La situation est paradoxale sur le front du gaz en Europe. Pendant quelques heures, à la fin du mois d’octobre, le prix du gaz sur le marché spot européen est passé en territoire négatif ! On payait des clients pour qu’ils achètent du gaz à livrer dans les prochains jours.
Et pour cause ! Si le prix du gaz est en baisse de plus de 60 % comparé au prix atteint pendant le mois d’août, c’est tout simplement parce qu’il n’y a…. nulle part ou le stocker. Le problème est en réalité simple à comprendre. Avec un mois d’octobre particulièrement clément partout en Europe, les chaudières à gaz sont restées le plus clair du temps à l’arrêt.
Un mois d’octobre particulièrement doux
Conséquence directe : les stocks de gaz ont atteint leur maximum courant septembre. Dans certains cas, début septembre. Ils n’ont que très légèrement été entamés. Or, faute de consommation, les méthaniers qui se présentent dans les ports européens ne peuvent décharger un gaz qu’on ne peut plus stocker nulle part !
Ajoutons à cela le fait que les terminaux gaziers sont naturellement saturés par l’afflux massifs de tankers, que les pays européens ont attirés vers nos côtes en consentant d’acheter leur cargaison à prix d’or. Parfois, en détournant ces méthaniers de leur destination d’origine, notamment l’Asie, grâce à l’effet prix.
En réalité, les commandes de gaz ont été pensées pour faire face à la consommation standard d’un mois d’octobre / novembre. Ce qui devait permettre de ne pas entamer les stocks de gaz.
Mais dès que les températures vont chuter significativement, les livraisons de gaz ne pourront empêcher une baisse rapide des stocks européens. Faute d’apport des gazoducs russes à l’arrêt. A l’échelle du continent, les stocks permettent d’assurer 46 jours de consommation, sans flux. Sachant que la consommation de gaz est intense pendant au minimum 120 jours… On comprend aisément qu’il faudra pouvoir compter sur des livraisons massives de gaz. Afin d’éviter que les stocks ne soient asséchés prématurément.
Les stocks de gaz ne peuvent assurer seuls le flux de consommation au coeur de l’hiver
Historiquement, les stocks de gaz atteignent un point bas en janvier février, autour de 30 %. Si ce point bas est atteint plus tôt, ou même seulement à la même période que les années précédentes… La situation deviendra réellement critique pour les pays d’Europe. En particulier les plus dépendants du gaz pour se chauffer, pour leurs industries, mais aussi pour la production d’électricité. On pense en particulier à l’Allemagne.
Le prix du gaz pourrait alors battre de nouveaux records. Sachant qu’à un moment, les capacités techniques seront dépassées. Transport maritime, déchargement, décompression, et acheminement sur les lieux de consommation … Et rien ne pourra empêcher les mesures de restriction drastiques de consommation.
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