L’organisation Sustainable Aviation, qui regroupent les principaux industriels du secteur aérien au Royaume-Uni, a pris l’engagement, ce mardi 4 février 2020, d’atteindre la neutralité carbone en 2050 – en adéquation avec les objectifs du gouvernement. Ce plan d’action est un excellent exemple des problèmes (parfois insolubles) qui se dressent pour décarboner l’aviation.
Le secteur aérien britannique aura besoin de la compensation pour être neutre en carbone en 2050
Au lendemain du Brexit (effectif depuis le 1er février 2020), le Royaume-Uni se met en ordre de marche pour atteindre son objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050. Ainsi, après le régulateur de l’énergie lundi, c’est le secteur aérien qui a présenté, ce mardi 4 février 2020, son plan pour être neutre en carbone en 2050.
L’engagement a été officiellement pris par l’organisation Sustainable Aviation (Aviation durable) qui regroupe les principaux groupes britanniques du secteur – les plus importants étant l’aéroport Heathrow (Londres), les compagnies aériennes British Airways et EasyJet, les constructeurs Airbus et Boeing et le motoriste Rolls-Royce.
Cette annonce a été fortement critiquée en question par plusieurs ONG environnementales : ce plan s’appuie en effet sur une large utilisation de mécanismes de compensation carbone (via un soutien aux EnR ou à des projets de reforestation durable) et prévoit une hausse du trafic aérien mondial de 70% d’ici 2050 !
« La compensation carbone est simplement une excuse pour continuer comme si de rien n’était en faisant porter la responsabilité sur d’autres », estime ainsi John Sauven, directeur général de Greenpeace pour le Royaume-Uni.
Aucune technologie mature ne permet à l’aviation de se passer de combustibles fossiles
En effet, l’aviation est le secteur industriel où réduire l’impact carbone est techniquement le plus complexe. Aucune technologie mature ne permet actuellement de faire voler un avion de ligne sans combustible fossile. Et aucune technologie émergente ne semble capable de faire décoller, même d’ici 2050, un avion de plus de 300 places – l’électrique est limité en puissance, l’hydrogène beaucoup trop dangereux.
Sustainable Aviation ne peut donc pas promettre une aviation zéro émission. L’organisation propose donc de réduire les émissions en développant des avions et des moteurs plus efficaces et moins gourmands en énergie, et en utilisant des carburants utilisant moins de pétrole, notamment en injectant une part de biocarburants de seconde génération. Des expériences et recherches sont en cours sur ces dossiers, mais aucune de ces solutions n’est actuellement viable.
EasyJet mise quant à lui sur l’électrique pour des « petits » avions de court et moyen courrier : la compagnie développe avec la société américaine Wright Electric un avion électrique de 186 places – les premiers essais de vol sont programmé pour 2023.
Greenpeace souligne donc que la seule attitude cohérente avec l’urgence climatique serait de réduire drastiquement le trafic aérien. L’ONG propose notamment de taxer les voyageurs qui utilisent très souvent l’avion : « Mais le secteur ne veut pas l’envisager », pointe John Sauven.
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