Le premier ministre norvégien, Jonas Gahr Støre, a commenté, ce lundi 12 septembre 2022, les voies envisagées par l’Union européenne pour sortir de sa crise énergétique. Devenu premier fournisseur de gaz fossile de l’UE, la Norvège est « sceptique » sur l’intérêt d’en plafonner le prix.
Réunis à Bruxelles ce 9 septembre 2022, les ministres de l’Energie des Etats membres de l’Union européenne ne se sont entendus que sur un point : la nécessité de prendre des mesures urgentes pour limiter la flambée de prix de l’énergie, qui entraîne inflation, ralentissement de nombreuses activités économiques et menace de plonger les pays dans la récession.
Au-delà d’une possible réforme des marchés de l’énergie (et en particulier de l’électricité), les Vingt-Sept réfléchissent à un plafonnement des prix du gaz. La Commission européenne a proposé de plafonner uniquement les tarifs du gaz russe, une solution qui auraient d’énormes avantages si elle ne risquait pas de provoquer une coupure pure et simple des livraisons par Gazprom, comme l’a clairement indiqué Vladimir Poutine.
Certains Etats veulent aller plus loin, en plafonnant le prix du gaz importé par l’Union européenne, y compris le GNL. L’Italie est notamment favorable à cette solution, qui ne semble viable qu’avec un franc soutien des principaux fournisseurs de l’Union, qui pourraient facilement être tenté de vendre leur gaz ailleurs – en particulier les gros producteurs de GNL, comme le Qatar et les Etats-Unis, qui peuvent facilement trouver des acheteurs, notamment en Asie.
Négocier un plafonnement avec les pays livrant l’Union européenne par gazoduc (Algérie, Azerbaïdjan, Norvège) est sans doute plus envisageable, mais il faudrait probablement, pour cela, faire d’importantes concessions économiques ou géopolitiques avec ces pays.
L’idée ne semble en tout cas pas convaincre la Norvège, devenue récemment le premier fournisseur de gaz fossile de l’Union européenne devant la Russie, notamment grâce à une hausse de 8 % de ses livraisons.
Le pays s’étant fortment enrichi suite à la flambée des prix, accorder un coup de pouce à ses partenaires européens semblerait possible. Le Premier ministre norvègien, Jonas Gahr Støre, a discuté de ces sujets avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Et il a ensuite annoncé, par voie de communiqué, que la Norvège était « sceptique » à cette idée de plafonner les prix du gaz.
« Nous sommes d’accord pour avoir un dialogue encore plus étroit avec l’UE à l’avenir concernant les différentes propositions qui sont sur la table. Nous abordons les discussions avec l’esprit ouvert mais nous sommes sceptiques à l’égard d’un prix maximum pour le gaz. Un prix maximum ne changera rien au problème fondamental, à savoir qu’il y a trop peu de gaz en Europe », indique ainsi Jonas Gahr Støre.
Ce n’est sans doute que le début de longues négociations avec un allié stratégique, qui fait partie de l’OTAN mais pas de l’Union européenne, mais est totalement interconnecté au marché européen de l’énergie et de l’électricité, et, quoiqu’en position de force, n’a aucun intérêt à se fâcher avec l’Union européenne.