Un récent rapport de la Cour des Comptes, publié ce 9 juillet 2020, prend position sur la question des futurs EPR dont la France pourrait se doter. Si la décision ne doit être prise qu’en 2023, la Cour doute de la rentabilité d’un tel choix énergétique. Tout en précisant que d’autres considérations que financières pourraient toutefois justifier une telle décision.
La Cour des Comptes questionne la rentabilité des EPR en France
Ce 9 juillet 2020, la Cour des Comptes s’est montré assez critique, dans un rapport, sur la question de l’éventuelle construction de six EPR, ces réacteurs nucléaires de troisième génération, en France. La décision de construire ou non ces réacteurs ne sera prise qu’après la mise en service de l’EPR de Flamanville, soit pas avant 2023, donc après la prochaine présidentielle. La dernière PPE a confirmé ce calendrier.
EDF doit présenter, en 2021, un rapport détaillé sur la question des EPR et du nucléaire, mais aussi, plus globalement, différents scénarios d’approvisionnement électrique en France à horizon 2050, dont un « 100% renouvelable ». Mais la Cour des Comptes a préféré prendre les devants, et mettre en garde sur les risques de dépassements budgétaires et de calendrier.
La Cour réclame donc, avant toute décision, « un exercice de retour d’expérience complet sur tous les EPR construits ou en construction en France et à l’étranger ». En effet, selon le nouveau président de la Cour, Pierre Moscovici, cette décision de construire six EPR « aurait des conséquences jusqu’au XXIIe siècle, ce choix doit être fait les yeux grands ouverts ».
La Cour estime notamment que le coût annoncé par EDF de 46 milliards d’euros pour un couple d’EPR nouvelle génération est sous évalué : « ce coût ne représente pas le coût complet d’investissement à terminaison des réacteurs, puisqu’il n’intègre notamment ni les coûts de financement ni les charges fiscales à supporter avant la mise en service ».
Quel place pour le nucléaire dans le mix électrique français ?
La Cour souligne d’ailleurs que l’EPR de Flamanville a pris beaucoup de retard et a vu son budget multiplié par trois par rapport aux prévisions. Elle estime donc le coût total de l’électricité produite par le réacteur entre 110 et 120 euros le MWh, soit deux fois le tarif des éoliennes en mer qui seront installées au large de Dunkerque.
« La charge ainsi transférée au consommateur ou au contribuable ne trouverait sa justification que si l’électricité produite par les nouveaux réacteurs […] s’avérait suffisamment compétitive vis-à-vis des autres modes de production d’électricité, renouvelables en particulier, ou si d’autres considérations justifiaient le maintien du nucléaire dans le mix électrique », conclue le rapport.
La Cour des Comptes reste donc dans une logique strictement financière, et c’est son rôle. Pour autant, le nucléaire dispose d’un avantage considérable : c’est une technologie qui n’émet pas de gaz à effet de serre et qui est pilotable. Son maintien peut être indispensable à la sécurisation de l’approvisionnement électrique, en fonction du calendrier de déploiement à grande échelle des solutions de pilotage de la consommation et de stockage. Au-delà du bassin d’emploi qu’il représente, le nucléaire peut avoir un rôle à jouer, au moins transitoire, dans la transition énergétique.
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