L’agriculture urbaine, une solution pour la transition énergétique ?

L’agriculture urbaine, une solution pour la transition énergétique ?

agriculture-urbaine

Alors que l’été 2019 a été le théâtre de deux épisodes de canicule, les solutions pour supporter autant que faire se peut des températures de plus en plus chaudes sont à l’étude. Les grands centres urbains peuvent développer certaines techniques parmi lesquelles on retrouve l’agriculture urbaine. Entre nouvelle mode et manière de repenser la ville, l’agriculture urbaine séduit de plus en plus de territoires. Pourtant, si le principe est facile à comprendre, ce type d’agriculture recouvre des pratiques très larges qui ne se valent pas toutes. Alors qu’est-ce donc que l’agriculture urbaine et qu’est-on en droit d’en attendre ?

De l’agriculture aux agricultures urbaines ? 

Le Conseil économique, social et environnemental a rendu un avis, le 12 juin 2019. Et ses conclusions pourraient bien servir de base à une réflexion importante en matière d’urbanisme. L’assemblée s’est penchée sur la question de l’agriculture urbaine et a conclu qu’il « est plus adapté de parler d’agricultures urbaines au pluriel tant sont multiples les formes revêtues (…) et les finalités visées ». Il n’est donc pas étonnant de voir émerger une définition large issue des travaux du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Ainsi, l’agriculture urbaine correspond à « tout acte maîtrisant un cycle végétal ou animal se déroulant en milieu intra-urbain – sur ou dans des bâtiments, des sous-sols ou en pleine terre dans les espaces interstitiels – et faisant le lien avec l’agriculture périurbaine et rurale qui se développe sur les mêmes bassins de vie ».

Il s’agit là d’une entrée en matière quelque peu déroutante que le Cese explicite en affirmant que cette activité « se caractérise par la diversité de ses fonctions dont certaines peuvent relever de l’intérêt général : elle peut combiner production alimentaire, finalité sociale (interrelations, insertion, cohésion), environnementale (lutte contre les îlots de chaleur, prévention et valorisation des déchets) et pédagogique (lien alimentation/agriculture, saisonnalité des productions). Des formes marchandes (à finalité essentiellement commerciales) coexistent avec des formes non marchandes (sans vocation commerciale) ». D’ailleurs, une ville comme Paris s’inscrit dans cette démarche avec plus de 30 hectares d’espace dédiés à l’agriculture urbaine d’ici à l’année prochaine. Interrogée par Le Point, la maire de Paris, Anne Hidalgo explique : « Nous menons un travail pour bien vivre ensemble, grâce à un réseau de proximité qui permet de maintenir les conditions d’une vie de qualité dans les quartiers-villages. »

La mairie de Paris insiste sur les fermes urbaines pédagogiques. Des endroits ouverts au public où des animaux de ferme (poules, dindes, lapins, brebis, etc.) vivent dans de très bonnes conditions et s’inscrivent dans un cycle qu’ils rendent plus vertueux. Les poules – à titre d’exemple – se nourrissent de nombreux déchets organiques et pondent des œufs qui sont consommés à proximité. Car, l’idée de l’agriculture urbaine est avant tout de nourrir une population urbaine éloignée des centres de cultures. Cela permet notamment de réduire les émissions de CO2 et cela crée même des emplois lorsqu’il y a une visée commerciale. Et l’agriculture urbaine est loin d’être un mouvement « bobo » puisque selon l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et la culture (FAO), « Les jardins potagers peuvent être jusqu’à 15 fois plus productifs que les exploitations des zones rurales. Une superficie d’un mètre carré peut fournir 20 kg de nourriture par an ».

Produire et se nourrir en ville : une réalité en marche ?

L’agriculture urbaine n’est donc pas qu’une manière de se donner bonne conscience, mais bien un projet qui pourrait permettre de nourrir les citadins. Un défi d’autant plus important que le mouvement d’urbanisation touche toujours plus fortement des pays du sud qui suivent en cela le mouvement qu’ont connu les pays du nord. L’urbanisation engendre une énorme pression foncière et les espaces dédiés à l’agriculture se réduisent fortement. C’est pourquoi, produire dans les villes va devenir de plus en plus indispensable. Bien maîtrisé, ce nouveau mode de production et de consommation aura donc des effets positifs à bien des égards.

Une ville plus végétalisée est un espace où il fait moins chaud. Le Cese prend l’exemple de la ville de Valence où « les températures relevées au sein des espaces verts s’avèrent plus fraiches de 2,5°C par rapport aux températures maximales mesurées en ville ». Une différence de taille alors que les épisodes de fortes chaleurs et de canicule sont de plus en plus réguliers. Plus de végétaux, signifie aussi une pollution moindre grâce notamment aux arbres en capacité d’absorber les polluants. La biodiversité en sort également gagnante… Pour la signature du premier contrat de transition écologique d’Ile-de-France, la secrétaire d’Etat, Emmanuelle Wargon, a visité une ferme urbaine. Selon elle, ce type d’initiative va permettre de « replacer l’agriculture et l’alimentation dans le quotidien des habitants ».

Toutefois, cela permet de rebondir sur un point important du rapport du Cese présenté par Etienne Gangneron et Pascal Mayol. Toutes les agricultures urbaines ne se valent pas et c’est pourquoi « il convient de faire preuve de sélectivité pour l’octroi de soutiens publics, quelle que soit leur forme, en prenant en compte la réalité et l’importance des services rendus au bénéfice de la société dans son ensemble ». Paris est pris en exemple avec son permis de végétaliser les trottoirs. En définitive, l’agriculture urbaine doit donc être pensée comme un mode de vie dans la ville et non pas comme une politique d’affichage qui aurait des airs de greenwashing. Les enjeux sont essentiels et nul doute que ce thème percera à l’occasion des municipales de mars 2020. Entre les promesses et les discours creux, il faudra faire le tri, mais les candidats des grandes et moyennes villes ne pourront pas faire l’impasse sur ce sujet.

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
ven 3 Nov 2023
Le marché de la rénovation énergétique est en plein boom, mais tous les acteurs ne jouent pas le jeu. Des consommateurs floués, des travaux inachevés et des équipements défaillants : le tableau est parfois sombre. La vigilance est de mise,…
Quelques jours après le dévoilement du contenu définitif de la future réglementation environnementale 2020 (RE2020), une étude réalisée par l’ADEME et RTE confirme la pertinence des choix gouvernementaux dans le bâtiment.  Au terme de deux années de recherche commune, l’agence…
mer 17 Avr 2024
La grande distribution n’est pas prête à appliquer la loi en matière d’énergies renouvelables. Le secteur demande un délai de deux ans pour se mettre en conformité. Une requête qui agace. La grande distribution pas encore prête pour les énergies…
mer 6 Mar 2024
La Renault 5 E-Tech séduit de nombreux automobilistes. Avec des versions pour chaque budget et des innovations à la clé, découvrez comment ce modèle phare s'apprête à électriser les rues dès 2024.   Renault 5 E-Tech : une autonomie de…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.