucléaire français, et de volonté de construire de nouveaux réacteurs.
Second objectif : glaner des arguments pour défendre le projet de loi sur l’accélération du nucléaire, en vue des débats au Sénat et à l’Assemblée. Sachant que plusieurs partis d’opposition (Les Républicains, majoritaires au Sénat, le Rassemblement national, le Parti communiste) soutiennent la relance du nucléaire, la loi ne devrait pas avoir trop de difficulté à passer.
Ce même 28 décembre, Michel Badré, le président de la commission spéciale chargée du débat public sur la construction de ces six EPR2, faisait un point à mi-chemin de ces quatre mois de concertations menées par la Commission nationale du débat public (CNDP).
Il en rappelait d’abord les enjeux : « Ce débat est obligatoire dans l’état actuel de la législation. Pour le moment, la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) ne permet pas l’installation de nouveaux réacteurs nucléaires. Le maître d’ouvrage, EDF, a été obligé de saisir la CNDP et les résultats de ces débats seront transmis au Parlement, l’entité qualifiée, afin qu’ils puissent saisir les enjeux, savoir quel est l’avis des Français sur ce sujet et finalement légiférer en connaissance de cause ».
Une dizaine de réunion publiques sont prévues, ainsi que des rendez-vous plus informels dans des marchés ou des lycées. Les premiers retours indiquent des débats animés mais de bonne tenue, avec des interrogations légitimes sur la technologie EPR et sa rentabilité.
« Le clivage pro et anti nucléaire est évident mais ce qui est frappant c’est la transversalité de certains sujets. La sobriété énergétique, un sujet qui n’était que peu présent sur la scène publique auparavant, est apparue en force. Quel que soit le scénario, qu’on fasse ou non du nucléaire, tout le monde s’accorde sur la question de la réduction de notre consommation énergétique », note Michel Badré.
COMMENTAIRES
Macron à affiche clairement sa nucleophile en arrivant au pouvoir en 2017 car sa première mesure a consisté à saboter la PPE en ne lançant aucun appel d’offre concernant les engagements de la France de la cop21 de 2015 pour l’objectif 2020.
Le titre de l’article se suffit à lui-même.