Mis à contribution l’hiver dernier dans le secteur de la production d’électricité, le gaz constitue une énergie d’appoint rapidement mobilisable permettant de couvrir de manière efficiente les pics de consommation hivernaux. Mais encore faut-il disposer des réserves suffisantes. Selon Storengy, le principal opérateur de stockage de gaz dans l’Hexagone, la France pourrait connaître des problèmes d’approvisionnement en gaz l’hiver prochain, compte tenu de la faiblesse actuelle des demandes de stocks des fournisseurs.
Dans un communiqué paru mercredi 12 avril 2017, la filiale d’Engie spécialisée dans le stockage souterrain de gaz, tire la sonnette d’alarme. Le niveau des réservations de stockage de gaz par les différents fournisseurs serait à ce jour trop bas pour couvrir la demande en cas de vague de froid, et mettrait en péril la sécurité d’approvisionnement de la France pour l’hiver 2017-2018. « Nous pensons qu’il y a un vrai risque pour l’hiver prochain« , explique la directrice générale de Storengy, Cécile Prévieu, lors d’une conférence de presse. « Pour Storengy, il n’a été souscrit que 42,7 térawattheures (TWh) sur 102, c’est-à-dire moins de la moitié (42%). « C’est très faible (…) Aujourd’hui, si on reste comme ça, ce ne sont pas les stockages qui permettront d’assurer la continuité de fourniture, y compris des particuliers en France« , prévient la dirigeante.
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Pour assurer la sécurité d’approvisionnement du pays, les fournisseurs ont l’obligation légale de stocker avant le 1er novembre des volumes de gaz suffisants pour pouvoir répondre à la demande hivernale des clients connectés au réseau de distribution. Problème, le différentiel entre les tarifs estivaux et hivernaux du gaz s’étant considérablement réduit, les fournisseurs n’ont plus d’intérêt économique à constituer de stocks à l’avance, et cela même malgré les baisses de prix consenties par Storengy. « Avant, ils achetaient du gaz moins cher l’été pour le revendre à un prix plus élevé l’hiver, période de forte consommation. Mais sous l’effet d’une ressource abondante, ce différentiel s’est fortement réduit depuis quelques années et ne couvre plus les coûts de stockage« , précise Cécile Prévieu.
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Storengy précise qu’en cas de souscriptions complémentaires trop tardives, les stockages ne pourraient plus être physiquement remplis pour le début de l’hiver (ces opérations pouvant prendre plusieurs mois), et demande au ministère de l’Energie, une réforme urgente du système actuel. L’opérateur de stockage souhaiterait notamment que l’Etat contraigne les fournisseurs à respecter leurs obligations sous peine de pénalités financières, voire d’un retrait de leur licence.
Crédits photo : Storengy
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