L’Afrique du Sud va comparaître devant la justice à cause de la mauvaise qualité de l’air. L’action en justice vient d’être lancée, le 7 juin 2019, par deux associations de défense de l’environnement. Elles reprochent au gouvernement d’avoir violé le droit des citoyens de l’une des provinces du pays, le Mpumalanga. Dans cette région, la qualité de l’air a été largement dégradée à cause de l’exploitation du charbon.
Quand le charbon dégrade la qualité de l’air
La province du Mpumalanga est très stratégique pour l’énergie en Afrique du Sud. Elle représente 83% de la production de charbon du pays. Or la consommation d’énergie primaire du pays repose sur 88,3% d’énergies fossiles, dont 69,9% de charbon. Le charbon sert à produire de l’électricité : il représente 89,6% du mix électrique domestique. Un chiffre qui pèse lourd dans le bilan carbone du pays. En 2016, les émissions de CO2 du pays s’élevaient à 7,41 tonnes de CO2 par habitant. Ce taux est 70% supérieur à la moyenne mondiale.
Et ce bilan carbone se retrouve dans la province de Mpumalanga. La société ESKOM exploite 12 centrales à charbon dans la région. Et même si le gouvernement sud-africain a présenté en 2012 un plan pour améliorer la qualité de l’air dans la province, la pollution reste un problème persistant.
Deux ONG défendent la qualité de l’air en Afrique du Sud
Deux ONG, le groupe environnemental GroundWork et une organisation communautaire de Mpumalanga, ont donc saisi la justice le 7 juin dernier. D’après elles, l’Etat a violé le droit constitutionnel qui garantit aux habitants le droit à un environnement sain. Les ONG estiment que pour la seule année 2016, les centrales à charbon de la province ont causé entre 305 et 650 morts prématurées. En effet, plusieurs composants chimiques toxiques du charbon se retrouvent dans l’air : le mercure, le dioxyde de sulfure ainsi que des particules fines. Autant d’éléments qui contribuent au développement de maladies respiratoires comme l’asthme, les bronchites, mais aussi à des cancers du poumon, des crises cardiaques, et des AVC.
Et les pouvoirs publics ne restent pas inactifs. En effet, quelques jours auparavant, l’Afrique du Sud est devenu le premier pays du continent à instaurer une taxe carbone.
Le rapport accablant de l’OMS
Cependant, la production d’énergie ne représente qu’une partie du problème de la qualité de l’air. C’est pourquoi, le président du Conseil National de l’Air , Jean-Luc Fugit, estime que « les villes doivent être acteurs majeurs de cette reconquête de la qualité de l’air« .
En mai 2018, l’OMS a publié un rapport alarmant sur l’impact de la pollution. D’après le rapport, l’Afrique est le continent le plus pollué au monde. Sur 7 millions de personnes tuées chaque année à cause de la pollution, un million de victimes sont africaines.
En cause ? La pollution domestique. Le rapport de l’OMS pointe du doigt le manque d’accès à des combustibles sains ainsi qu’à des modes de cuisson et de chauffage propres. Les lieux de résidence souffrent ainsi d’une pollution domestique importante que la qualité de l’air à l’intérieur des logements est particulièrement dégradée. D’après le rapport de l’OMS, cette pollution intérieure représente environ 50% des cas de décès pour cause de pollution.
D’autres actions en justice en faveur de la qualité de l’air
A l’instar de ce qui se passe en Afrique du Sud, d’autres Etats font également face à des actions en justice motivées par la préservation de la qualité de l’air. Les Pays-Bas ont été condamnés une première fois en 2015 à la suite d’une action de groupe en justice, menée par 900 citoyens néerlandais. L’Etat a fait appel de la décision, mais sans succès. Il a été condamné à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 50% d’ici à 2030. Ce procès a eu un réel impact sur la communauté mondiale. Les Pays-Bas étaient alors l’un des plus gros pays pollueurs en Europe. C’était aussi la première fois qu’un pays était ainsi condamné à une action concrète pour améliorer sa qualité de l’air.
Dans le sillage de cette action, d’autres ONG ont intenté des actions en justice à l’encontre de leurs gouvernements : la Colombie, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et même le Pakistan.
Plus récemment, en France, plusieurs ONG ont décidé d’interpeller l’opinion publique sur ce qu’elles estiment être « l’Affaire du Siècle ». Ainsi, Greenpeace et la fondation Nicolas Hulot entre autres, ont lancé une pétition pour intenter une action en justice contre l’Etat français au motif d’inaction climatique. La pétition a récolté plus de 2 millions de signatures.
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