Contrairement à un marché des chaudières en berne, celui des pompes à chaleur a connu un bond historique en 2019. Perçues comme une solution efficace face au réchauffement climatique, ces appareils moins énergivores que les systèmes de chauffage au gaz et au fioul bénéficient de plusieurs dispositifs d’aide de l’État.
Longtemps plébiscitées par le secteur du bâtiment, les chaudières à énergie fossiles, qui équipent plus de 60 % des ménages français, constituaient encore récemment la norme pour les nouveaux équipements. Mais transition énergétique et urgence climatique obligent, cette époque serait en passe d’être révolue, à en croire la tendance constatée en 2019. Alors que le marché est resté relativement stable avec 6,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires, Uniclima a annoncé une baisse de près de 10 % des ventes de chaudières au fioul et au gaz, passées de 660 000 à 598 000 unités l’an dernier. Dans son dossier de presse sur le bilan annuel du secteur, le syndicat des industriels du chauffage, de la climatisation et des équipements frigorifiques souligne la chute brutale des chaudières classiques, qui ont enregistré 29 % de transaction de moins qu’en 2018. Tandis que les modèles solaires thermiques ont accusé, plus étonnamment, une baisse de 15 % sur la surface totale installée, les autres systèmes de chauffage affichent, à l’inverse, une croissance à deux chiffres. Comme les chaudières à biomasse, en hausse de 60 %, les pompes à chaleur (PAC) sortent grandes gagnantes de l’année 2019 avec des niveaux de ventes historiques. En 2019, les modèles hybrides (gaz et électricité) ont certes progressé de 50 % pour atteindre le modeste total de 4 300 transactions. Mais l’explosion des PAC s’explique surtout par l’augmentation de 83 % des ventes des modèles air-eau, qui se sont écoulés à 176 220 unités, mais aussi par l’augmentation de 27 % des PAC air-air (728 433), de 13 % des chauffe-eau thermodynamiques (116 929) et de 9 % des PAC géothermiques (2 582).
L’effet amplificateur des aides de l’État
Selon Uniclima, ces résultats sont la conséquence de plusieurs facteurs, et notamment des mesures gouvernementales favorisant les équipements fonctionnant à l’électricité plutôt qu’aux énergies fossiles. Pour son parc immobilier, l’État français a en effet banni de ses systèmes de chauffage le fioul, qui alimente encore près de 3 millions de foyers. « L’évolution des ventes de chaudières à condensation (gaz et fioul) a pour cause la faiblesse du marché du logement neuf et en particulier le logement collectif d’une part, et d’autre part les attaques contre le fioul [ainsi que] la fin du dispositif de crédit d’impôt pour les chaudières gaz à condensation », commente Uniclima dans son dossier de presse. À l’inverse, la percée historique des pompes à chaleur s’explique notamment par l’instauration de dispositifs de soutien aux énergies bas carbone, comme les primes « coup de pouce » au chauffage ou les « offres à 1 euro », financées par les certificats d’économie d’énergie (CEE). « Le marché des PAC air/eau est celui qui bénéficie le plus des aides mises en place et cela s’est traduit par un engouement pour ces produits », confirme l’organisation aux 87 adhérents. Face à cet engouement, l’entretien des pompes à chaleur pourrait prochainement devenir obligatoire, alors qu’il était simplement recommandé jusque-là. Mais cet encadrement ne devrait pas freiner l’élan des PAC, qui s’intègrent pleinement dans l’arsenal juridique pour décarboner le secteur du bâtiment.
Pompes à chaleur : économies à tous les étages
Les pompes à chaleur devraient notamment bénéficier de l’entrée en vigueur au 1er janvier 2021 de la future RE2020. Cette réglementation environnementale, actuellement en phase de simulation, vise tout particulièrement à réduire les émissions de gaz à effet de serre des constructions neuves. Elle intègre ainsi un nouveau coefficient d’énergie primaire (2,3 contre 2,58 actuellement) ainsi que le concept de confort d’été, deux mesures favorables aux systèmes fonctionnant à l’électricité plutôt qu’aux énergies fossiles. Contrairement aux chaudières au gaz et au fioul, les pompes à chaleur sont très économes en énergie et émettent beaucoup moins de CO2. Leur principe de fonctionnement est en effet complètement différent : capter les calories présentes à l’extérieur d’un bâtiment ‒ dans l’air, l’eau ou la couche terrestre ‒ et les convertir en énergie pour chauffer ou rafraichir l’intérieur, après transformation électrique. En fonction du type de modèle, cette technologie permet de produire trois à cinq fois plus d’énergie qu’elle n’en consomme. L’économie sur les dépenses de chauffage peut ainsi atteindre 70 %, avec une réduction dès la première année située entre 800 et 1 000 euros en moyenne. Et grâce à l’électricité ‒ une énergie largement décarbonée en France, les PAC émettent également très peu de CO2 : 70 % de moins que les chaudières à gaz et 90 % de moins que celles au fioul. Elles sont donc beaucoup plus respectueuses de l’environnement. Les modèles réversibles, qui permettent de chauffer l’hiver et de rafraîchir l’été, se révèlent encore plus performants, en comparaison au bilan catastrophique de l’addition d’une chaudière et d’un climatiseur… « Les pompes à chaleur participent donc à la fois au confort d’hiver et au confort d’été, souligne Éric Bataille, président de l’Association française pour la pompe à chaleur (AFPAC). […] L’utilisation d’une pompe à chaleur, dans ces conditions, est extrêmement intéressante pour l’atteinte des objectifs de décarbonation [de la France] à l’horizon 2050. Compte tenu de la durée de vie des bâtiments, il est important qu’ils soient équipés dès maintenant de solution très bas carbone, comme les pompes à chaleur, pour qu’en 2050 ces bâtiments qui existeront toujours puissent être conformes aux objectifs. »
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