Comme toutes les îles habitées, Tenerife doit faire face à des défis énergétiques d’autant plus complexes que son territoire est isolé. Et pour cette île des Canaries réputées pour son attrait touristique, les besoins énergétiques sont élevés. Pour les combler, l’île de Tenerife s’est lancée dans un programme ambitieux pour développer les énergies renouvelables tout en intégrant cette démarche dans la politique touristique de l’île.
Si Tenerife doit faire face comme les autres îles du monde à la question de son indépendance énergétique, son cas est pourtant un peu plus compliqué. Car la belle île des Canaries, situées au large de la côte Ouest de l’Afrique, est réputée pour son tourisme. Un tourisme qui fait grimper en flèche sa population et sa consommation d’énergie. Car l’île de 2 000 km2 compte 890 000 habitants à l’année, mais elle doit compter avec le tourisme de masse : en 2016, l’office du tourisme d’Espagne a ainsi enregistré 5,6 millions de touristes à Tenerife, un chiffre en augmentation de 7,9% par rapport à 2015. Et cette tendance à la hausse se poursuit encore. Dans de telles conditions, l’approvisionnement en énergie est d’autant plus vital pour l’île.
Inspirée par la réussite de sa voisine, la petite île El Hierro, l’île de Tenerife a décidé elle aussi d’investir dans les énergies renouvelables pour atteindre l’indépendance énergétique grâce à l’électricité verte. Pour cela, l’île a lancé le programme pilote Tenerife 2030. Au sein de ce projet, plusieurs initiatives ont vu le jour, comme le centre INtech, spécialisé sur le développement technologique, et qui a la charge de soutenir les start-up installées sur l’île, notamment dans la filière de l’énergie.
Pour ce faire, Tenerife compte inaugurer une ferme éolienne à Poris de Abona. Elle accueillera dix éoliennes pour une capacité totale de 161 MW. En parallèle, Tenerife a lancé plusieurs études pour exploiter son potientiel géothermique. D’après les rapports publiés par l’Institut Géologique et Minier d’Espagne, les îles Canaries ont le plus grand potentiel géothermique de tous les territoires espagnols. Mais aucun projet n’a été lancé faute de financement ; en février 2018, les responsables de l’île de Tenerife ont officiellement fait appel à l’Union Européenne pour les aider à financer d’éventuelles installations.
Tenerife s’est aussi dotée d’un Institut Technologique des Energies Renouvelables (ITER), un centre de recherche spécialisé dans les énergies renouvelables qui est aussi devenu un véritable lieu touristique. Outre ses activités de recherche appliquée, l’institut accueille le public dans son parc pour une visite autour des différentes technologies d’énergie verte : trois parcs éoliens, des panneaux photovoltaïques, un tunnel à vent peuvent ainsi être observés par les visiteurs. Clou de la visite : le lotissement de 24 maisons bioclimatiques construites au sein du parc de l’ITER. Des maisons entièrement autonomes grâce aux énergies renouvelables, et qui peuvent être louées par les touristes pour leur séjour sur l’île. De quoi surfer sur la vague verte tout en boostant l’activité touristique de Tenerife.
Tenerife n’est pas la seule île de l’archipel des Canaries à envisager un avenir énergétique vert. Il y a quatre ans, c’est l’île El Hierro qui a attiré tous les regards grâce à ses investissements en matière d’énergies renouvelables. Pour assurer son indépendance énergétique, l’île a investi dans un dispositif test unique en son genre : une centrale hydro-éolienne, qui doit faire fonctionner les énergies éolienne et hydraulique en symbiose pour optimiser la production d’énergie. Pour cela, l’île a été dotée de cinq éoliennes et d’une STEP. Les cinq éoliennes servent à produire de l’énergie, et elles sont reliées à la STEP pour l’alimenter en électricité. Grâce à cette combinaison, l’énergie nécessaire pour faire fonctionner la STEP est entièrement issue de la filière verte. Et l’investissement en vaut la peine : contrairement à l’énergie éolienne, l’énergie produite par la STEP n’est pas intermittente. Elle permet donc d’alimenter le réseau électrique de l’île de manière continue.
Grâce à ses investissements, il n’a fallu que quelques années à la petite île El Hierro pour basculer d’un modèle énergétique dépendant des hydrocarbures à un modèle d’énergie verte. Le 9 août 2015, l’île a même été capable de s’alimenter en 100% d’énergies renouvelables pendant plusieurs heures. Une première étape vers l’indépendance énergétique.
COMMENTAIRES
El Hierro : un coût considérable pour un résultat décevant. Malgré le surdimensionnement du dispositif, le groupe diesel est souvent mis à contribution et le contenu CO2 du KWh atteint souvent 300 à 400 g. https://www.sauvonsleclimat.org/fr/base-documentaire/el-hierro-une-ile-a-l-electricite-100-renouvelable Pour un exemple, c’est raté !
Mi-avril, El Hierro fonctionnait même entièrement au fioul à cause de l’anticyclone. Jusqu’à 650 g de CO2 / KWh !