Toujours en cours de négociations entre l’Etat français et Bruxelles, les conditions d’ouverture à la concurrence des concessions hydrauliques françaises n’en finissent plus de faire polémique. Après les industriels du secteur et les salariés, c’est désormais les élus locaux de la vallée du Rhône qui montent au créneau pour demander au gouvernement un éclaircissement rapide de la situation, au risque de remettre en cause les investissements nécessaires en matière d’infrastructures et d’aménagement du territoire.
Mise en demeure par la Commission européenne d’ouvrir à la concurrence ses barrages, aujourd’hui essentiellement concédés à EDF et à Engie, via ses participations dans la Compagnie nationale du Rhône (CNR) et la Société hydroélectrique du Midi (Shem), le gouvernement négocie depuis plusieurs mois pour obtenir les conditions les plus favorables et garantir ainsi la pérennité de la filière hydroélectrique française. Plusieurs demandes, jugées déterminantes, ont été réitérées par Nicolas Hulot, auprès de l’UE en début d’année, dont le regroupement des concessions « indispensable à la cohérence des vallées », « le refus de toute exclusion d’EDF du processus de mise en concurrence », « une mise en concurrence limitée aux concessions échues », et la prolongation des concessions de la CNR et du barrage de la Truyère dans l’Aveyron.
Une prolongation de la CNR nécessaire pour les élus locaux
Problème, si Nicolas Hulot lui-même s’est voulu rassurant en réaffirmant en février 2018 sa volonté d’être « ferme » et de ne pas céder sur l’essentiel, la lenteur des négociations en cours empêche tout investissement dans le secteur et inquiète les élus locaux de la vallée du Rhône. Plus de 170 d’entre eux ont alerté l’Élysée sur « la nécessité de faire aboutir la prolongation » de la concession accordée à la CNR « dans les plus brefs délais », dans un courrier adressé au Président Emmanuel Macron le 13 avril 2018. Christian Monteil, président de Haute-Savoie et vice-président du conseil de surveillance de la Compagnie nationale du Rhône (CNR), y fait part notamment de ses « inquiétudes » sur l’issue de la demande de prolongation, « qui fait consensus ». « Le retard pris pèse en effet à la fois sur les investissements industriels de la CNR sur le Rhône, sur les actions à engager en faveur de la transition énergétique et sur l’aménagement des territoires », explique M. Monteil dans le communiqué publié mardi 24 avril.
Pour rappel, la CNR, qui compte plus de 1.370 collaborateurs et produit 25% de l’hydroélectricité française, est majoritairement publique (la Caisse des Dépôts et les collectivités locales détiennent plus de 50% des actions contre 49,97% à Engie), et l’ensemble de ses concessions hydrauliques arrivent à échéance en 2023.
Crédits photo : CNR
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