Quelle différence entre le off-grid et l’autoconsommation ?

Microgrids : quelle différence entre le off-grid et l’autoconsommation ?

Avec la transition énergétique en cours, la décentralisation partielle de la production électrique et la modernisation des réseaux, en lien direct avec le développement des énergies vertes, offrent de nouvelles possibilités. Ainsi, dans les zones sans accès à l’électricité, de nombreuses personnes tentent malgré tout de se connecter à un réseau électrique via des microgrids. Parallèlement, de plus en plus de consomm’acteurs occidentaux optent pour l’autoconsommation. Au demeurant, ces phénomènes qui consistent à consommer de l’électricité produite directement sur site plutôt que celle issue du réseau, interrogent aussi la future organisation du secteur. 

Le off-grid : rendre des sites isolés autonomes en énergie grâce aux microgrids

Dans les pays en développement, de nombreuses zones de peuplement ne sont pas reliées au réseau électrique. En effet, on estime qu’une personne sur cinq n’aurait pas accès à l’électricité, soit un peu plus d’un milliard d’individus. D’autres le sont, mais la fiabilité du réseau n’est pas suffisante pour garantir les besoins de la population en électricité. L’absence ou la rareté de l’alimentation électrique sont naturellement des freins importants au développement dans des régions pauvres, souvent rurales et isolées.

Dans ce contexte, le off-grid, c’est-à-dire l’électrification à partir de systèmes de production autonomes non reliés au réseau électrique, offre de réelles perspectives. D’après l’Agence Internationale de l’Energie, avec possiblement 300 milliards d’investissement à l’horizon 2030, les mini grids représenteraient la principale solution pour donner accès à l’électricité à ceux situés dans les zones encore non électrifiées. Concrètement, une communauté isolée du réseau devient alimentée grâce à de l’énergie produite sur place, le plus souvent grâce à des panneaux photovoltaïques. Afin de permettre à l’ensemble de la communauté de bénéficier de l’électricité, les bâtiments présents peuvent être relié entre eux pour former un micro-grid (ou un micro-réseau), à savoir un réseau électrique miniature et autonome.

L’intermittence de la production électrique peut être contournée par l’installation de batteries de stockage et une source d’énergie fossile comme un générateur diesel peut servir d’appoint si la batterie est déchargée, ou en cas de dysfonctionnement. Dans les 3 000 villages en Papouasie qui seront prochainement équipés par Engie et Vine Electric, les batteries lithium ont pour l’instant été sélectionnées afin de faire fonctionner le système 24h/24. Lorsqu’on interroge le responsable du projet pour Vine Electric, Matt Basinger, sur les technologies de stockage, il souligne la facilité d’installer ces solutions dans des territoires enclavés, mais évoque aussi les améliorations de rendement attendues, notamment pour leur durée de vie.

Le off-grid peut aussi s’avérer une meilleure solution sur le plan économique que l’extension du réseau électrique principal, coûteuse et complexe pour atteindre des villages isolés et peu peuplés. Il est d’ailleurs devenu une priorité pour certains pays comme l’Inde ou le Nigeria où l’alimentation en électricité de certaines localités est un enjeu majeur. Derniers exemples en date de cette tendance, EDF a annoncé le 18 juillet 2018 le lancement de deux projets de off-grid sur le continent africain : un programme de formation de femmes aux métiers d’installation et de maintenance de systèmes solaires off-grid, et un projet de pompage solaire pour soutenir des petits exploitants agricoles n’ayant pas accès à l’électricité.

Précisons toutefois que le off-grid n’est pas uniquement pratiqué dans les pays en développement. Il peut par exemple servir à alimenter des sites isolés non reliés au réseau, comme un refuge de montagne, une petite île habitée, ou encore des villages isolés du cirque de Mafate à La Réunion ou encore de la forêt amazonienne en Guyane.

Autoconsommation : les mini réseaux ou la tentation de l’autarcie ? 

