Les thématiques liées aux effets du changement climatique prennent de plus en plus d’importance dans les préoccupations des citoyens en Occident, et elles pourraient modifier leur rapport à l’électricité nucléaire, améliorant son acceptabilité. Symptomatiquement, un sondage, publié ce mardi 22 octobre 2019, révèle qu’une part croissante de Belges est favorable au maintien du nucléaire au-delà de 2025, date théorique de sortie du nucléaire de la Belgique.
En Belgique, le soutien au nucléaire augmente…
Le rapport des populations à l’énergie nucléaire pourrait être modifié par leurs préoccupations climatiques. C’est du moins ce que tend à prouver un sondage publié ce mardi 22 octobre 2019 en Belgique. Le pays a programmé une sortie du nucléaire en 2025. Et si, l’année dernière, seuls 30% des Belges étaient favorables à un maintien de l’énergie nucléaire au-delà de cette date, ce chiffre a bondi à 46% cette année.
Preuve que les questions climatiques sont au cœur de cette mutation de l’opinion, sur les 54% qui demeurent convaincus d’une sortie du nucléaire en 2025, 70% pourraient revoir leur position si cette option permettait de réduire les émissions de CO2 de la Belgique. Logiquement, les centrales au gaz ne sont pas vues comme une alternative crédible : « Le scénario selon lequel les centrales nucléaires seraient remplacées par des centrales à gaz émettant davantage de CO2 en cas de sortie du nucléaire en 2025 n’est pas soutenu par la majorité de la population belge« , résume le sondage.
✅ 70% veut maintenir l'énergie nucléaire après 2025 si cela réduit les émissions de CO2
✅ 63% est pour la construction de nouvelles centrales nucléaires
❌ À peine 12% est favorable au remplacement par des centrales au gazTous les résultats ? 👉 https://t.co/yGOGO5InsM pic.twitter.com/odsHU6IlcH
— Forum Nucléaire (@ForumNucleaire) October 22, 2019
« Je suis convaincu que plus nous allons nous approcher de 2025, plus grand va être le soutien au nucléaire. On approche de la deadline, et nous voyons bien ce qu’il est en train de se produire et ce qui ne se réalise pas, quelles solutions restent disponibles et lesquelles ne le sont pas. Cela fait des années que nous disons que la durée de vie des centrales nucléaires doit être prolongée. C’est une réalité« , affirme Serge Dauby, managing director du Forum nucléaire.
Le nucléaire, une énergie discutée, mais mature, pilotable et, surtout, décarbonée
Ces derniers mois, l’urgence imposée par le réchauffement de la planète s’est installée en tête des questionnements des citoyens occidentaux, influençant les dernières élections, un peu partout en Europe.
Or, l’énergie nucléaire, si elle continue de préoccuper, présente le triple avantage d’être mature, pilotable et, surtout, décarbonée. De quoi lui donner (ou lui laisser) une place dans le mix électrique, afin d’assurer une neutralité carbone le plus tôt possible. La France est ainsi l’un des pays d’Europe dont la production d’électricité émet le mois de gaz à effet de serre, essentiellement en raison de la part du nucléaire dans son mix (71%).
Les autorités françaises planchent en ce moment sur l’opportunité de construire six nouvelles centrales, pour répondre à l’obsolescence prochaine d’une partie du parc. Jean-Bernard Levy, PDG d’EDF, s’est publiquement positionné en faveur d’une telle mesure ; le gouvernement s’est montré moins affirmatif. Mais il est tout à fait possible que les nouvelles capacités renouvelables, malgré l’ambition de la dernière PPE, ne puissent combler le manque provoqué par les réacteurs qu’il faudra fermer dans les années à venir.
Ces préoccupations climatiques pourraient ainsi inverser le mouvement de ces dix dernières années, qui allait plutôt vers un désamour avec l’atome, y compris en France, historiquement l’un des pays les plus favorables au nucléaire.
Laisser un commentaire