Baisse du nucléaire : Edouard Philippe n'est pas « un fétichiste de la date"

Baisse du nucléaire : Edouard Philippe n’est pas « un fétichiste de la date”

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Si le gouvernement s’est donné une année entière pour établir un nouveau scénario de baisse de la production nucléaire suite à l’abandon par l’exécutif de l’échéance fixée à 2025 dans la loi de transition énergétique, il se pourrait bien qu’aucune date plus précise ne soit déterminée pour le moment. Invité à s’exprimer mercredi 22 novembre dans l’émission « En direct de Médiapart », le Premier ministre Edouard Philippe a en effet déclaré que l’objectif de baisse à 50% de la part de l’atome dans l’électricité française, serait tenu dans des délais raisonnables et crédibles, sans pour autant s’engager sur une année précise tant les paramètres à prendre en compte sont complexes.

2030-2035, un « horizon sain » pour Edouard Philippe

En annonçant au début du mois de novembre 2017 le report, après 2025, de la réduction de la part du nucléaire à 50% de la production électrique, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, l’avait affirmé : « dans un an, nous aurons un scénario totalement planifié. Nous serons capables de savoir combien de réacteurs, à quelle échéance et sur quel critère nous allons parvenir à cet objectif ». Une certitude qui ne semble pas vraiment partagée par le Premier ministre Edouard Philippe moins enclin à s’engager sur les délais.

Interrogé mercredi 22 novembre dans l’émission « En direct de Médiapart », le chef du gouvernement a en effet rappelé qu’il n’était pas « un fétichiste de la date » et que fixer un délai aussi précis pour un objectif si complexe n’était pas nécessairement évident, toute démagogie exclue. S’il ne remet pas en cause l’échéance de 2030 ou 2035, qu’il juge à la fois saine et crédible pour garantir la sûreté et la sécurité de la production d’énergie ainsi que l’accessibilité à cette énergie à un coût supportable pour tous les citoyens, le Premier ministre se veut toutefois pragmatique. « Je me fixe ça (2030-2035), pardon je ne suis pas un fétichiste de la date en la matière parce que (…) ça s’organise, parce que c’est redoutablement complexe, parce que sur chaque territoire ça pose des problèmes qui peuvent être différents », a-t-il plaidé. « Il y a quand même toute une série de territoires où le tissu humain, social, industriel, s’est organisé autour de ça (le nucléaire). On peut le regretter ou s’en féliciter, mais c’est comme ça. C’est bien beau de se fixer une date si ce n’est pas réalisable, donc moi (…) je dis que c’est un horizon qui est un horizon sain », a-t-il poursuivi, soulignant les « difficultés » posées par la double nécessité de réduire la consommation d’électricité et de favoriser l’essor des renouvelables.

Une dimension économique et sociale à prendre en compte

Réduire la part de l’énergie nucléaire à 50% de notre mix électrique (contre 75% actuellement) pose en effet de nombreuses questions quant à la sécurité de notre approvisionnement énergétique bien sûr, mais également quant au devenir des territoires concernés qui se verront privés de nombreux emplois et d’une part importante de leurs ressources fiscales. Les centrales nucléaires d’EDF sont généralement indispensables au dynamisme économique de régions souvent touchées par le chômage et la précarité, comme le confirme une étude de l’Insee publiée en 2015 sur l’inscription territoriale de la centrale de Fessenheim (première centrale française concernée par ce processus de fermeture anticipée). Selon cette enquête, l’arrêt de cette unité de production affecterait plus de 2000 emplois et pourrait influer de manière négative sur les revenus de plus de 5000 personnes extérieures à la centrale, comprenant à la fois les personnels des entreprises sous-traitantes directement impactées par l’activité de la centrale, mais également les emplois induits par la consommation des ménages de ces salariés.

Que l’on soit pour ou centre l’énergie nucléaire dans sa globalité, la fermeture d’une centrale n’est donc pas anodine et comprend une réalité sociale qui doit être prise en compte dans le choix des unités à fermer en priorité comme dans le choix des délais applicables. Consciente de ces enjeux, la présidente de la commission du Développement durable de l’Assemblée et ex-secrétaire d’Etat à la Biodiversité, Barbara Pompili, a annoncé en parallèle mercredi 22 novembre le lancement, d’ici la fin de l’année, d’une mission d’information sur la fermeture des centrales.

Une mission d’information de l’Assemblée sur la fermeture des centrales

Consacrée à la sûreté nucléaire, ainsi qu’à la dimension financière et sociale des fermetures de centrales envisagées dans la prochaine décennie, cette mission d’information veut pouvoir apporter sa pierre à la réflexion entamée par le ministre de la Transition écologique et solidaire. Sur cette « question essentielle de transition énergétique et écologique et alors que les enjeux sont graves, il faut agir avec méthode, intelligence, en associant les acteurs (…). Cela concerne les territoires, les emplois, je ne veux pas faire ça n’importe comment mais je veux que fin 2018 on ait une idée claire », a déclaré l’élue LREM devant l’Association des journalistes parlementaires.

Crédits photo : Edouard Philippe (Twitter)

Rédigé par : La Rédaction

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