Ce lundi 1er février 2021, la Chine a inauguré son marché national du carbone, qui concernera dans un premier temps uniquement la production d’électricité. Même limité à ce secteur, il s’agit du plus grand marché du carbone au monde, car 60% de l’électricité chinoise est issue de centrales au charbon.
Pour atteindre ses objectifs climatiques, la Chine se dote d’un marché national du carbone
La Chine s’est fixé en 2020 l’objectif d’atteindre la neutralité carbone pour 2060 : cette feuille de route est particulièrement ambitieuse, car le pays demeure le premier émetteur de gaz à effet de serre de la planète (environ 25% du total mondial) et, malgré une politique volontariste en faveur des renouvelables, la croissance économique du pays est telle que ces émissions continuent d’augmenter.
Pour autant, la Chine adapte progressivement son cadre réglementaire à la lutte contre le changement climatique. Ainsi, ce lundi 1er février 2021, le pays a inauguré son premier marché national du carbone, une suite logique des expérimentations régionales menées depuis 2017. Certes, ce marché est limité au secteur de l’électricité. Mais, avec 60% de la production réalisée avec des centrales au charbon, l’électricité représente un tiers des émissions de CO2 de la Chine.
A partir d’aujourd’hui, les entreprises chinoises se verront imposer des limites à leurs émissions carbone. Pour pouvoir les dépasser, elles devront acheter des droits à émettre, sur ce marché national du carbone. Ce dernier deviendra en volumes le premier de ce type au niveau mondial, devant celui de l’Union Européenne (inauguré en 2005), qui couvre pourtant plus de secteurs (énergie, industrie, transport aérien).
Les quotas gratuits et le prix de la tonne de CO2, enjeux-clés
Reste à connaître les détails du fonctionnement de ce marché, notamment ses deux variables-clés : les quotas gratuits et le prix de la tonne de carbone. Pour que ce mécanisme soit efficace, il faut en effet que les entreprises ne disposent pas de trop de droit à émettre gratuits. Le marché européen du carbone a ainsi été fortement critiqué pour des volumes de quotas gratuits trop élevés pour être vraiment incitatif.
Mais c’est sans doute le prix de la tonne de carbone qui aura l’impact le plus immédiat sur la politique d’investissement des entreprises concernées. Au moment des premières expérimentations, en 2017, le prix de la tonnes de CO2 était limité à 3 ou 4 euros. Aujourd’hui, les analystes estiment qu’un prix supérieur à 10 euros la tonne est nécessaire : c’est le seuil qui rendrait rentable l’arrêt d’une centrale au charbon pour la remplacer par une centrale au gaz naturel.
Autre exigence, pour que ce dispositif fonctionne : une forme de transparence. « Pour que le système soit efficace, il faut aussi qu’il permette plus de transparence, c’est-à-dire que les données sur la pollution de chaque site soient rendues publiques, comme cela est le cas en Europe, afin de mesurer les résultats de cette politique », juge ainsi Benoît Leguet, directeur d’I4CE, Institut de l’économie pour le climat.
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