L’Afrique du Sud fait actuellement face à une crise énergétique de grande ampleur. Elle se traduit depuis presque deux mois par des coupures d’électricité récurrentes. Un problème qui arrive à la mauvaise période de l’année : le pays est actuellement en pleine saison hivernale. De quoi pousser le président sud-africain, Cyril Ramaphosa à annoncer un plan d’urgence énergétique.
Crise énergétique en Afrique du Sud : la dépendance au charbon coûte cher
80% de l’électricité de l’Afrique du Sud provient du charbon. Mais le parc des centrales à charbon est vieillissant. Et il peine désormais à couvrir les besoins nationaux. La situation énergétique de l’Afrique du Sud s’est encore aggravée à la fin du mois de juin dernier. Un mouvement de grève dans le secteur de l’énergie a considérablement réduit le fonctionnement des centrales à charbon.
Eskom, l’entreprise gestionnaire du service public d’électricité, a dû faire face en ayant recours à d’importants délestages. Dans certaines parties du pays, les particuliers ont été privés d’électricité pendant parfois six heures. Les coupures d’électricité ont également touché les entreprises du pays, dont la production souffre désormais de la pénurie d’électricité.
Eskom, gestionnaire de l’électricité, pointé du doigt
A l’heure où la crise énergétique s’installe dans la durée, de nombreuses voix s’élèvent pour critiquer la mauvaise stratégie du gestionnaire. En début d’année, un rapport sur la corruption d’état en Afrique du Sud avait déjà égratigné Eskom. Depuis le mois de juin, l’entreprise a pourtant tenté de compenser la faible production des centrales à charbon. Eskom a eu recours à des turbines de secours qui fonctionnent au diesel. Une opération d’urgence qui a coûté très cher à l’entreprise : 90,4 millions d’euros en approvisionnement de diesel pour le seul mois de juin.
Bientôt un 2e fournisseur d’électricité ?
Actuellement, c’est la société publique Eskom qui assure la fourniture d’électricité en Afrique du Sud. Mais ce monopole est désormais remis en cause. Le président Cyril Ramaphosa a lui-même ouvert la voie à la création d’un second opérateur.
« Eskom fonctionne en tant que monopole depuis plus de cent ans et le fait qu’une seule entreprise assume le rôle de fournir de l’énergie à tout le pays pose un grand risque. » Le président a précisé : « S’il échoue, son échec devient un échec particulier pour tout le pays. » Dans les faits, le parti du président, l’ANC, défend l’idée de créer un nouvel opérateur. Mais la classe politique n’a pas encore trouvé de consensus sur le sujet. D’après le président sud-africain, la mise en concurrence des opérateurs pourrait bénéficier aux consommateurs avec un prix de l’électricité plus attractif. Mais trop d’incertitudes demeurent autour des solutions pour sécuriser l’approvisionnement en électricité.
D’autres mesures pour la transition énergétique de l’Afrique du Sud
La crise actuelle remet sur la table des discussions l’urgence d’un plan pour la transition énergétique. Depuis le changement de pouvoir, en 2018, la transition énergétique est un sujet récurrent pour la politique publique. Mais un sujet qui n’avance pas. Le pays a sans arrêt repousser les échéances pour investir dans les énergies renouvelables. Alors qu’il bénéficie pourtant d’importantes ressources naturelles pour les déployer. Par ailleurs, l’AIE estimait, dans son rapport de 2019, que l’Afrique du Sud allait devoir faire face à une augmentation drastique de sa consommation électrique à l’avenir. La consommation d’électricité devrait tripler à l’horizon 2040.
Comment faire face ? Le président Cyril Ramaphosa vient d’annoncer, mardi 26 juillet, une série de mesures pour engager les changements urgents. Dans un premier temps, Eskom sera autorisé à acheter l’excédent d’électricité produite par les entreprises qui possèdent leurs propres générateurs. La présidence a aussi fait savoir qu’elle donnait son feu vert à des importations d’électricité depuis la Zambie et le Botswana.
Le gouvernement souhaite également remettre en chantier la création d’une filière d’énergie solaire. Enfin, il prendra dans les prochaines semaines des mesures incitatives pour encourager les investissements privés dans le secteur de l’énergie. A terme, il pourrait aussi envisager de se tourner vers le nucléaire, une source d’énergie qui n’a jamais fait consensus en Afrique du Sud.
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