Climat, météo et CO2 : que sait-on vraiment du réchauffement climatique ?

Climat, météo et CO2 : que sait-on vraiment du réchauffement climatique ?

climat météo

Alors que le 8 décembre 2019 marque la Journée Mondiale du Climat, cette fiche technique vise à mieux comprendre la différence entre météo et climat, ainsi que le phénomène du réchauffement climatique. Alors que le Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (GIEC) estime que « la probabilité est de plus de 95 % que le réchauffement climatique soit d’origine humaine », une question continue parfois d’être posée : pourquoi notre thermomètre n’affiche-t-il pas correctement le réchauffement climatique ?   

Les températures, un indicateur pour le réchauffement climatique ?

Dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, le 3 décembre 2019, le député Les Républicains Jean-Charles Taugourdeau a choqué la secrétaire d’Etat à la Transition écologique et solidaire, Brune Poirson, en évoquant un « prétendu réchauffement climatique ». Selon elle, il ne devrait pas être possible de « nier une réalité prouvée scientifiquement » : le réchauffement climatique. Toujours est-il que le 14 novembre 2019, le membre du Rassemblement national, Bruno Golnish s’exclamait sur les réseaux sociaux : « Neige à Valence avec beaucoup d’avance, et en basse altitude. Le réchauffement climatique a encore frappé » ! Pour observer le réchauffement climatique, pouvons-nous simplement nous en remettre à notre thermomètre ?

D’après l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) : « L’observation d’un phénomène météorologique, pris isolément, ne renseigne pas sur l’évolution du climat ». Pour l’ancien vice-président du GIEC, Jean Jouzel, il ne faut effectivement pas confondre météo et climat. Ainsi, le climatologue explique : « Étudier le climat, c’est pouvoir vous affirmer avec quasi-certitude que l’été 2050 sera plus chaud que l’été 2000, mais être incapable de vous dire si 2051 sera plus chaud que 2050 ». Concrètement, l’expert du Haut conseil pour le climat, Jean-Marc Jancovici résume : « si l’homme est incontestablement devenu un agent climatique en modifiant l’effet de serre de l’atmosphère (…) il n’est pas encore devenu un agent météorologique, capable de changer instantanément le temps qu’il fait en un claquement de doigts » !

Tant est si bien que les températures, qui à un instant donné dépendent d’une multitude de facteurs, peuvent épisodiquement masquer la tendance qu’on observe à la surface du globe. Car pour l’organisation mondiale de la météorologie il y a une certitude : nous enregistrons actuellement des records de chaleur. Si rien n’est fait, la hausse du mercure pourrait même atteindre les 7°C à l’horizon 2100. On est malheureusement bien loin de l’objectif des 2°C de l’Accord de Paris… Pour Laurent Fabius interrogé par RTL le constat est amer : « l’application de la Cop21 ne va pas du tout ».

Climat et CO2 : un lien de causalité avec l’effet de serre ?

D’ailleurs, pour d’autres climato-sceptiques, le réchauffement climatique est bien avéré, mais c’est l’origine anthropique de ce dernier qui est remis en cause. Quelques théoriciens tendent effectivement à affirmer que les changements de température sur notre planète seraient intimement liés à l’activité solaire. Un discours très en vogue dans les pays producteurs d’hydrocarbures et qui est régulièrement utilisé pour s’opposer à la taxation du carbone.

Sur ce point, les journalistes de France Info, Thomas Baïetto et Camille Adaoust indiquent que certes, lors du « Paleocene-Eocene Thermal Maximum (PETM), il y a 56 millions d’années, la température terrestre avait augmenté de 6 °C en 10 000 à 20 000 ans ». Cependant, ils indiquent également que « le PETM est considéré, à l’échelle de l’histoire de la Terre, comme un pic soudain, la hausse actuelle de température est plus fulgurante encore. Car la température a augmenté de 1 °C… en seulement 100 ans. Si on fait le calcul, c’est donc 100 fois plus rapide ». De plus, ils citent l’Ademe qui précise, « les émissions totales de gaz à effet de serre produites aujourd’hui ont augmenté de 80% depuis 1970 et de 30% depuis 1990. Elles ont été, entre 2000 et 2010, les plus importantes de l’histoire humaine ». Dressant déjà en 2015 le même constat, le physicien François Gervais s’interrogeait sur le plateau de C dans l’air : puisque les émissions de CO2 augmentent massivement ces dernières années mais que les températures stagnent, « où est la relation de cause à effet » ?

