Emmanuel Macron, figure de proue du courant progressiste, veut défendre la loi de transition énergétique. Le texte phare du précédent quinquennat fixe plusieurs objectifs à atteindre à l’horizon 2050. Pour y parvenir, il pourra notamment s’appuyer sur les travaux de l’Agence Nationale pour la Coordination de la Recherche pour l’Energie (ANCRE), qui propose « une trajectoire satisfaisant au mieux les différents objectifs de la loi ».
Emmanuel Macron réaffirme son ambition pour la transition énergétique
Après avoir rallié à lui François Bayrou, Emmanuel Macron a convaincu le leader du le Mouvement des progressistes, Robert Hue. Le nouvel artisan de la synthèse était récemment l’invité du WWF où il a confirmé son intention de mettre en œuvre la loi de transition énergétique : « je garderais le cadre de la loi de transition énergétique car je pense qu’il est bon » avait-il expliqué à Pascal Canfin.
L’héritier du hollandisme conserve donc le travail de Ségolène Royal, considéré par le président lui-même comme « l’un des textes les plus importants du quinquennat ». Ainsi, dans le Journal de l’Environnement Valéry Laramée de Tannenberg résume : « Emmanuel Macron : un programme dans la continuité ». Pour financer son programme d’investissement de 50 milliards d’euros, dont un tiers sera consacré à la poursuite de la transition énergétique, l’ancien banquier d’affaires suggère de recourir à l’emprunt.
Mais concrètement, pour appliquer la loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV), le candidat doit donc trouver les moyens de « diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2050 (facteur 4) » et de « réduire la consommation énergétique finale de 50 % en 2050 par rapport à la référence 2012 ». Des objectifs ambitieux – quoique insuffisants pour respecter l’Accord de Paris – mais qui mériteraient d’être précisés. Invité par la plateforme équilibre des énergies (Eden), le représentant du candidat spécialisé sur les questions énergétiques , Julien Marchal, a réaffirmé l’intention de son mouvement d’accompagner « tous les acteurs de la transition énergétique afin d’atteindre les objectifs de la loi TECV ».
Avec cet engagement, pour le juriste spécialisé dans le droit de l’environnement Arnaud Gossement, « on reste sur sa faim » ! Un reproche qui ressemble d’ailleurs à celui formulé par le Conseil Economique, Social et Environnemental au moment de rendre ses préconisations sur la transition énergétique 2020-2050.
Sur l’écologie @EmmanuelMacron promet d’abord d’appliquer la loi transition énergétique : c’est bien mais insuffisant. On reste sur sa faim.
— Arnaud Gossement (@ArnaudGossement) 2 mars 2017
En 2013, l’Assemblée de la société civile demandait des clarifications par l’intermédiaire du climatologue, Jean Jouzel et de la représentante du MEDEF, Catherine Tissot-Colle. Au nom de la section de l’environnement du CESE, ils suggéraient par exemple « d’appuyer le débat sur des scénarios à l’horizon 2050 riches, pluralistes, transparents dans leurs déterminants et accessibles à tous ».
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L’ANCRE propose une trajectoire pour les objectifs 2050
Seulement depuis la préparation de la transition énergétique progresse. Le 8 février dernier, l’Agence Nationale pour la Coordination de la Recherche pour l’Energie (ANCRE) a publié son « scénario Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte ». Pour réaliser cette étude, plusieurs experts ont été sollicités ; parmi eux : Nathalie Alazard-Toux de l’Institut Français du Pétrole et des Energies Nouvelles (IFPEN), Patrick Criqui du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et Jean-Guy Devezeaux de Lavergne du Centre à l’Energie Atomique et aux énergies alternatives (CEA).
Dans ce document, les quatre principaux secteurs concernés par la consommation énergétique sont évoqués : le résidentiel-tertiaire, les transports, l’industrie et la demande en électricité. Pour ce qui concerne le bâtiment d’abord, les spécialistes mettent en garde contre l’effet rebond, c’est-à-dire « la perte d’une partie des gains d’efficacité du fait d’une hausse de la demande liée à la baisse des coûts des services énergétique ou à l’apparition de nouveaux usages ».
En ce qui concerne le secteur du transport en revanche, les spécialistes sont beaucoup plus optimistes. Et pour cause, « de nombreuses transformations sont impulsées par les changements de répartition modale », conduisant à une importante baisse de la consommation d’énergie finale (-50%). Plusieurs raisons sont avancées ; en premier lieu la numérisation du secteur du transport va permettre une meilleure gestion du trafic routier. Par ailleurs, le développement des modes de transports alternatifs, combiné à une réduction et une hybridation du parc automobile, justifient ces prévisions encourageantes.
Au niveau de l’industrie, les hypothèses retenues restent optimistes mais sont aussi plus surprenantes. D’une part, l’ANCRE suppose que la part de l’industrie va rester constante au sein de l’économie nationale et prévoit même une « hausse sensible de l’activité ». Malgré ces postulats, les chercheurs confirment la division par 4 des émissions de gaz à effet de serre, non seulement grâce au renforcement des énergies décarbonées au sein du mix énergétique mais aussi du fait de « la mise en oeuvre dès 2025 du captage-stockage de CO2 sur les grands sites industriels ».
Enfin, pour la demande d’électricité l’ANCRE estime que la demande va augmenter de 15% entre 2015 et 2050. Plusieurs facteurs expliquent cette hausse ; là encore les hydrocarbures vont être substitués par des sources décarbonées d’électricité, pour accompagner le développement de l’électromobilité et « la croissance des consommations des centres de données et systèmes informatiques (data centers et réseaux), directement liée au déploiement du numérique ».
D’après ce scénario, la production des énergies renouvelables est multipliée par plus de 3 pour atteindre 50% de l’électricité produite en 2050. Toutefois, pour que ces évolutions n’entraînent pas une augmentation des émissions de CO2, un effort particulier devra être réalisé pour accroître les capacités de stockage et autres moyens de gestion de charges. Selon les estimations avancées, la transition énergétique ne sera un succès qu’à condition qu’on parvienne à gérer la variabilité de l’offre et de la demande, et donc que les capacités de stockage passent de 5GW aujourd’hui à 30GW en 2050.
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