L’Association française pour les pompes à chaleur a présenté ce jour des résultats 2019 “historiques” en termes de volume de marché. Alors que la future réglementation environnementale 2020 sera appliquée à compter du 1er janvier 2021, le Président de l’AFPAC réaffirme le rôle des pompes à chaleur pour atteindre les objectifs de décarbonation du bâtiment. Entretien.
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Vous venez de dévoiler vos résultats d’activité pour l’année 2019. Quel bilan dressez-vous ?
En ce qui concerne les pompes à chaleur, nous avons obtenu des résultats exceptionnels en 2019. Ces résultats historiques sont liés à la politique de rénovation et aux politiques publiques qui ont été extrêmement volontaristes et fortes en 2019. L’AFPAC s’en est d’ailleurs félicité, tout en veillant à ce qu’elles ne produisent pas d’effets pervers en attirant des entreprises qui ne seraient là que pour des raisons financières. Nous mobilisons la filière sur ce point, en accord avec les pouvoirs publics, pour que les rénovations se passent dans l’intérêt du client, avec des solutions d’économie d’énergie pérennes dans le temps. Nous appelons de nos voeux la poursuite en 2020 de cette politique d’aide à la rénovation de solutions de chauffage énergivore.
Nous craignons que les plafonnements mis en place à partir du 1er janvier 2020 limitent les investissements, puisque la politique du gouvernement est essentiellement tournée à présent vers les ménages à revenus modestes. Pour des raisons budgétaires, le gouvernement a décidé que le reste à charge de ces foyers modestes devait être plus important en 2020 et a donc modifié les dispositions en fin d’année de façon un peu brutale. Quant aux ménages à revenus supérieurs, ils sont exclus de tout dispositif d’aide, ce qui nous inquiète.
La politique mise en place en 2019 a été extrêmement favorable et les résultats sont là. Nous comprenons les impératifs budgétaires, il faudrait néanmoins faire attention à ce que le nouveau système mis en place porte bien les mêmes effets. L’AFPAC continue ses efforts pour que l’ensemble de la filière accompagne cette politique de rénovation et ces aides publiques afin que les installations continuent de se faire dans de bonnes conditions de qualité et de pérennité de la performance.
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Comment l’AFPAC a accueilli les annonces du gouvernement concernant les règles du jeu de la future réglementation environnementale 2020 ?
L’AFPAC a salué ces annonces positives pour le développement dans la construction neuve des solutions thermodynamiques, renouvelables et très bas carbone. Elles réaffirment la position française pour aller vers une énergie décarbonée et de sobriété énergétique, en ce sens, nous les accueillons très favorablement. Contrairement à d’autres associations ou organisations professionnelles, nous considérons que nous ne sommes pas compétents pour émettre un jugement de valeur sur le bon positionnement des valeurs de carbone de l’électricité ou du coefficient de transformation d’énergie primaire en énergie finale. Ce sont des débats qui nous dépassent largement. Il y a très certainement dans l’administration française des gens qui regardent ça de très près, qui ont fait beaucoup d’études préparatoires et consulté des parties prenantes pour fixer les valeurs. Pour nous, l’impact de ces décisions est positif.
Toutefois, cet impact ne sera pleinement positif que s’il est effectivement accompagné par une continuité dans la politique qui a été menée jusqu’à présent. En instaurant notamment une obligation de chaleur renouvelable et en veillant à maintenir les exigences de sobriété énergétique du bâtiment. C’est très important. La RT2012 a été mise en place avec une obligation d’énergie renouvelable effective sur les maisons individuelles, ce qui a permis notamment aux pompes à chaleur de s’y développer, pour chauffer ou produire de l’eau chaude sanitaire. Malheureusement, cette obligation d’un minimum d’énergie renouvelable n’a pas été retenue pour le logement collectif, et force est de constater que la part des pompes à chaleur y est aujourd’hui extrêmement marginale. S’agissant de solutions plus coûteuses que d’autres, et sont de fait peu utilisées sans levier réglementaire.
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En quoi la pompe à chaleur a-t-elle sa place dans le bâtiment de demain ?
Les bâtiments neufs chauffés par pompe à chaleur sont très bas carbone. Le gouvernement a annoncé une baisse de l’impact climatique du kWh électrique utilisé pour le chauffage de 147 gCO2 (base carbone ADEME) à 79 gCO2 « afin d’être plus conforme à la réalité constatée ». Ceci va améliorer le bilan carbone des logements chauffés par pompe à chaleur qui étaient d’ores et déjà très bas carbone avec les conventions en vigueur. Les émissions d’un logement neuf chauffé par pompe à chaleur sont ainsi de l’ordre de 1 kgCO2/m²/an. L’utilisation d’une pompe à chaleur dans ces conditions est extrêmement intéressante pour l’atteinte des objectifs de décarbonation à horizon 2050. Compte tenu de la durée de vie des bâtiments, il est important qu’ils soient équipés dès maintenant de solutions très bas carbone, comme les pompes à chaleur, pour qu’en 2050, ces bâtiments qui existeront toujours puissent être conformes aux objectifs.
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Est-ce que les pompes à chaleur sont aussi propices au confort d’été, volet réaffirmé dans le RE2020 ?
Les pompes à chaleur fonctionnent sur un principe thermodynamique qui repose sur l’échange des calories entre l’extérieur et l’intérieur. En hiver, on prend des calories à l’extérieur qu’on ramène à l’intérieur pour chauffer et en été, on fait l’inverse, on va prendre des calories à l’intérieur de la maison pour les évacuer à l’extérieur et donc de ce fait rafraîchir les logements. Les pompes à chaleur participent donc à la fois du confort d’hiver et du confort d’été.
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En 2020, la France sera dotée d’une loi relative à la lutte contre le gaspillage et pour l’économie circulaire. Comment l’AFPAC anticipe cette échéance ?
L’AFPAC a élaboré un partenariat avec l’Institut national de l’économie circulaire il y a un peu plus de deux ans, donc très en amont de la loi qui paraîtra dans les semaines à venir. Nous avons confié une étude à cet institut pour déterminer comment la filière pompe à chaleur pouvait s’inscrire dans un environnement d’économie circulaire, entendu que, dans la mesure où la pompe à chaleur récupère les calories extérieures pour les remettre à l’intérieur, elle s’inscrit déjà bien dans une démarche d’économie circulaire. L’enjeu porte aussi sur la conception des produits et leur utilisation pour avoir un meilleur bilan de cycle de vie, dans un cadre d’écoconception. Aujourd’hui, nous sommes dans la bonne direction, et les directives européennes nous y invitent. D’autre part, nous nous sommes lancés dans la caractérisation de l’empreinte environnementale des pompes à chaleur à travers les fiches PEP.
Nous travaillons aussi sur la fin de vie des produits. Nous participons à la filière de retraitement via nos éco-organismes. Aujourd’hui, la quasi totalité de nos pompes à chaleur sont ainsi traitées en fin de vie. En parallèle, différentes réglementations se sont succédé pour organiser la récupération des flux frigorigènes afin d’éviter leur largage dans l’atmosphère. La profession travaille d’arrache-pied pour réduire l’impact environnemental des gaz réfrigérants que nous utilisons dans les pompes à chaleur.
Enfin, il y a aussi tout un environnement plus complexe, que les spécialistes appellent “économie de fonctionnalités” qui tourne autour de concepts tels que la location longue durée et la vente de services pouvant faciliter la réparabilité et prolonger la durée de vie. Ce sont des concepts assez nouveaux qu’il convient de regarder et sur lesquels l’AFPAC va continuer à travailler.
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