Les États baltes mettent fin à leurs importations de gaz fossile russe - L'EnerGeek

Les États baltes mettent fin à leurs importations de gaz fossile russe

etats baltes mettent fin importations gaz fossile russe - L'Energeek

Pourtant encore largement dépendant en 2020 du gaz naturel russe, les trois États baltes (Lituanie, Lettonie, Estonie) ont mis fin à leurs importations venues de Moscou en ce début avril 2022, pour réagir aux crimes de guerre de l’armée russe. Cette transition a été rendue possible par un terminal de GNL et une unité de stockage de grande capacité, situés en Lituanie.

Les trois États baltes (Lituanie, Lettonie, Estonie) coupent le robinet du gaz fossile russe

L’annonce a été faite ce dimanche 3 avril 2022, par des responsables politiques lituaniens, vite relayés par leurs homologues lettons et estoniens : les trois États baltes (Lituanie, Lettonie, Estonie) ont cessé d’importer du gaz naturel russe. Uldis Bariss, le dirigeant de l’entreprise de stockage lettone, Conexus Baltic Grid, a ainsi confirmé que le gaz fossile russe « n’est plus acheminé vers la Lettonie, l’Estonie et la Lituanie depuis le 1er avril ».

Les dirigeants des trois pays ont pris cette décision pour réagir à la découverte de centaines de corps de civils, sommairement exécutés par l’armée russe dans des localités autour de Kiev, en Ukraine, en particulier à Boutcha.

Cette décision a été rendu possible par les choix énergétiques de la Lituanie, qui a décidé de briser sa dépendance au gaz russe. En 2015, le pays importait encore 100 % de son gaz naturel de Russie, l’année de la mise en service d’un terminal de GNL, baptisé « Indépendance », sur ses côtes, à Klaipėda.

Ce terminal a permis au pays de diversifier son approvisionnement en se fournissant auprès de pays exportant du GNL : en 2020, la part du gaz fossile russe n’était plus que de 41,8 % en Lituanie, contre encore 93 % en Estonie et 100 % en Lettonie.

Les États baltes peuvent également compter sur un immense réservoir de stockage de gaz naturel, installé en Lituanie, qui couvre 50 % des besoins annuels des trois pays. En parallèle, les pays baltes ont mis en place des interconnexions gazières avec la Finlande et la Pologne, pour sécuriser leur approvisionnement.

« Rompre les liens énergétiques avec l’agresseur »

Pour compléter ce changement de paradigme, les trois pays ont négocié de nouveaux contrats de fourniture de GNL sur les marchés mondiaux, et trois livraisons massives sont attendues dans le courant du mois d’avril, qui devraient permettre de remplir intégralement le réservoir de gaz en Lituanie. Les trois voisins ont enfin décidé de lier leurs destins énergétiques, en se partageant les bénéfices des infrastructures lituaniennes.

Le ministre lituanien de l’Énergie, Dainius Kreivys, a fièrement déclaré : « nous sommes le premier État membre de l’UE parmi les pays se fournissant chez Gazprom à devenir indépendant des approvisionnements en gaz russe, et c’est le résultat d’une politique énergétique cohérente sur plusieurs années et de décisions opportunes en matière d’infrastructures ».

Le président lituanien, Gitanas Nausėda, lui a emboîté le pas en indiquant : « Il y a des années, mon pays a pris des décisions qui nous permettent aujourd’hui, sans peine, de rompre les liens énergétiques avec l’agresseur. Si nous pouvons le faire, le reste de l’Europe peut le faire aussi ! ».

La ministre de la Défense allemande, Christine Lambrecht, a d’ailleurs demandé, ce 3 avril 2022, à l’Union Européenne d’ouvrir le débat sur un éventuel embargo sur le gaz russe, en réaction aux « atrocités » commises par l’armée russe. Une voie toutefois difficile à emprunter pour les plus gros importateurs de gaz fossile russe de l’Union Européenne, Allemagne en tête.

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • La mise en place de droits de douanes sur les importations énergétiques russes plus efficace qu’un embargo strict

    Mettre fin aux importations d’énergie (gaz, pétrole, charbon) en provenance de Russie serait économiquement supportable pour la France et l’Union européenne, selon une équipe de professeurs d’économie, entres autres d’Ucla et de la London School of Economics, dans une étude et des modélisations publiées sous l’égide du Conseil d’analyse économique, organisme chargé de conseiller le gouvernement français.

    Elle démontre en particulier l’efficacité qu’aurait la mise en place de droits de douanes élevés sur les importations d’énergie.

    Un embargo sur les importations d’énergie aurait “un impact relativement faible” sur les économies européennes, avec une perte de PIB entre 0,2 et 0,3% en moyenne, “soit 100 euros par Européen adulte”.

    Certains États seraient toutefois beaucoup plus pénalisés, comme la Lituanie, la Bulgarie, la Slovaquie, la Finlande ou la République Tchèque, et auraient besoin d’une “solidarité européenne”.

    La France, à l’exposition moindre aux importations de pétrole, de charbon et surtout de gaz, serait moins pénalisée, avec une perte de PIB estimée entre 0,15 et 0,3% en fonction de sa capacité à trouver des alternatives aux produits actuellement achetés à la Russie.

    Pour l’Allemagne la mise en place d’un embargo entraînerait une perte de PIB évaluée entre 0,3 et 3%, un niveau que les auteurs de l’étude jugent “globalement modéré et qui peut être absorbé”.

    Toutefois, la mise en place de droits de douanes sur les importations énergétiques russes, par exemple de 40%, serait “plus efficace qu’un embargo strict”. Elle entraînerait une “réduction très forte des importations”, d’environ 80%, tout en réduisant “fortement”, en les divisant par 3 ou 4, les pertes économiques des pays les plus dépendants de la Russie.

    Pour arriver à ces conclusions, ils ont considéré la part de pétrole, gaz et charbon russes consommés par les différents pays, puis ont estimé la quantité que ces pays pourraient remplacer par d’autres sources d’énergie ou fournisseurs, s’appuyant notamment sur les évaluations de l’Agence internationale de l’énergie.

    Enfin, ils ont évalué l’impact de la quantité résiduelle d’énergie provenant de Russie que les pays ne pourraient pas remplacer à court terme sur leur activité économique.

    Toutefois, les auteurs précisent qu'”il est important qu’un ensemble de mesures macroéconomiques soient mises en place pour éviter une amplification du choc” énergétique, citant la politique monétaire et des mesures budgétaires ciblées sur les secteurs et ménages les plus pénalisés par la hausse des prix du gaz qu’un embargo ou des droits de douanes entraîneraient.

    A noter que cette étude “économique” ne prend pas intégralement en compte “les nombreuses solutions et approches technologiques et d’efficacité énergétique disponibles”, de même qu’une “stratégie européenne commune”, incluant entre autres “l’optimisation et la complémentarité des différents réseaux d’énergie actuels et stockages” qui permettent une transition encore plus efficiente, économique et rapide en même temps qu’un renforcement de l’Europe

    https://www.cae-eco.fr/the-economic-consequences-of-a-stop-of-energy-imports-from-russia

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