Alors que les prix des carburants ont grimpé à la pompe en ce début d’année 2018, le gaz espère bien tirer son épingle du jeu et s’affirmer comme une option énergétique cruciale pour réussir la transition énergétique. Et tandis que la consommation française connait un ralentissement, les principaux opérateurs du marché s’intéressent de plus en plus aux perspectives offertes par le biométhane. GRDF, qui compte développer ses installations de biométhane en 2018 pour injecter plus de biogaz dans le réseau français, développe de nouvelles stations de méthanisation en Île-de-France. L’occasion de commencer à dessiner le futur réseau biogaz de la France, principalement axé sur des productions locales en cohésion avec les autres activités industrielles ou agricoles.
En décembre 2017, L’Association Française du Gaz (AFG) a publié son plan de route afin de se mettre en conformité avec les objectifs fixés par le ministre de la transition énergétique, Nicolas Hulot, dans son plan climat. D’après les chiffres présentés, l’AFG s’engage à diminuer ses émissions de gaz à effet de serre de 40% à l’horizon 2030. Pour atteindre cet objectif ambitieux, l’AFG table sur une baisse de la consommation énergétique qui équivaudrait à 10% de la consommation de gaz actuelle. Les 30% restants doivent être compensés par le développement du biogaz sur le territoire français. Un domaine dans lequel le marché de l’énergie tricolore n’est pas aussi avancé qu’il le devrait. Pour répondre à ce défi, GRDF compte bien donner un coup d’accélérateur au déploiement d’injecteurs de biométhane sur le réseau gazier français.
Actuellement, la France compte 43 sites d’injection de biométhane et le déploiement de nouveaux sites est prévu à court terme. Le développement de la filière biométhane fait souffler un vent d’optimisme sur toute la filière gaz, à tel point qu’en novembre 2017, le cabinet Colombus Consulting a publié les résultats de son étude sur les perspectives du gaz en France : d’après les analystes du cabinet, la France pourrait atteindre l’autonomie gazière dès 2050 en se passant totalement de gaz fossile au profit de gaz issu de la méthanisation. Une promesse qui fait rêver si on considère que, pour faire face à sa consommation domestique, la France doit importer 99% du gaz d’origine fossile qu’elle consomme actuellement.
Grâce à l’engagement de GRDF, 2018 risque d’être une année charnière dans le déploiement du biométhane en France. L’énergéticien est déterminé à mettre en place un nouveau modèle de réseau gazier fondé sur des unités de production et d’injection de biogaz un peu partout en France. Ces unités, de différentes tailles, doivent permettre la mise en place d’un nouveau maillage énergétique qui privilégiera des logiques locales pour fiabiliser l’approvisionnement en gaz sur le réseau. De même, Grtgaz a déjà inauguré début janvier deux nouvelles stations de méthanisation : l’un à Noyen-sur-Seine (Seine-et-Marne) et l’autre situé aux Essarts-en-Bocage (Vendée). Et ces entreprises ne comptent pas s’arrêter là : elles visent désormais l’Île-de-France, la région française qui connait l’une des plus fortes consommations d’énergie.
En 2016, la région Île-de-France consommait à elle seule 15% de toute l’électricité consommée en France. Dans le même temps, elle ne produisait que 5% de l’énergie qu’elle consommait. Du fait de sa forte densité de population (c’est la région la plus peuplée de France), l’Île-de-France possède de grands besoins énergétiques… mais elle dispose de peu de place et de ressources naturelles pour s’auto-alimenter. Toutefois, la production d’électricité a progressé ces dernières années (+ 2,9% en 2016) grâce au développement des énergies renouvelables, et GRDF et GRTgaz comptent bien suivre la même logique avec le gaz en continuant de développer la filière de la méthanisation.
Fin 2017, GRDF a signé une convention avec la Chambre d’Agriculture Interdépartementale d’Île-de-France afin de développer une filière de biométhane en région parisienne. Selon les termes de cet accord, GRDF devrait construire dix stations de méthanisation réparties sur plusieurs départements (les Yvelines, l’Essonne et le Val d’Oise) dans les trois prochaines années. Ces premiers projets serviront d’impulsion pour le déploiement d’une filière de biogaz en région parisienne.
Pour chacun des projets, GRDF veut mettre en valeur une dynamique locale en exploitant au maximum les ressources existantes. Ainsi, pour l’un des projets développés dans les Yvelines, c’est le zoo de Thoiry qui a été choisi. Dès le premier trimestre 2018, il doit inaugurer son site de méthanisation qui sera alimenté par les déchets du zoo, c’est-à-dire le fumier produit par les animaux ainsi que les déchets végétaux. Dans la même logique, les autres sites devront tous êtes alimentés en priorité par les déchets des filières locales. GRDF espère notamment séduire les maraîchers et agriculteurs de l’ouest parisien qui pourraient voir dans le biogaz l’opportunité de générer des revenus supplémentaires sur leurs exploitations.
COMMENTAIRES
Bonjour,
Contrairement à ce qui est écrit dans votre article, les sites de Noyen-sur-Seine et des Essarts-en-Bocage ne sont pas raccordés au réseau de GRDF mais à celui de GRTgaz, gestionnaire du réseau de transport de gaz, comme indiqué ici : http://www.grtgaz.com/medias/communiques-de-presse/detail-actus/article/mise-en-service-de-deux-nouveaux-sites-de-biomethane-sur-le-reseau-de-grtgaz.html
Par ailleurs, 44 sites d’injection étaient en service au 31 décembre 2017, et non 43.