Malgré des résultats toujours dans le rouge en 2016, le groupe Areva serait sur « la voie du redressement » selon son directeur financier Stéphane Lhopiteau. Le groupe nucléaire français, qui a publié mercredi 1er mars ses résultats pour l’exercice 2016, affiche en effet une dette en forte réduction et des perspectives d’amélioration certaines en lien avec le plan de restructuration et de recapitalisation entamé ces derniers mois.
Areva divise sa dette par trois en un an
Après plusieurs années sur un marché globalement défavorable, le plan de restructuration en cours actuellement, a semble-t-il eu des effets bénéfiques sur la santé du groupe industriel français. Areva a, en l’espace d’une année, divisé sa dette opérationnelle par trois, passant de -2,04 milliards en 2015 à -665 millions d’euros l’année passée. « Ce n’est pas satisfaisant d’être en perte mais on voit bien (…) que le groupe est sur la voie du redressement« , a assuré le directeur financier, Stéphane Lhopiteau, lors d’une conférence téléphonique donnée mercredi en marge de la publication des résultats du groupe.
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Ces résultats sont d’autant plus encourageants qu’Areva évolue toujours dans un environnement « très difficile » marqué par « une forte baisse des prix de marché de l’uranium et de l’enrichissement ainsi qu’un ralentissement des services sur les réacteurs en exploitation« , précise le communiqué officiel. La vaste restructuration et le plan de performance du groupe engagés cette année lui ont permis de faire fi de cette conjoncture morose et de préparer le retour à la croissance. Le plan d’économies de 1 milliard d’euros visé à l’horizon 2018, est déjà réalisé à plus de 70%, et le groupe projette deux augmentations de capital d’un total de 5 milliards d’euros, dont 4,5 milliards apportés par son actionnaire majoritaire, l’Etat français.
Plan de recapitalisation et cession d’Areva NP
Validée au début du mois de février par les actionnaires du groupe à l’occasion de deux assemblées générales consécutives, cette recapitalisation devrait avoir lieu au mois de juin 2017 sous la forme de deux levées de fonds. Une première d’un montant de 2 milliards d’euros réservée à l’Etat et injectée directement dans Areva SA, holding de tête du futur groupe restructuré. Et une seconde d’un montant de 3 milliards d’euros destinée à NewCo, le nouvel Areva dont les activités iront de l’extraction de l’uranium jusqu’au démantèlement des centrales, suite à la cession de l’activité réacteurs à EDF au second semestre 2017. Les groupes japonais MHI et JNFL, qui ont déjà officialisé leur participation, contribueront à cette seconde levée de fonds à hauteur de 500 millions d’euros, soit l’équivalent de 10% du capital de NewCo. L’Etat, qui s’était engagé à assurer le succès de l’opération, devra donc prendre le reste en charge, à savoir 2,5 milliards d’euros, si d’autres investisseurs étrangers ne sont pas ajoutés au tour de table d’ici là.
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En parallèle, le contrat fixant les termes de la cession de l’activité réacteurs d’Areva confèrera à EDF le contrôle exclusif d’une nouvelle entité (« NEW ANP ») filiale à 100% d’AREVA NP, qui regroupera les activités industrielles, de conception et de fourniture de réacteurs nucléaires et d’équipements, d’assemblages combustibles et de services. Il prend en compte les nouvelles mesures liées à la réorganisation récente du groupe Areva, et exclut le nouveau propriétaire des risques financiers liés aux surcoûts et retards du chantier du réacteur EPR en construction en Finlande (Olkiluoto 3), ainsi que certains contrats relatifs à des pièces forgées dans l’usine du Creusot. L’accord prévoit enfin à côté du contrôle majoritaire donné à EDF (au moins 51% des actions et droits de vote), la participation d’Areva comprise entre 15 et 25% dans le cadre d’un partenariat stratégique, et la participation potentielle d’autres partenaires minoritaires jusqu’à 34%.
Si elles ne sont déjà plus admises dans les comptes d’Areva, l’ensemble de ces activités « refondues » dans NewCo ou « sur le point d’être cédées » à EDF ont représenté en 2016 un chiffre d’affaires de 7,54 milliards d’euros, dont 4 milliards pour NewCo. Le chiffre d’affaires d’Areva a été quant à lui divisé par trois, à 10 millions d’euros en 2016, et se limite désormais aux seules activités résiduelles du groupe, comme le chantier OL3 ou la bioénergie en cours d’arrêt.
Une restructuration conditionnée au feu vert de la Commission européenne
Rappelons toutefois que ce plan de restructuration, considéré jusqu’à présent comme « conforme aux règles de l’UE en matière d’aides d’Etat« , a reçu le feu vert de principe de la Commission européenne sous réserve de la levée de deux conditions préalables.
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Bruxelles souhaite en effet que l’autorisation de la cession d’Areva NP à EDF (hors chantier OL3) en vertu des règles européennes sur les concentrations soit validée également et que les essais destinés à démontrer la conformité de la cuve du réacteur EPR en chantier à Flamanville soient concluants. Un dernier point sur lequel les groupes EDF et Areva se disent confiants mais qui nécessitera d’attendre les conclusions de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) annoncées pour la fin du premier semestre.
Crédits photo : Guilhem Vellut
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