Ce 12 octobre 2022, l’historique compagnie américaine spécialisée dans le nucléaire, Westinghouse Electric, a été rachetée pour 7,9 milliards de dollars (dette comprise) par le producteur d’uranium Cameco et par la société d’investissement canadienne Brookfield Renewable Partners. Les acheteurs y voient la preuve du regain d’intérêt actuel pour l’atome.
Nouvel épisode dans la récente (et très mouvementée) histoire de la société américaine Westinghouse Electric, pionnier de l’électricité (elle fut la première à exploiter le brevet de Tesla sur le sujet) et du nucléaire (c’est notamment sur le modèle de ses centrales que Framatome, ex-Areva, a construit la quasi-totalité du parc nucléaire français).
Ce mercredi 12 octobre 2022, la société a été rachetée par le producteur d’uranium Cameco (à 49%) et par la société d’investissement canadienne Brookfield Renewable Partners et ses partenaires institutionnels (à 51%), pour un montant de 7,9 milliards de dollars, dette comprise.
En 1999, le groupe Westinghouse / CBS sépare ses activités média de ses activités historiques. Westinghouse Electric passe alors dans le giron du britannique BNFL, rachète les activités nucléaires d’ABB, avant d’être cédé, en 2006, à Toshiba. En 2017, le groupe japonais met la société en faillite, avant sa reprise, en 2018, par le fonds d’investissement canadien Brookfield Asset Management, qui la transfère à sa filiale Brookfield Business.
L’opération annoncée ce 12 octobre est donc, pour 51 % des parts, un simple transfert d’actions depuis une filiale (Brookfield Business) d’un grand fonds (Brookfield Asset Management) vers une autre filiale (Brookfield Renewable Partners), avec une ouverture de capital de 49 % vers un industriel de la filière nucléaire (Cameco), souhaitant diversifier ses activités et profiter du regain d’intérêt pour le nucléaire.
En 2018, Brookfield Asset Management et ses partenaires avaient versé 4,6 milliards de dollars pour l’entreprise. Cette fois, Cameco va payer 2,2 milliards de dollars pour 49 % des parts, et Brookfield Renewable (et ses partenaires) 2,3 milliards pour 51 %. La valorisation de la société est donc globalement stable, mais les deux acheteurs vont devoir gérer 3,4 milliards de dette, portant le montant de la vente à 7,9 milliards de dollars.
Le point intéressant, c’est que le fonds canadien a transféré Westinghouse vers sa filiale spécialisée dans les renouvelables et la décarbonation de l’économie, preuve que le rôle du nucléaire dans la transition énergétique est bel et bien pris en compte par les investisseurs.
« Toute trajectoire crédible visant la neutralité carbone repose sur une croissance significative de l’énergie nucléaire », pointe d’ailleurs Mark Carney, responsable des investissements dans la transition pour Brookfield et ancien gouverneur des banques centrales d’Angleterre et du Canada.
Même son de cloche du coté de Cameco : « En tant que l’une des rares formes de production d’électricité capable de produire de manière sûre, fiable et abordable une énergie sans émissions, l’énergie nucléaire devient de plus en plus importante dans un monde qui met l’accent sur l’électrification, la réduction des émissions carbone et la sécurité énergétique », détaille le patron du producteur d’uranium, Tim Gitzel.
L’acquisition de Westinghouse « devrait accroître notre capacité à répondre aux besoins croissants des clients existants et nouveaux à un moment où l’origine et la sécurité de l’approvisionnement sont des préoccupations majeures », complète-t-il.