Ce 28 octobre 2022, la Pologne a choisi le groupe américain Westinghouse pour construire sa première centrale nucléaire, rejetant les offres concurrentes du français EDF et du sud-coréen KHNP. Un choix aussi technique que stratégique, dans un contexte de rapprochement entre la Pologne et les États-Unis, mais critiqué dans l’Union européenne.
La Pologne va confier sa première centrale nucléaire à Westinghouse
Préférer un opérateur américain à un énergéticien européen, en l’occurrence français : la décision du gouvernement polonais, ce 28 octobre 2022, de confier la construction de sa première centrale nucléaire à l’américain Westinghouse (qui vient de changer de propriétaire), alors qu’EDF, ainsi que le sud-coréen KHNP était également sur les rangs, a été très critiquée dans l’Union européenne.
Mais outre que l’euro-scepticisme du gouvernement de Mateusz Morawiecki n’est un secret pour personne, ce choix prend place dans un contexte global de rapprochement stratégique entre la Pologne et l’OTAN, et donc les États-Unis, faisant suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
« Nous confirmons que notre projet d’énergie nucléaire utilisera la technologie fiable et sûre de Westinghouse », a ainsi précisé le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki sur Twitter.
Voici des années que la Pologne a indiqué vouloir se doter d’énergie nucléaire civile, notamment pour des raisons climatiques et pour réduire sa dépendance au charbon dans la production d’électricité. L’invasion de l’Ukraine par la Russie et le tarissement des livraisons de gaz russe en Europe ont renforcé cette urgence.
Le gouvernement polonais va installer cette centrale, composée de trois réacteurs, dans le village de Choczewo, près de la côte de la mer Baltique, et envisage une mise en service pour 2023, pour un budget total de 40 milliards de dollars. Trois autres réacteurs devraient être construit par la suite. Des responsables américains ont estimé que Westinghouse devrait également s’en charger.
« Cela envoie un message clair à la Russie »
Le gouvernement américain a d’ailleurs salué cette décision polonaise comme un choix stratégique : « C’est un pas énorme dans le renforcement de nos relations avec la Pologne pour les générations à venir », s’est félicitée la secrétaire américaine à l’Energie, Jennifer Granholm.
« Je pense que cela envoie un message clair à la Russie, que l’Alliance atlantique est unie pour diversifier notre approvisionnement énergétique (…) et pour résister à la militarisation russe de l’énergie », a-t-elle poursuivi.
📣BIG NEWS: Poland's PM Mateusz Morawiecki just announced Poland will select the U.S. government & Westinghouse for the first part of their $40B nuclear project, creating or sustaining 100,000+ jobs for American workers. Thank you for your hard work with @ENERGY, @USAmbPoland! 1/ pic.twitter.com/uuovszCuGy
— Secretary Jennifer Granholm (@SecGranholm) October 28, 2022
« Il ne s’agit pas seulement d’un projet énergétique commercial, il s’agit de la façon dont nous définirons ce que j’appellerais une sécurité interdépendante pour les décennies à venir », a précisé un haut responsable du gouvernement américain sous couvert d’anonymat, qui voit dans ce choix « un message sans équivoque à Poutine sur la force de l’alliance américano-polonaise ».
Face au poids géostratégique de ce choix, pas sûr que la défense de la souveraineté européenne ait pesé bien lourd…
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