En 2003, la Belgique était l’un des tout premiers pays de l’Union Européenne à décider de sortir de l’énergie nucléaire. Mais quinze ans après, les réacteurs nucléaires belges sont toujours en activité… et la sortie du nucléaire n’est pas encore organisée. Pour le gouvernement belge, l’heure est à la sécurisation de l’approvisionnement énergétique du pays. Pour cela, plusieurs pistes sont envisagées pour remplacer le nucléaire belge : l’importation d’énergie, le développement des énergies renouvelables ou le renforcement des sites de production existants.
Clap de fin pour le nucléaire belge
Depuis 2003, la sortie du nucléaire a été décidée en Belgique. Quinze ans plus tard, la Belgique a bien du mal à gérer sa transition énergétique et à s’émanciper de sa production nucléaire. Les gouvernements successifs ont été contraints de réviser les dispositions de la loi de sortie du nucléaire pour prolonger la durée de vie de plusieurs réacteurs, faute d’avoir une autre solution. A l’heure actuelle, les réacteurs nucléaires belges fournissent encore 59% de l’électricité du pays. Les énergies renouvelables, sensées remplacer progressivement la part du nucléaire, atteignent tout juste 10% de l’électricité produite, avec 5% d’énergie issue de l’énergie solaire et 5% d’éolienne. Enfin, 31% de l’électricité belge est produite par les énergies fossiles.
Un pacte énergétique pour planifier la sortie du nucléaire
Le 30 mars 2018, le gouvernement belge a officiellement présenté son plan de sortie du nucléaire. Porté par la ministre de l’énergie, Marie-Christine Marghem, le pacte énergétique interfédéral est sensé servir de feuille de route pour piloter la sortie du nucléaire belge, avec un arrêt total de la production nucléaire d’ici 2025 : « Afin de réaliser ces objectifs, nous devons définir ces prochaines années une politique qui vise à une utilisation plus efficace de l’énergie et au développement de la production d’énergie renouvelable. »
Mais le gouvernement belge est bien conscient des problématiques liées à cette sortie du nucléaire : « Nous devons bien entendu garantir l’approvisionnement en énergie, maintenir la facture énergétique à un prix abordable pour les ménages et veiller à ce que la compétitivité des entreprises ne soit pas compromise. » Concrètement, cela signifie que le gouvernement belge compte mettre en place un comité de pilotage indépendant pour la sortie du nucléaire. Ce comité sera composé de représentants des administrations régionales et fédérales ; il intégrera aussi des représentants du secteur industriel. Ses membres auront un rôle consultatif auprès du gouvernement et devront faire des recommandations annuelles concernant l’arrêt des réacteurs nucléaires et les solutions de substitution pour couvrir les besoins énergétiques du pays. Leur travail devra prendre en compte les quatre critères mis en avant par le gouvernement : la sécurité de l’approvisionnement énergétique, la sécurité des installations, le maintien d’un prix abordable de l’énergie ainsi que le respect des engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris.
Comment garantir l’approvisionnement en énergie ?
D’après le gestionnaire du réseau électrique belge, Elia, le pays doit trouver 3,6 GW d’ici 2025 pour combler la sortie du nucléaire. Plusieurs pistes ont déjà été envisagées. Le gouvernement souhaite notamment investir dans les énergies renouvelables, mais leur développement est encore trop lent. La possibilité de faire appel à une centrale à gaz située aux Pays-Bas a été avancée, mais cette solution a été rejetée par Marie-Christine Marghem. Selon la ministre fédérale de l’énergie, l’installation d’un câble de raccordement entre la centrale et le réseau belge demanderait un investissement financier qui se ferait au détriment des installations belges. Selon elle, la solution consiste à mettre à contribution les unités de production belges grâce à un système de primes qui les encouragerait à augmenter leur capacité de production. Le 20 juillet 2018, le gouvernement belge a ainsi approuvé la mise en place du mécanisme de rémunération de capacité préconisé par la ministre. Ce système de mise aux enchères doit permettre de garantir la capacité de production énergétique du pays auprès des différents fournisseurs d’énergie (principalement les centrales à gaz). La première enchère devrait intervenir dès 2021.
Dans le pire des cas, le vice-Premier ministre belge, Jan Jambon, a déjà déclaré que l’activité des centrales nucléaires belges pourrait se poursuivre le temps que la production d’énergie nationale soit suffisante pour tenir sans le nucléaire. En mars dernier, il a ainsi déclaré : « Le maintien de centrales nucléaires peut être une solution, mais cela doit être étudié au moment où le problème se pose. »
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