Électromobilité : vers une couverture universelle des bornes de recharge ?

Électromobilité : vers une couverture universelle des bornes de recharge ?

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L’Etat français réfléchit au déploiement d’infrastructures de recharge électrique dans l’Hexagone. Une étude sur l’électromobilité, publiée le 15 juillet 2019 par Bercy, revient notamment sur les enjeux du développement des bornes de recharges. Parallèlement, alors qu’Enedis organise une réunion le 17 septembre 2019 avec Wavestone, pour faire le point sur le maillage territorial français, l’ONG WWF poursuit avec Renault son initiative afin de “Réinventer les villes“… .

Californie : la place des énergéticiens dans la mobilité

Aux Etats-Unis, la Californie est aujourd’hui un des Etats où les infrastructures de recharge électrique sont les mieux implémentées. Le gouvernement s’est mobilisé, conjointement avec les autorités locales, pour financer un programme d’installation à hauteur de 115 millions de dollars entre 2018 et 2019. L’objectif du programme ARFVTP (Alternative Renewable Fuel Vehicle Technology Program) est de développer les infrastructures de recharge des véhicules électriques (IRVE). La priorité : installer des bornes de recharge sur les zones de travail et les zones commerciales.

L’Etat californien a aussi demandé aux énergéticiens de s’engager dans cette transition. Ce financement complémentaires’élèvera à près de 738 millions d’euros. Pour accélérer l’installation des infrastructures de recharge électrique, les énergéticiens proposent désormais des installations “à la carte“. L’énergéticien peut garder la propriété de l’installation, et le client paye alors une redevance pour l’utiliser. Le client peut aussi récupérer la propriété de la borne de recharge. Il bénéficie alors “d’une aide financière de son fournisseur énergétique qui prend également en charge la réalisation des travaux.” Sur place, Volkswagen a aussi promis d’investir des développer un réseau de « recharge communautaire », reste à savoir si il sera aussi adapté aux véhicules français ?

Électromobilité au Japon : une mission de service public

La même idée d’un effort collectif se retrouve au Japon. Le pays a mobilisé les principaux acteurs de la mobilité durable autour du déploiement de son réseau d’infrastructures de recharge électrique. L’Etat japonais a mis en place le Nippon Charge Service LLC. Ce consortium regroupe quatre constructeurs automobiles, deux énergéticiens, le ministère de l’économie et la banque japonaise du développement. Entre 2013 et 2017, le consortium a déjà mobilisé 460 millions d’euros pour l’électromobilité : “Ces sommes ont notamment été mobilisées pour subventionner jusqu’aux deux tiers des coûts d’installation des stations de recharge.”

Le Japon a mis en place un réseau cohérent pour rassurer les propriétaires de véhicules électriques. Le consortium veille au déploiement et à la gestion des infrastructures de recharge. Il acquiert les droits d’usage des bornes. Il distribue ensuite des cartes d’utilisation aux constructeurs automobiles, qui les remettent aux acheteurs de véhicules électriques. Grâce au monopole du consortium, le Japon dispose d’un système simple, avec un fort maillage de bornes de recharge.

Le modèle de la Norvège, un exemple à suivre ?

En Norvège, 4 voitures vendues sur 10 sont des véhicules électriques ou des véhicules hybrides. Mais le pays est entré dans une seconde phase de développement. Il  veut simplifier l’accès des bornes de recharge aux résidents en logement collectif, pour lesquels l’accès est parfois plus compliqué. Cet accès à domicile est devenu une priorité : “Les copropriétés sont accompagnées dans la démarche d’installation de bornes, les municipalités créent des structures simplifiant le déploiement approprié des bornes en voirie à la demande.

Au niveau du réseau routier, l’installation des infrastructures de recharge dépend encore largement du soutien financier des pouvoirs publics norvégiens. Ce soutien est particulièrement crucial dans les zones de faible densité de population. La Norvège a donc mis en place un ciblage des aides. Dans les zones à forte densité de trafic en revanche, le modèle économique des bornes de recharge commence à être viable. Pour les zones urbaines les plus importantes, les infrastructures de recharge n’ont même plus besoin du soutien public.

Leçons du benchmark : faire avancer l’électromobilité à la capitale comme en province

En ce basant sur ces exemples, l’étude met en lumière plusieurs axes de réflexion pour déployer le réseau français. D’abord, le rôle incontournable de la recharge à domicile. Pour les particuliers en maison individuelle, l’Etat doit mieux communiquer sur les coûts “raisonnables” des installations : entre 1000 euros pour une installation haut de gamme, et quelques centaines d’euros pour des prises plus simples mais sécurisées. Comme aux Etats-Unis, l’aménagement des espaces à fortes densités de population est également une des priorités des acteurs de l’électromobilité. L’ONG WWF France a notamment lancé l’initiative “Réinventer les villes“, avec le constructeur automobile Renault, où 70% de la population mondiale sera concentrée d’ici 2050.

Et si comme aux Etats-Unis, le rôle des entreprises est stratégique pour la réussite de cette objectif de la transition énergétique, la puissance publique aura également un importante rôle à jouer, comme au japon. L’Etat devra effectivement trouver une réponse pour les 12 millions de ménages qui ne disposent pas d’une place de parking. Un sujet complexe lorsqu’on sait qu’à Paris, “la voiture ne compte que pour 10% des déplacements quotidiens mais occupe 50% de l’espace public“. Aussi, les bornes à la demande seront sans doute le meilleur atout pour répondre aux besoins importants des zones urbaines.

Finalement, comme le souligne Bercy dans son rapport, même si nos infrastructures “se développent rapidement, un objectif d’universalité reste à atteindre“. Dans cette optique, le cabinet Wavestione organise une réunion avec Enedis le 17 septembre prochain. En présentation, on peut par exemple lire : “En matière de véhicules électriques, on a tendance à penser d’emblée à la mobilité en milieu urbain, là où les distances du quotidien sont assez faibles, et où la crainte de ne pas trouver une borne de recharge est moindre. Pourtant, la voiture électrique, dont les ventes ont très fortement progressé en France l’an dernier (plus de 30 000 modèles vendus) a trouvé toute sa place en périphérie des grandes villes “.

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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