Etats-Unis, Trump, oléoducs et indépendance énergétique

Etats-Unis, Trump, oléoducs et indépendance énergétique

oléoducs

Aux Etats-Unis, la stratégie énergétique de Donald Trump continue de faire couler beaucoup d’encre. A l’heure de la transition énergétique, Washington réaffirme certes son attachement aux énergies fossiles, mais privilégie encore une fois l’indépendance nationale. Avec la construction du Dakota Access Pipeline et de l’oléoduc Keystone XL, la nouvelle administration compte bien réduire ses importations en hydrocarbures. 

Pipeline : faire un pont entre les générations ?

Deux jours après son investiture, Donald Trump  a opté pour l’édification d’oléoducs : le Keystone XL et le Dakota Access Pipeline (DAPL). Deux projets, timidement contestés par Barack Obama à la fin de son deuxième mandat qui reviennent au cœur de la politique énergétique de Washington. Car plutôt que de s’approvisionner au Moyen-Orient ou au Vénézuela, la nouvelle administration est bien décidée à exploiter ses propres réserves d’hydrocarbures pour assurer son indépendance énergétique. Matthieu Auzanneau en atteste dans un livre sur l’histoire du pétrole devenu une référence : « dans le Nord-Est des Etats-Unis, au sud du grand lac Érié, beaucoup d’habitants ont oublié que leurs vallées désormais assoupies, situées sur une bande de 80 kilomètres au pied des monts Appalaches, à mi-chemin entre Pittsburgh et Cleveland, furent longtemps appelées les « Oil regions », creuset ardent de l’industrie pétrolière américaine ».

Donald Trump face au mouvement écologiste

La décision du nouvel occupant de la Maison Blanche est cependant loin de faire l’unanimité. Comme souvent, une kyrielle d’organisations non-gouvernementales s’oppose au nouveau chef de l’exécutif. Tandis que l’ONG Friends of the Earth dénonce son « allégeance aux groupes pétroliers et aux banques de Wall Street”, le directeur du Sierra Club, Michael Brune s’insurge contre ce qu’il qualifie de « la plus dangereuse et la plus redoutée des attaques contre le climat”. Annie Leonard de Greenpeace promet enfin que l’organisation jettera toutes ses forces dans la résistance.

Mais tandis que la résistance écologique s’organise, une question demeure. Car un renoncement des Etats-Unis à la construction de ces deux oléoducs renforcerait les liens que le pays entretien avec l’Irak, d’où provient une grande partie de ses hydrocarbures. Or la nouvelle administration ne semble absolument pas encline à dépendre de l’extérieur, notamment dans un domaine clef comme celui de l’énergie.

Des retombées économiques pour l’Amérique du Nord

Au Canada en revanche, on préfère défendre le projet de Donald Trump. Comme la ministre des affaires étrangères Chrystia Freeland le rappelle, les autorités canadiennes sont “en faveur de Keystone et comme chacun le sait, le côté canadien de ce projet est déjà approuvé”. Le PDG de TransCanada, Russ Girling, estime quant à lui que « ce projet d’infrastructure financé par le secteur privé va permettre de répondre aux besoins croissants d’énergie de l’Amérique, en plus de créer des dizaines de milliers d’emplois bien rémunérés et de générer des retombées économiques substantielles aux États-Unis et au Canada”.

Au total, 28 000 emplois pourraient être créés grâce à ces nouvelles installations. Éstimé à 3,9 milliards de dollars, le DAPL traverse 4 Etats américains, il pourra acheminer 570 000 barils de pétrole par jour dans des canalisations qui s’étendront sur 1885 km.  Lancé dès 2008, le pipeline Keystone XL s’étendra sur 1900 km et reliera le Canada au Golf du Mexique. Il pourra acheminer l’équivalent de 830 000 barils de brut par jour et selon les estimations de TransCanada, réduire la dépendance énergétique américaine envers le Venezuela et le Moyen-Orient de 40%.

Les Sioux demandent une rencontre avec Donald Trump

Alors que le problème des fuites et le risque de pollution préoccupent toujours les communautés amérindiennes, le Sénateur du Dakota du Nord, John Hoeven, a expliqué que ce projet serait “construit avec les mesures de sécurité nécessaires pour protéger la tribu sioux de Standing Rock, et les autres en amont du Missouri“. Une étude d’impact environnemental (EIS) est attendue par le chef de la tribu du camp de Standing Rock, David Archambault II. Ce dernier a également proposé une rencontre à Donald Trump le 25 janvier dernier.

Dans le courrier qu’il adresse au président américain, le  chef de tribu ne se dit pas opposé à la notion d’indépendance énergétique, ni à l’ambition américaine de renforcer la sécurité nationale ou de créer des emplois. Toutefois, le représentant des Natives demande à être consulté avant la mise en oeuvre de tout travaux de construction des oléoducs. Il serait sage de la part de Donald Trump d’accepter cette main tendue et d’entrer en pourparlers avec les populations amérindiennes concernées par le tracé de l’oléoduc, faute de devoir renoncer à son projet d’indépendance énergétique.

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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