Les objectifs d’électricité renouvelables de la France pour 2023 seront-ils atteints ? A l’heure où la question de l’indépendance énergétique est plus sensible que jamais, le Baromètre 2021 de l’énergie renouvelable électrique en France apporte des réponses. Le rapport fait le point sur les avancées des différentes ressources d’énergie. Et la situation est particulièrement contrastée selon les filières.
L’hydraulique : une filière modèle qui s’interroge sur son avenir
Si la filière hydraulique reste la première source de production électricité renouvelable du mix tricolore, des interrogations se posent sur son évolution. « Le segment des grands barrages n’offre pratiquement plus de possibilité d’accroissement sur le territoire car tous les sites exploitables ont été équipés au cours du siècle dernier. ». De plus, « ces infrastructures […] impliquent des impacts environnementaux. » Pour le baromètre 2021, le contexte de forte volatilité des prix du marché de l’électricité et le recul du soutien financier de l’état ne favorisent pas de nouveaux projets hydrauliques en France.
Mais la situation est différente sur le segment de la petite hydraulique. Son potentiel est estimé à 11,7 TWh de production supplémentaire. Reste le problème de la protection des sites naturels. Et pour l’instant la filière de la petite hydraulique peine à susciter l’enthousiasme.
Inquiétudes sur l’éolien terrestre
L’éolien terrestre, en particulier, est « de plus en plus en retard » sur sa trajectoire de développement. La filière affiche 18 544 MW de puissance installée sur la fin d’année 2021. Or, elle doit atteindre 24 100 MW fin 2023. Pour tenir les engagements de la PPE, la filière de l’éolien terrestre aurait dû afficher un rythme de déploiement de 2 GW chaque année depuis 2019.
Comment inverser la tendance ? Le baromètre identifie plusieurs points de friction qui freinent le développement des installations éoliennes en France. Les obstacles administratifs et l’opposition des riverains aux projets sont un point crucial. Mais les porteurs de projets d’éolien terrestre se heurtent aussi à des contraintes spatiales qui limitent les possibilités d’installation.
Le baromètre 2021 des énergies renouvelables anticipe la réussite du solaire en France
Du côté du photovoltaïque en revanche, les chiffres sont au beau fixe. « Pour la première fois de son histoire, la filière française va dépasser les 2 GW de puissance unitaire supplémentaire raccordée en une année. » Le baromètre 2021 des énergies renouvelables constate cette nouvelle dynamique en France. Ce sont notamment les installations de très grande taille (1 MW et plus) qui favorisent cette progression plus rapide que prévu. Et l’enjeu, dans les années à venir, sera pour la filière de se mobiliser sur d’autres types de projets pour maintenir son rythme de progression annuel.
Biomasse et méthanisation
Avec déjà 784,31 MW de puissance installée fin 2021, la filière de la biomasse solide devrait sereinement atteindre son objectif de 800 MW à l’horizon 2023. Le baromètre 2021 souligne toutefois l’inquiétude du secteur quant à l’avenir de la filière après 2023. L’actuelle PPE ne prévoit en effet aucun nouvel appel d’offres.
De son côté, la filière de la méthanisation fait figure de bon élève. Fin septembre 2021, elle affichait déjà 272 MW de puissance installée. Alors que son objectif 2023 est de 270 MW. Mais comme le rappelle le baromètre, « l’objectif est déjà atteint car il n’était pas très ambitieux ».
Désormais, l’enjeu de la filière se situe sur les usages et les modalités de son développement. « La montée en puissance de la biométhanisation au détriment de la valorisation électrique est une contrainte pour la filière. »
Les énergies marines : éolien offshore et énergie houlomotrice cherchent leur place
L’éolien offshore va encore devoir surmonter beaucoup d’obstacles. Mais la filière connait enfin une accélération des projets, et elle est en passe de se structurer sur le plan industriel. Avec Saint-Nazaire, Fécamp et Saint-Brieuc, la France compte désormais trois chantiers de parcs éoliens offshore. En parallèle, neuf projets d’éolien en mer posé sont actuellement à l’étude.
Le baromètre constate aussi que la filière de l’hydrolien connait un rebond. « La France dispose des courants marins parmi les plus forts au monde. La ressource est estimée à 3,5 GW de puissance installée ». Des tests avec des hydroliennes marines ont déjà été effectués. Et de nouveaux projets se montent actuellement. On observe le même élan en ce qui concerne les projets houlomoteurs. La filière teste de nouveaux prototypes, des technologies jugées « prometteuses ». Ce regain d’intérêt s’explique par les investissements qui repartent à la hausse dans le domaine des énergies marines. En 2020, la France a investi 833 millions d’euros, soit 173% de plus qu’en 2019. Et au niveau européen, l’UE s’est également engagée, depuis novembre 2020, dans une stratégie ambitieuse pour développer les énergies océaniques et l’éolien offshore.
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