Un sondage, paru ce 1er avril 2022, révèle que, pour la première fois depuis la catastrophe de Fukushima en 2011, une majorité de la population du Japon est favorable à une relance de la filière nucléaire, et notamment au redémarrage des réacteurs à l’arrêt. Un virage amorcé par la nécessaire lutte contre le changement climatique, et renforcé par l’actuelle flambée des prix des hydrocarbures, en particulier du GNL, dont le Japon est le premier exportateur mondial.
53 % de la population japonaise favorable au redémarrage des réacteurs nucléaires à l’arrêt
Un véritable changement de paradigme ? Ce 1er avril 2022, le principal journal économique du Japon a publié un sondage sur le nucléaire dans l’archipel et, pour la première fois depuis la catastrophe de Fukushima en 2011, une courte majorité de la population (53%) se dit favorable à un redémarrage des réacteurs nucléaires opérationnels, mais à l’arrêt, du pays. L’enquête révèle par ailleurs que 38 % des sondé sont opposés à ce redémarrage.
En septembre 2021, seuls 44 % des Japonais étaient favorables à cette mesure : la flambée des prix de l’énergies sur le marché mondial, en particulier le gaz naturel et le GNL (dont le Japon est le premier importateur mondial) explique probablement cette bascule. La situation énergétique du Japon est particulièrement tendue, et les risques de coupures de courant sont actuellement réelles, notamment dans la région de Tokyo.
Suite à la catastrophe de Fukushima, le gouvernement japonais a d’abord décidé la fermeture des 54 réacteurs nucléaires du pays, pour des raisons de sécurité. Dans un second temps, les autorités ont autorisé le redémarrage de certains réacteurs, uniquement ceux qui respectaient un cahier des charges drastiques, et n’ayant pas dépassé les 40 ans de durée d’utilisation. Un redémarrage progressif, réacteur par réacteur.
Le Japon veut s’appuyer sur le nucléaire pour sa transition énergétique
En 2018, alors que le pays n’avait redémarré que 6 réacteurs sur les 33 respectant le cahier des charges de 2011, le gouvernement japonais annonçait sa volonté de relancer la filière nucléaire japonaise, en redémarrant un maximum de réacteurs, et en en construisant de nouveaux, pour porter la part du nucléaire entre 20 et 22 % du mix énergétique en 2050. A titre de comparaison, l’atome produisait 30 % de l’électricité japonaise en 2011, et seulement 6,2 % en 2019.
Cette relance correspondait à une volonté à réduire les émissions carbone du secteur de l’électricité au Japon, qui avaient explosé suite au recours massif, après 2011, aux centrales au gaz et au charbon.
En juin 2021, un nouveau verrou idéologique a sauté : le pays a redémarré le réacteur 3 de la centrale nucléaire de Mihama, âgé de plus 40 ans mais respectant encore toutes les normes de sécurité les plus contraignantes, ouvrant la voie à un possible redémarrage de masse, pouvant concerner jusqu’à 33 réacteurs.
Actuellement, le Japon compte dix réacteurs nucléaires en service, et trois en construction. En octobre 2021, le premier ministre japonais Fumio Kishida a jugé « crucial » de « redémarrer les centrales nucléaires » pour permettre au Japon, sixième émetteur mondial de CO2, de remplir ses objectifs climatiques et de réduire sa dépendance énergétique.
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