Quelle est la véritable influence de l’OPEP sur les cours du pétrole ?

Quelle est la véritable influence de l’OPEP sur les cours du pétrole ?

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L’Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP) est un nom connu du grand public, mais dont l’influence reste assez difficile à cerner. Fondée en 1960, l’Organisation devient incontournable à compter de 1973 lorsqu’elle décide d’une augmentation du prix du pétrole de 70 % en réponse à la guerre du Kippour. La fin du pétrole bon marché a sonné. L’OPEP fait alors la pluie et le beau temps sur les cours de l’or noir. Pourtant, l’influence de l’OPEP tend à diminuer en raison de facteurs qui échappent à son contrôle pour les plus importants d’entre eux.

Un glissement progressif de l’influence de l’OPEP

Comme à chaque fois, la rencontre de l’OPEP du 6 décembre 2018 a été suivie avec attention par les analystes et les experts de l’énergie. Cela montre bien que l’Organisation des pays producteurs de pétrole pèse dans la formation des prix du pétrole. Pourtant, l’influence de l’OPEP semble en berne.

Cela se vérifie d’abord dans les chiffres puisque l’Organisation ne représente plus que 33 % à 40 % du pétrole produit dans le monde. La proportion était de 82 % lors de la création de l’OPEP par l’Arabie Saoudite, le Koweït, l’Irak, l’Iran et le Venezuela. Les pays non-membres de l’OPEP sont désormais majoritaires et suivent donc parfois une stratégie différente de celle de l’OPEP.

Si la part de l’OPEP est en recul, l’organisation conserve une capacité à influencer les prix. Pour cela, il faut jouer sur le niveau de production. Traditionnellement, une diminution de la production est décidée lorsque l’offre est jugée trop importante. Ainsi, en théorie, quand une baisse de production de 5 % est décidée, tous les pays sont dans l’obligation de réduire leur production de 5 %.

Toute puissante à partir des années 1970, l’OPEP commence à perdre de son influence à mesure que les producteurs non-membres occupent une place plus importante au sein de la production mondiale. Les élargissements progressifs à de nouveaux pays ne changent pas la donne.

Après le retrait du Qatar en décembre 2018, l’OPEP comprend 15 membres. Aux cinq membres fondateurs se sont ajoutés, les Emirats arabes unis, l’Equateur, l’Algérie, l’Angola, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, la Libye, l’Indonésie et le Nigéria. Une force de frappe qui reste insuffisante pour contrôler un marché où les Etats-Unis et la Russie occupent une place de choix.

Des producteurs non-membres qui font baisser les cours

Pays producteurs depuis de longues décennies, la Russie et les Etats-Unis ont vu leur production augmenter de manière exponentielle. La Russie se classe au second rang des pays producteurs, sa production a atteint en 2018 son plus haut niveau depuis la fin de l’URSS. Une absence de taille mais finalement pas si problématique.

En effet, depuis 2016 et l’accord entre l’OPEP et dix pays non-membres dont la Russie, sa stratégie coincide avec celle du cartel. En revanche, avec l’arrivée massive de pétrole américain sous forme de gaz de schiste, les cartes semblent redistribuer. A présent, les Etats-Unis s’affirment comme le tout premier producteur de pétrole au monde.

Les progrès techniques permettent aujourd’hui d’exploiter des pétroles plus difficiles d’accès et de composition différente, mais à un coût plus élevé que le brut classique. Or, c’est grâce à l’envolée des prix que le gaz de schiste américain est devenu concurrentiel et a pu se développer. Avec un baril aux environs de 60 dollars, les nouvelles techniques d’extraction ont décidément changer la donne géopolitique. En 2020, les Etats-Unis deviendront ainsi un pays exportateur net d’énergie, pour la première fois depuis 1953.

Qui plus est, l’OPEP ne peut pas demander à ses membres de diminuer très fortement leur production, au risque de se voir confronter à un refus. Et pour cause, beaucoup de pays ne peuvent pas réduire leurs exportations, en raison des rentrées fiscales qu’elles génèrent.

Il y a encore quelques années de cela, il suffisait d’annoncer une baisse de la production pour voir les prix augmenter. Cette vérité n’est plus absolue et ce sont les perspectives de croissance mondiale (à commencer par la Chine) qui jouent un rôle essentiel dans la fixation des prix. L’OPEP a donc perdu de sa superbe, mais reste un acteur qui compte !

 

 

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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