Comme le signale l’ingénieur de la météorologie, Jean Pailleux, « l’ensemble des processus physiques qui intéresse le météorologiste est souvent plus restreint que celui qui intéresse le climatologiste ». Afin toutefois de mieux comprendre notre environnement, au moment de la Convention Citoyenne, la paléoclimatologue française Valérie Masson Delmotte, évoquait le principe de l’effet de serre. Celui-ci est « un processus naturel vital à notre condition de vie sur Terre ». Seulement, il s’avère que les émissions de gaz à effet de serre actuelles diminuent « le passage des rayonnements infrarouges de notre atmosphère vers l’espace et piège la chaleur ». Certes, nos prévisions dépendent de notre compréhension de la physique du climat, ce qui nous oblige entre autres de tenir compte des océans et du changement d’affectation des sols. Mais la délégation française à l’Organisation des Nations Unies, rappelle au demeurant que les travaux du GIEC montrent désormais que  « la probabilité est de plus de 95 % que le réchauffement climatique soit d’origine humaine ».

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • Les carottes de glace du Groenland, comme à GISP2, permettent de connaître les températures des millénaires passés (et plus si affinité). Mais pas besoin de remonter au PETM d’il y a 56 millions d’années. Restons proches du présent et limitons nos recherches à l’holocène qui a débuté il y a 11.700 ans AP (avant notre année 1950).

    Si ce sont les températures locales qui sont enregistrées, elles n’en reflètent pas moins les variations de la température globale de la Terre.

    On constate alors des variations d’une ampleur incomparable avec ce qui a pu se passer depuis deux ou trois siècles.

    Ainsi, mesuré au GISP2, entre 11.750 et 11.550 avant le présent, la température est passée de -46,9°C à -35,9°C, soit une augmentation de 11°C en 200 ans ou 0,55°C par décennie.
    Mais elle a monté de 1°C par décennie vers 11.650 avant le présent.

    Pourtant, les hommes préhistoriques n’émettaient guère de CO2 à l’époque et l’on peut en conclure que la cause de cet important réchauffement climatique était toute naturelle.

    Alors, le discours selon lequel “la probabilité est de plus de 95 % que le réchauffement climatique soit d’origine humaine” est à relativiser très fortement.

    Par définition, le “présent” correspond à l’année 1950 du calendrier commun.

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  • Confondre les mesures de températures moyennes globales actuelle et les température locale au Groënland du GISP2, c’est aussi faux que de mélanger météo et climat.

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  • Aucune confusion entre météo et climat. Malheureuse réponse d’un ignorant qui ne sait pas ce qu’est un “proxy” en climatologie et qui ne connait rien de toute évidence à la paléoclimatologie.

    Sur les deux derniers siècles, les carottes de glace au Groenland comme en antarctique, plusieurs forages au total, ne montrent pas une variation aussi rapide des températures qu’il y a près de 12.000 ans, loin de là.

    A une autre époque, assez semblable, autour de 14.600 ans AP, le niveau de la mer est monté de quatorze mètres en 350 ans, soit 4000 mm par siècle. Ce qui nous fait du 40 mm par an. Douze à quinze fois plus vite qu’au cours des dernières années.
    C’est ce qu’une équipe du CNRS a déterminé à partie des coraux de Tahiti (Pacifique), corroboré par d’autres études dans l’Atlantique

    Rien à voir avec une météo locale.

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  • Je ne vois jamais rien sur le processus d’absorption du rayonnement infrarouge( émission “corps noir” de la terre) par la molécule CO2 (non polaire); le super gaz à effet de serre est la vapeur d’eau H2O (molécule dipolaire); en plus, sa phase condensée (dans les nuages sous forme liquide) a une densité 1000 fois plus forte et absorbe d’autant plus : c’est l’effet de la couverture nuageuse qui limite l’abaissement de température les nuits et que tout le monde connait. Cette molécule H2O n’est curieusement pas mentionnée sur la figure à la rubrique “principaux gaz à effet de serre”. Bref, le CO2, avec son unique mode de vibration susceptible d’absorber à sa fréquence le rayonnement et sa faible concentration dans l’atmosphère ne peut avoir qu’un effet très marginal sur le réchauffement climatique. C’est donc vain de lui faire la chasse. Par contre, d’autres activités humaines peuvent contribuent à ce réchauffement.
    Conclusion : le réchauffement : anthropique ? oui partiellement, par l’intermédiaire du CO2 ? certainement pas !

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