L’organisation de défense de l’environnement Greenpeace ainsi que huit de ses militants comparaissent ce mercredi 3 janvier 2018 devant le tribunal correctionnel de Thionville. Il leur est reproché de s’être introduits illégalement sur le site de la centrale nucléaire de Cattenom le 12 octobre 2017, dans le but d’alerter sur la vulnérabilité supposée des sites nucléaires français. Coutumière de ce type d’action de communication, l’ONG Greenpeace France et son directeur général, Jean-François Julliard, sont cette fois directement mis en cause.
Jeudi 12 octobre 2017, plusieurs militants de Greenpeace s’étaient introduits sur le site de la centrale nucléaire de Cattenom, en Moselle, afin de dénoncer « les failles de sécurité des piscines d’entreposage du combustible usé » conçues selon eux, comme « des bâtiments classiques avec une faible résistance ». Une opération coup de poing très vite interceptée par l’équipe de sécurité en place, et qui n’avait eu au final, aucun impact sur la sûreté de l’installation. « L’intrusion a immédiatement été détectée par les équipes de sécurité du site et le peloton spécialisé de protection de la gendarmerie les a interceptés et mis sous contrôle », expliquait alors de concert le groupe EDF et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), affirmant que « les intrus étaient restés en dehors de la zone nucléaire ».
Une simple « opération de communication »
Problème, cette nouvelle intrusion est loin d’être un acte isolé et l’association Greenpeace n’en est pas à son premier coup d’essai. En 2014, plus de 55 militants de l’organisation écologiste avaient été condamnés à deux mois de prison avec sursis pour s’être introduits dans la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) et neuf avaient écopé de six mois avec sursis pour une action similaire à Nogent-sur-Seine (Aube), nous apprends le journal Ouest France. Les huit militants présents en octobre à Cattenom ainsi que l’ONG dans son ensemble, représentée par son directeur Jean-François Julliard, seront donc eux aussi poursuivis et doivent comparaître ce mercredi devant la justice. Convoqués pour « intrusion en réunion et avec dégradation dans l’enceinte d’une installation civile abritant des matières nucléaires » et « introduction non autorisée dans un bâtiment intéressant la défense nationale », ils encourent jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende.
Le conseil de Greenpeace France a indiqué qu’il solliciterait le renvoi du procès à l’ouverture de l’audience, notamment parce qu’il n’a pas reçu les conclusions de l’avocat d’EDF. L’énergéticien public dénonce de son côté « une opération de communication » à la fois dangereuse, illégale et contre-productive. Selon Olivier Lamarre, directeur adjoint du parc nucléaire, ces militants ont « joué avec leur vie » et n’ont « rien démontré, sinon que le dispositif de sécurité a fonctionné parfaitement ».
Crédits photo : EDF