Le 16 juillet dernier, l’Assemblée Nationale a publié son rapport parlementaire sur l’agriculture et la transition énergétique. Il s’agissait plus particulièrement de dresser le constat des défis qui attendent le monde agricole en matière de production d’énergie. On le sait peu, pourtant, l’agriculture française participe à hauteur de 20% dans la production d’ENR sur le territoire. Et cette part devrait encore augmenter dans les prochaines années.
En matière de transition énergétique, l’agriculture française a une longueur d’avance sur les autres secteurs d’activité. C’est le premier constat qu’on peut tirer du rapport déposé, le 16 juillet dernier, par le député Jean-Luc Fugit et le sénateur Roland Courteau. Leur mission parlementaire portait sur « L’Agriculture face au défi de la production d’énergie ». On pointe souvent du doigt la dimension polluante de l’activité agricole. En effet, l’agriculture est responsable d’environ 20% des émissions totales de gaz à effet de serre.
Pourtant, le secteur a déjà amorcé sa transition énergétique. Il tend même vers la sobriété énergétique. Le rapport observe que le secteur agricole consomme environ 4,5 Mtep d’énergie par an, en France. C’est moins de 3% de la consommation finale d’énergie nationale. Comme les auteurs le soulignent : « Un tel chiffre […] est raisonnable si on le compare à d’autres secteurs. »
Transition énergétique : l’agriculture fournit 20% de la production d’ENR
Encore mieux : non seulement l’agriculture consomme peu d’énergie, mais elle produit des énergies renouvelables. En 2019, le secteur agricole a représenté à lui seul 20% de la production d’énergies renouvelables françaises. Une performance qui s’explique par le développement de la production de biocarburants au sein des exploitations. 50 000 exploitations produisent 96% du total des biocarburants produits dans l’Hexagone.
La mise à disposition de surfaces agricoles pour le développement de parcs éoliens renforce encore la position de l’agriculture dans le secteur des ENR. Le monde agricole représente 83% de la production d’énergie éolienne en France. L’agriculture française produit également 13% de l’énergie solaire nationale, et 26% du biogaz produit en France. Mais le secteur agricole a aussi investi dans d’autres énergies renouvelables comme les pompes à chaleur, le solaire thermique ou encore la biomasse chaleur.
Un avenir radieux pour les bioénergies du secteur agricole
Le rapport rappelle qu’il ne faut pas oublier de distinguer les bioénergies (les biocarburants et la méthanisation, dont la production dépend de la production agricole) avec les énergies renouvelables indépendantes (le solaire et l’éolien, qui peuvent engendrer des conflits d’usages de terres). En manière de bioénergies, la marge de progression est encore très grande. L’ADEME estime même qu’à l’horizon 2050, les bioénergies pourront couvrir 100% de la consommation d’énergie directe de l’agriculture.
Actuellement, elles ne couvrent que 50%. Pour cela, il faut que le monde agricole parvienne à tripler sa production d’énergies renouvelables. Pour y parvenir, le premier levier de développement est simple : mobiliser l’ensemble des exploitations agricoles, et non plus seulement 50 000. La démultiplication des unités de production devrait mécaniquement assurer la croissance de production d’ENR souhaitée.
L’agrivoltaïsme : une opportunité de plus
Jusqu’à présent, les pouvoirs publics français étaient surtout partisans de développer l’énergie photovoltaïque sur du bâti. Les hangars, bergeries, entrepôts agricoles et les serres accueillent à elles seuls un tiers des panneaux solaires déployés dans des exploitations agricoles. Le but : réduire le plus possible le risque de conflit d’usage entre des terres agricoles et des parcs photovoltaïques. Mais l’agrivoltaïsme ouvre de nouvelles perspectives.
Pour les rapporteurs, « L’Agrivoltaïque dynamique ouvre une voie très prometteuse en conciliant production agricole et production d’énergie renouvelable. » Comment ça marche ? Il s’agit de déployer des panneaux photovoltaïques en hauteur au-dessus des terres agricoles. Ces panneaux sont orientables, pour optimiser la captation solaire. Ils n’empiètent pas sur les surfaces cultivables. Autre avantage : le déploiement des panneaux peut aussi protéger les cultures de certains risques climatiques, notamment la grêle et la canicule. Un argument supplémentaire pour séduire les cultivateurs. Chaque année, le dérèglement climatique impacte leurs revenus en détruisant une partie de leurs cultures.
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