Éolien offshore : l’amendement qui inquiète les professionnels

Éolien offshore : l’amendement qui inquiète les professionnels

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Pris par un vent d’optimisme suite à l’annonce de la mise en construction possible d’un premier projet cet été, la filière éolienne offshore française n’aura pas mis longtemps à redescendre sur terre. L’amendement déposé en dernière minute par le gouvernement dans le cadre de l’examen par le sénat du projet de loi « État au service d’une société de confiance » n’est pas du goût des professionnels et des élus locaux qui y voient une remise en cause de cette filière stratégique et s’inquiètent des répercussions pour les projets en cours. Cet amendement a notamment pour objectif d’autoriser la renégociation des tarifs d’achat garantis aux lauréats des deux premiers appels d’offres sur l’éolien en mer.

Une volonté rétroactive de baisser les tarifs d’achat garantis

Si cet amendement controversé a été rejeté le 14 mars 2018 au soir à une large majorité par les sénateurs, il questionne néanmoins sur les véritables intentions du gouvernement en la matière et inquiète nécessairement une filière déjà fragile. Plombés par des années de procédures administratives et des recours judiciaires à répétition, les projets en cours en Bretagne, Normandie et Pays-de-la-Loire affichent déjà un retard important et pourraient être complètement remis en cause si le gouvernement s’obstinait dans cette direction.

Dans le texte, cette révision des conditions validées préalablement dans les appels d’offres de 2012 et 2014, veut introduire une possibilité légale de renégociation des tarifs d’achat applicables aux projets de parc éolien offshore sélectionnés, jugés désormais trop élevés. Les tarifs des appels d’offres actuels sont trop élevés, « jusqu’à cinq fois supérieurs aux tarifs du marché », affirme le secrétaire d’État aux comptes publics Olivier Dussopt, qui veut donner « une base légale à des renégociations avec les lauréats des appels d’offres sur les énergies marines renouvelables pour baisser les tarifs d’achat et permettre de retirer des autorisations administratives en indemnisant le lauréat ».

Des collectivités territoriales en première ligne

Une hérésie pour les collectivités territoriales concernées qui ont déjà investi plus de 600 millions d’euros dans les infrastructures portuaires nécessaires à l’installation de ces parcs éoliens marins et dénoncent l’absence de concertation tant avec les acteurs de la filière qu’avec les élus locaux. « Le caractère rétroactif de cet amendement est de nature à amoindrir la confiance des investisseurs comme des industriels de la filière », ont déploré les Présidents des trois régions concernées.

Des élus de tous bords se sont également exprimés depuis plusieurs jours contre cet amendement, y voyant une menace pour l’avenir de cette filière renouvelable stratégique. « S’il est légitime de réexaminer l’équilibre économique de ces projets, cela ne peut se faire que par une négociation avec les lauréats », a déclaré le rapporteur Jean-Claude Luche (UC, Ardèche). De son côté, Christophe Priou, sénateur LR de Loire-Atlantique, estime que son adoption « repousserait fatalement le lancement des parcs offshore », alors que la France est déjà très en retard sur ses voisins européens.

Un signal négatif pour les investisseurs des projets EMR

Même son de cloche chez les professionnels et lauréats des appels d’offres qui alertent, dans une tribune publiée jeudi 15 mars 2018 dans Le Monde, sur les risques que fait peser cet amendement sur la réalisation effective des projets, et rappellent au passage que les parcs prévus permettront d’alimenter en commandes plusieurs usines et de créer 15.000 emplois industriels. « L’amendement du gouvernement est problématique parce qu’il rompt le climat de confiance dans lequel on était, il fragilise les engagements de long terme qui étaient pris (…) », explique à l’AFP Pauline Lebertre, déléguée générale de l’association de professionnels France Energie Eolienne (FEE).

Pour rappel, six projets de parc éolien attribués dans le cadre des deux premiers appels d’offres sont concernés, par cette révision. Les quatre premiers, attribués en 2012 à des consortiums emmenés par EDF EN et Engie, concernent les projets de Courseulles-sur-mer (Calvados), Fécamp (Seine-Maritime), Saint-Brieuc (Côtes d’Armor) et Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Ce dernier pourrait d’ailleurs voir son chantier débuter dès cet été (une fois le dernier contentieux juridique définitivement réglé), selon les récentes déclarations du directeur de la société Parc du Banc de Guérande, filiale d’EDF Energies Nouvelles. Les deux autres ont été attribués en 2014 et portent sur les sites du Tréport (Seine-Maritime) et de Yeu/Noirmoutier (Vendée). Tous doivent normalement être mis en service d’ici 2021 ou 2022.

Crédits photo : Detmold

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • A-t-on un jour demandé aux français s’ils désiraient acheter une électricité 5 fois plus chère, tout en défigurant les paysages ?

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  • L’escroquerie financière que constituent les éoliennes en mer est enfin dénoncée par les pouvoirs publics ! Il était temps, car leur énorme coût pèserait une fois de plus sur le pouvoir d’achat des Français, la croissance et l’investissement industriel réellement créateur d’emplois nets.

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  • L’éolien en mer est devenu moins cher que le nucléaire. En Allemagne, aux derniers marchés d’appels d’offre, le prix est descendu à environ 33 euros le MWh ! Chez nous, avec tous les recours qui le bloquent, il est plus cher. Il reste quand même avantageux pour les Français : lisez le rapport de l’Ademe sur la filière éolienne de septembre 2017, il montre que les gains environnementaux, économiques et sociaux sont supérieurs aux coûts de la politique de soutien à cette énergie.
    Quant au visuel, il est tout à fait discutable. Et quand on sait que l’éolien est nécessaire pour sortir du nucléaire, il est acceptable… et même agréable !

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  • Quelle crédibilité ont les rapports de l’ADEME dans la mesure où cette agence est outil de propagande sans véritable compétence dans le domaine de l’énergie ?
    Quant à la baisse du prix de l’éolien, bon nombre d’entreprise vont en souffrir considérablement, voire disparaître dans peu de temps. https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/0301426508199-un-imperatif-pour-siemens-gamesa-sadapter-a-la-baisse-des-prix-de-leolien-2162324.php tout en entraînant des coûts toujours plus élevés pour les consommateurs via de nombreuses taxes.

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