L’autoconsommation désigne le fait de consommer une partie ou la totalité de l’énergie produite sur place. Dans le cas de l’autoconsommation électrique, un citoyen ou une entreprise peuvent donc choisir de s’alimenter en électricité grâce à leur propre production plutôt que de faire appel à l’électricité fournie par le réseau. Néanmoins, l’autoconsommation peut aussi être développée de manière collective, ce qui implique alors la création d’un microgrid.

Encore pratiquée par une minorité de foyers et d’entreprises  (entre 20000 et 30000 auto-consommateurs en France, soit à peine 0,4% de la consommation électrique totale), l’autoconsommation répond d’une part à la volonté de produire sa propre électricité, un peu à l’image d’une famille qui produit ses propres légumes dans son jardin, et d’autre part au souhait de contribuer à la diversification du mix électrique et à la croissance des énergies renouvelables. Qui plus est, l’autoconsommation peut sur le long terme permettre de faire des économies sur sa facture d’électricité.

Il existe plusieurs modes d’autoconsommation électrique : l’autoconsommation totale, dans le cadre de laquelle l’intégralité de l’électricité produite est consommée sur le site de production, et l’autoconsommation partielle, qui consiste à réinjecter sur le réseau une partie de l’électricité non consommée ou non stockée. L’autoconsommation collective, qui repose sur l’échange d’électricité entre producteurs et consommateurs situées à proximité les uns des autres et réunis au sein d’une personne morale, est elle en cours d’expérimentation.

La loi du 24 février 2017 encourage fortement l’autoconsommation des propriétaires de panneaux photovoltaïques en lui donnant un cadre légal et en redéfinissant la politique des tarifs de rachat de l’électricité produite par les particuliers. D’après les estimations de la Commission de Régulation de l’énergie (CRE), l’autoconsommation serait en progression puisqu’elle aurait concerné déjà plus de 8000 projets déclarés en 2016 et 6000 sur le seul premier semestre 2017.

Par ailleurs, si les autoconsommateurs sont désormais davantage incités à utiliser leur propre production plutôt qu’à la revendre en l’injectant sur le réseau, l’ADEME prévient qu’elle veillera à éviter des dérives qui menaceraient la pérennité du réseau électrique : « si l’autoconsommation répond à une demande croissante des citoyens de se réapproprier la production d’énergie, elle ne doit pas pour autant être associée à un idéal d’autarcie. Le réseau électrique est en effet un bien commun existant qui constitue une assurance permettant à l’autoconsommateur d’éviter certains surcoûts d’équipement ».

Crédits photo : Roy Buri

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • L’autoconsommation sous forme de panneaux solaires associés à des batteries (Li-ion) n’est valable que pour des individus consommant peu d’électricité : typiquement pour s’éclairer (avec des LED) et brancher quelques appareils comme la TV. Dès qu’on souhaite utiliser de l’électroménager comme une machine à laver, la taille des installations requises les rend hors de prix.
    C’est encore plus vrai si l’on souhaite utiliser l’électricité produite en autoconsommation pour le chauffage avec PAC (pompe à chaleur), qui est le seul vrai moyen écologique. L’alternative favorisée de manière scandaleuse par la RT 2012, à savoir le gaz, n’est pas conforme à l’esprit de la COP21 qui veut éradiquer les combustibles fossiles qui émettent du CO2.
    Le réseau reste donc la seule façon de consommer “écologiquement” de l’électricité quand on veut du confort digne du 21ème siècle (électroménager + PAC).
    Et les moyens de productions centralisés propres ne sont pas légion : l’hydraulique et le nucléaire. Il y a bien les énergies renouvelables comme le solaire et les éoliennes mais en plus de leur prix (leur vrai prix, c’est à dire en tenant compte des juteuses subventions accordées aux producteurs) , il reste le problème de leur intermittence qui les empêche de dépasser 30 % environ du mix moyen.

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  • Autoconsommation au moyen de panneaux ou équipements financés (ou subventionnés) par E.D.F. (donc par tous les autres consommateurs et les contribuables), c’est un peu osé ! Les factures et la précarité énergétique n’ont pas fini d’augmenter par ce moyen là.

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