En avril 2022, en Bulgarie le gouvernement pro-européen de Kiril Petkov avait refusé de régler ses importations de gaz russe en roubles, provoquant l’arrêt des livraisons de Gazprom. C’était, avec la Pologne, le premier Etat européen à agir ainsi. Mais la chute du gouvernement Petkov pourrait changer la donne : le ministre de l’Energie du gouvernement de transition a déclaré lundi que la Bulgarie allait reprendre les négociations avec Gazprom.
Voilà un revirement qui doit particulièrement satisfaire Vladimir Poutine. En réaction aux sanctions européennes imposées à la Russie, le Kremlin a en effet exigé que les pays « inamicaux » règlent à Gazprom leur facture de gaz russe en roubles.
Fin avril, la Pologne et la Bulgarie du premier ministre pro-européen Kiril Petkov furent les premiers pays à refuser le chantage de la Russie, et à voir leur approvisionnement en gaz fossile suspendu. Par la suite Danemark, Finlande, Pays-Bas et Lettonie avaient à leur tour indiqué qu’ils ne paieraient pas leur contrat d’approvisionnement en roubles, poussant Gazprom à leur couper le robinet du gaz.
Le gouvernement bulgare avait alors activé tous les leviers possibles pour compenser la perte du gaz russe, notamment en accélérant la finalisation d’une interconnexion gazière avec la Grèce, achevée au début de l’été, et qui devrait permettre au pays d’importer du gaz d’Azerbaïdjan dès cet automne. Dans le même temps, l’exécutif de Kiril Petkov avait également négocié des livraisons de GNL.
Mais cette réponse à la crise énergétique a fait partie des griefs qui ont poussé un parti de sa coalition à claquer la porte, mettant le gouvernement Petkov en minorité. Fin juin 2022, l’opposition dépose une motion de censure, et renverse le gouvernement. Aucune nouvelle coalition ne parvient à émerger. Après trois échecs pour former un gouvernement, un cabinet apolitique est nommé ce 2 août 2022, pour faire la transition jusqu’aux nouvelles législatives, convoquées en octobre 2022.
Et, ce 22 août 2022, Rossen Hristov, le ministre de l’Energie de ce gouvernement de transition, a annoncé lors d’une conférence de presse que “des négociations avec Gazprom Export pour reprendre les livraisons du contrat actuel”, qui se termine fin décembre, “sont désormais inévitables”.
Il a indiqué que c’était la seule solution possible pour réduire les tarifs du gaz pour les entreprises en Bulgarie, et qu’il avait convoqué patronat et syndicats pour mettre en place ce changement. “Les négociations avec Gazprom seront difficiles”, a reconnu Rosen Hristov, tout en précisant que c’est le nouveau gouvernement qui reprendra la main sur cette question.