En novembre 2019, le Chili accueillera la COP 25. Un choix logique puisque le pays d’Amérique du Sud est engagé dans une ambitieuse stratégie de transition énergétique. Il vise en effet la sortie du charbon d’ici 2040, alors que cette ressource assure encore 40% de son mix électrique. Dans cette optique, une étape cruciale vient d’être franchie. Le Chili a annoncé, le 4 juin 2019, son intention de fermer huit centrales à charbon d’ici 2024. Une décision courageuse pour un pays en pleine croissance, mais qui ne semble pas satisfaire certaines ONG…
Le Chili : territoire d’énergies vertes
Si le Vénézuela dispose de gigantesque réserves de pétrole, ce n’est pas le cas du Chili. Le pays a pourtant de gros besoins énergétiques. Toutefois, selon l’Institut français des relations internationales, le pays dispose d’importants gisements de lithium (7,5 millions de tonnes), les plus importants au monde après l’Australie… C’est pourquoi, avec un fort taux d’ensoleillement, le passage du charbon au solaire est presque une évidence pour la Ministre, Susana Jiménez Schuster. L’engagement d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2035 a été salué par le Secrétaire-Général des Nations-Unies, António Guterres.
Évidemment, en fonction des cours du lithium, le pays pourrait aussi être tenté à l’avenir de réserver cette ressource à l’exportation. Cependant, les experts du Conseil français de l’énergie (CFE) semblent écarter le risque de pénurie. En effet, lors d’un colloque organisé le 23 janvier 2019, sous le regard bienveillant de la présidente du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), Michèle Rousseau, l’expert de l’Académie des technologies, Bernard Tardieu, a rappelé que le monde des mines est d’une profondeur presque infinie… Aussi, il y a tout lieu de penser que dans le cadre de la préparation la conférence internationale sur le climat, les autorités ont raison d’investir dans l’énergie solaire photovoltaïque.
Le pari de l’énergie solaire pour remplacer le charbon
Pour augmenter la part des ENR, le Chili prévoit effectivement de développer massivement sur l’énergie solaire. À un tel point qu’en 2015, près du désert d’Atacama, le Chili distribuait l’électricité solaire gratuitement tellement elle se trouvait en abondance. Selon RFI, en seulement 4 ans, « la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique du pays est passée de 7 à 17 %« .
Signataire de l’Accord de Paris, le Chili veut donc sortir du charbon. Ce vendredi 7 juin 2019, il y a quelques minutes, le pays vivait ainsi « un moment historique » selon Susana Jiménez Schuster. Et pour cause, les deux premières centrales à charbon du pays venaient d’être découplées du réseau. Un soulagement pour une partie de la population qui était victime des dégâts sur l’environnement, causés par l’exploitation intensive du charbon. Sur l’île Riesco par exemple, où une mine de 400 hectares a été ouverte en 2013 pour fournir 80 % de la consommation de charbon du Chili pendant 30 ans, on espère que cela contribuera à préserver la nature. Car comme l’explique l’activiste, Ana Stipicic, la mine « génère des eaux acides contenant des métaux lourds qui vont affecter les eaux souterraines de l’île« .
C’est pourquoi, mardi 4 juin 2019, le président chilien, Sebastian Pinera, a annoncé que huit centrales à charbon devraient fermer avant 2024. Ces centrales sont parmi les plus vieilles et les plus polluantes du pays. Leur mise en service date des années 1960. Le gouvernement a, pour cela, signé un accord avec les entreprises propriétaires des centrales à charbon. Engie est particulièrement concerné, puisque l’énergéticien français exploite plusieurs des centrales en question.
Le Chili prépare la COP 25 en pensant à l’avenir
Sans échéance précise pour les autres centrales, une vingtaine, l’avenir zéro charbon du Chili reste cependant encore incertain. Et malgré les promesses du président, le député, Hugo Gutiérrez rappelle qu’Engie a inauguré il y a peu une nouvelle unité, sur la commune de Mejollones. Des choix contestés par les ONG qui estiment que « les énergies renouvelables et d’autres sources d’électricité moins polluantes que le charbon seront assez développées dès 2030 pour permettre la fermeture de toutes les centrales à charbon du pays« . Les Amis de la terre ajoutent de surcroît que toutes les entreprises devraient « FERMER et non VENDRE leurs infrastructures charbon« , à cet égard ils saluent la décision du Crédit agricole…
De son côté, Sebastian Pinera préfère ne pas totalement fermer la porte au charbon. Il a précisé que les huit centrales qui seront prochainement mises sous cloche resteront dans une « situation opérationnelle de réserve« . Concrètement, cela signifie qu’en cas de pénurie d’électricité, le gouvernement se réserve la possibilité de les remettre en fonctionnement. Car l’électricité reste un bien de première nécessité, et le risque de black-out est forcément la hantise de tous les dirigeants qui se préoccupent du bien être de la population, même à la veille de la COP 25. Une réalité encore soulignée par le ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy lors de son passage à l’Assemblée nationale.
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