Pour la première fois depuis 2011 et la catastrophe de Fukushima, le Japon a remis en service un réacteur nucléaire de la centrale de Mihama. Ce réacteur, vieux de plus de quarante ans, a bénéficié de l’aval des autorités japonaises. Alors que le pays ambitionne d’atteindre la neutralité carbone en 2050, le gouvernement souhaite relancer la filière nucléaire face à une opinion publique fortement divisée sur le sujet.
Feu vert pour le réacteur nucléaire de Mihama
Ce n’est pas vraiment une surprise. Mercredi 23 juin, le réacteur numéro de 3 de la centrale nucléaire de Mihama, au Japon, a redémarré pour la première fois depuis dix ans. Quelques jours seulement après la catastrophe de Fukushima, en 2011, le réacteur avait été stoppé. L’état japonais avait alors pris la décision de stopper les réacteurs nucléaires les plus anciens, ceux qui dépassaient la limite des 40 ans d’exploitation. La mesure de sécurité répondait alors aux attentes de l’opinion publique japonaise. Mais en freinant sa filière nucléaire, le pays s’est coupé d’une part importante de ses ressources énergétiques.
Depuis, les discussions sont allées bon train entre Kansai Electrice Power Co. et les autorités japonaises. L’entreprise privée est le principal fournisseur d’électricité pour la région du Kansai. Elle alimente notamment la mégalopole formée par Kyoto, Osaka et Kobe. Et elle travaille depuis plusieurs années à la remise en service de certains de ses réacteurs. En 2016, elle a obtenu l’accord de l’Autorité de Sûreté Nucléaire pour redémarrer le réacteur n°3 de la centrale de Mihama. L’année dernière, à l’été 2020, ce sont les autorités japonaises qui ont donné le feu vert décisif. Le redémarrage du réacteur, ce mois-ci, est donc l’aboutissement d’un projet au long cours.
Où en est la filière nucléaire au Japon ?
Ce redémarrage est aussi un signal fort envoyé à la filière nucléaire japonaise. Il s’agit du premier réacteur de plus de quarante ans à décrocher son autorisation de redémarrage depuis 2011. Et d’autres réacteurs pourraient prochainement bénéficier du même feu vert.
Pour rappel, le Japon compte encore 39 réacteurs nucléaires opérationnels. Avec le réacteur de Mihama, ils sont désormais 9 en fonctionnement. Parmi les 20 réacteurs stoppés depuis dix ans, d’autres pourraient redémarrer grâce à l’intervention du gouvernement japonais. En 2019, ce sont pas moins de 12 réacteurs nucléaires qui ont fait l’objet d’un grand programme d’expertise pour envisager un potentiel redémarrage. Par ailleurs, même si la durée limite d’exploitation d’un réacteur nucléaire est fixée à 40 ans au Japon, le gouvernement ménage la possibilité d’une prolongation de 20 ans si les conditions de sécurité sont respectées.
Plan de relance du parc nucléaire au Japon
Alors va-t-on assister à une renaissance du parc nucléaire japonais ? Entre 2011 et 2015, l’ensemble des réacteurs nucléaires du Japon étaient stoppés. Le redémarrage de la filière nucléaire prend du temps et avance très lentement. Une lenteur dénoncée par les principaux acteurs du secteur de l’énergie. Mais le gouvernement japonais fait face à une hostilité de la part de la population envers le nucléaire. L’état compte venir à bout des réticences de la population en progressant en douceur sur le dossier. Depuis 2015, 13 réacteurs nucléaires ont redémarré au Japon. Et une douzaine d’autres pourraient redémarrer d’ici 2025.
Le gouvernement japonais compte notamment sur son objectif de neutralité carbone pour faire évoluer l’opinion publique. Dans un pays qui a longtemps eu la culture de l’atome, le pari peut s’avérer payant. Le Japon ambition de devenir neutre en carbone en 2050. Or la production d’électricité nucléaire pourrait grandement contribuer à atteindre cet objectif. En 2010, le pays était encore le troisième producteur d’électricité nucléaire dans le monde. Le coup d’arrêt porté au nucléaire « a rendu le Japon plus dépendant des combustibles fossiles » d’après le rapport de l’AIE de mars 2021. De fait, le Japon tire 31,5% de son électricité du charbon, et 35% du gaz naturel. Une situation qui rend le Japon trop dépendant de ses importations de charbon et de gaz. Et les énergies renouvelables ne progressent pas assez vite pour assurer la baisse de l’empreinte carbone du pays. Le défi du nucléaire décidera donc de l’avenir énergétique du Japon.
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