Agriculture et méthanisation : un déploiement trop lent selon l’Ademe

Agriculture et méthanisation : un déploiement trop lent selon l’Ademe

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Alors que le monde agricole représente un potentiel de développement prometteur pour les énergies renouvelables et la transition énergétique dans son ensemble, la production de gaz vert par méthanisation y reste encore peu développée malgré des synergies évidentes. Présent lors du salon de l’élevage organisé à Rennes mardi 11 septembre 2018, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et son directeur régional Gilles Petitjean ont rappelé tous les bienfaits du gaz renouvelable et l’importance de miser sur cette source d’énergie dans les années à venir pour les exploitations agricoles françaises.

Fourniture de biomasse pour les biocarburants ou la production de chaleur, méthanisation, mise à disposition de surfaces pour les éoliennes ou les panneaux photovoltaïques, ou production/récupération de chaleur (géothermie ou solaire thermique), les débouchés pour les énergies propres dans le monde agricole sont nombreux mais relativement peu développés à ce jour. La méthanisation par exemple présente de nombreux atouts. Elle permet de produire du gaz (à partir de la fermentation de résidus de l’agriculture ou de déchets ménagers notamment) qui peut être ensuite injecté dans le réseau gazier, brûlé pour produire de l’électricité ou stocké, et offre aux agriculteurs une source de revenus supplémentaires.

Une filière méthanisation qui tourne au ralenti

Problème, si la production française de biométhane a presque doublé depuis 2016 pour atteindre aujourd’hui 408 gigawattheures (contre 215 GWh en 2016), la filière reste encore loin de l’objectif intermédiaire fixé pour 2018 à 1,7 TWh. Au total, seulement 500 unités de méthanisation sont en activité en France, dont 80% sont d’origine agricole, les autres étant le fait, par exemple, de collectivités ou d’usines, en particulier dans l’agro-alimentaire. Des chiffres insuffisants pour l’Ademe qui rappelait mardi 11 septembre 2018 les objectifs fixés à l’origine par le gouvernement. « Il s’agit d’un développement très modeste par rapport aux objectifs de (l’ancien ministre de l’Agriculture) Stéphane Le Foll et par rapport à ce qui se fait dans d’autres pays européens », a expliqué Gilles Petitjean, directeur de l’Ademe Bretagne.

Pour rappel, M. Le Foll et la ministre de l’Ecologie de l’époque, Delphine Batho, avait lancé en 2013 le plan « Énergie Méthanisation Autonomie Azote » (EMAA) dont l’objectif était d’atteindre « 1.000 méthaniseurs à la ferme en 2020 », avec le double objectif de réduire les engrais chimiques en les remplaçant par l’azote issu des effluents d’élevage et de développer les énergies renouvelables dans le cadre de la transition énergétique. Face à l’échec de cette première tentative, le ministère de la Transition écologique a constitué en début d’année un groupe de travail dédié et annoncé en mars 2018 une série de mesures visant à accélérer le développement de cette filière.

Crédits photo : Dirk Schmidt

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • Comment mieux financer et développer la filière biogaz (en France et à l’international) tout en le valorisant mieux. Parmi les méthodes :

    L’électrométhanogenèse (ME) permet la production de méthane par conversion biologique directe du courant électrique et du dioxyde de carbone et ce à bas coût.

    Une efficacité de capture de 96% est obtenue en utilisant un courant de 1,0 V. Le ME peut donc devenir une technologie de stockage à grande échelle et hautement efficace pour l’excès d’énergie éolienne et solaire et en même temps permettre de valoriser le C02 perdu (30 à 40%) du biogaz, ce qui constitue un gain très important pour les producteurs de biogaz, les unités de traitement des eaux, de décharges etc

    Le ME a le potentiel de réduire les coûts de traitement du biogaz, tout en doublant presque la quantité de cette énergie renouvelable facile à stocker et en réduisant les émissions de dioxyde de carbone. Cela peut faire une grande différence pour les producteurs de biogaz à petite échelle dont les agriculteurs.

    Il y a plusieurs gagnants à la fois puisque l’on utilise pleinement l’électricité renouvelable excédentaire éventuellement perdue et le gaz naturel renouvelable est rendu moins coûteux et plus abondant.

    Et au plan français et plus encore mondial c’est considérable. Pour mémoire les torchères de gaz c’est 5% de perte du gaz naturel et c’est énorme, mais là c’est environ 40% de la production mondiale de biogaz !

    Parmi d’autres Southern California Gas Co (SoCalGas) développe davantage les technologies de production d’électricité, qui stockent l’électricité renouvelable excédentaire en tant que gaz renouvelable plutôt que dans les batteries classiques.

    Deux avantages distincts par rapport aux batteries: des quantités d’électricité quasi illimitées peuvent être facilement stockées sur de très longues périodes et peuvent être stockées et utilisées avec les infrastructures existantes.

    En coopération avec les Labos national Lawrence Livermore (LLNL) et Spormann de la Stanford School of Engineering Socalgas est en train de concevoir des réacteurs efficaces et évolutifs qu’elle compte déployer à grande échelle et qui permettent à la fois une valorisation économique du biogaz et du stockage de l’électricité renouvelable sous forme de méthane.

    Les électrodes sont à bas coût en aérogel de carbone imprimées en 3D par LLNL.

    En Californie Lawrence Berkley National Lab estime que la capture du méthane et du dioxyde de carbone des exploitations agricoles, des usines de traitement des eaux usées et des décharges, puis leur livraison par les pipelines existants constituent une option rentable pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. La Californie pourrait réaliser les mêmes réductions de gaz à effet de serre que l’électrification des bâtiments à un coût beaucoup plus faible en remplaçant une fraction seulement du gaz naturel fourni par ses pipelines par du gaz naturel renouvelable.

    L’Université de Californie à Davis estime quant à elle que les besoins en gaz naturel d’environ 2,4 millions de foyers californiens pourraient être alimentés par du gaz naturel renouvelable dérivé des déchets organiques existants de l’État. 60% du carburant utilisé dans les véhicules au gaz naturel en Californie est déjà renouvelable et SoCalGas prévoit que ce pourcentage atteindra 90% d’ici 2019.

    Les travaux seront achevés mi-2020.

    https://www.gasworld.com/socalgas-co-funds-power-to-gas-research-/2015196.article

    On peut citer parmi pas mal d’autres aussi sur ces sujets et qui ont déjà des unités en fonction Cambrian Innovation, Eletrochaea en Allemagne qui se déploie au Danemark etc

    Au lieu d’aller vite comme le lièvre mieux vaut aller plus efficacement comme la tortue !

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