A la veille de l’élection présidentielle, l’Union Française de l’Électricité (UFE) publie son livre blanc. Le document rassemble les propositions de la filière électrique française pour répondre aux défis des années à venir. Son ambition : “accompagner une stratégie de réindustrialisassions et d’innovation ambitieuse pour la France, sans émettre de gaz à effet de serre”.
La filière électrique représente environ 1 million d’emplois en France, tandis que le secteur génère environ 2,3 milliards d’euros d’excédent commercial. Au total, la production nationale se porte à 546 TWh, quand la consommation est estimée à 479 TWh. Cette gigantesque quantité d’énergie décarbonée est utilisée à 36% pour répondre aux besoins du secteur résidentiel, à 33% pour le secteur tertiaire, à 27% pour l’industrie, à 2% pour l’agriculture et à 2% pour les transports.
Avec le “Clean Energy Package” de l’Union européenne et la transition énergétique de Ségolène Royal, les ambitions pour le secteur ne manquent pas. Soucieuse de contribuer aux réflexions, l’UFE a souhaité formuler des solutions à même de “répondre aux nouvelles aspirations des consommateurs, des territoires, des salariés et de la société dans son ensemble“. En tout, cinq recommandations, regroupant plusieurs propositions concrètes, ont ainsi été élaborées :
Avant de détailler les 3 mesures utiles à la poursuite de la lutte contre le réchauffement climatique, les auteurs du livre blanc rappellent que l’électricité représente moins du quart de la consommation d’énergie française. C’est pourquoi, ils suggèrent d’accentuer les efforts d’économies d’énergie pour les secteurs du bâtiment et des transports. Pour améliorer l’efficacité climatique de ces deux secteurs particulièrement énergivores, ils préconisent notamment de favoriser les transferts d’usages et la mobilité électrique.
Parallèlement, ils souhaitent encourager les investissements bas carbone et l’efficacité électrique, en renforçant d’une part la contribution climat énergie et en révisant d’autre part le mécanisme EU/ETS (European Union Emission Trading Scheme). Plus largement, le document propose un alignement de “l’ensemble de la fiscalité énergétique avec les objectifs climatiques”. Pour ce faire, plusieurs options peuvent être envisagées. Parmi elles, la suppression des exonérations de taxe sur la consommation des produits pétroliers (TICPE), ou encore le recentrage du Crédit d’impôt Transition Energétique (CITE).
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Afin d’adapter le système électrique aux enjeux d’aujourd’hui et de demain (ENR, stockage, smartgrids…), l’UFE plaide en faveur d’une orientation des financements publics vers ces nouvelles technologies. Les fonds européens (programmes Horizon 2020 et New Entrant Reserve 300) ainsi que le troisième volet du programme d’investissements d’avenir (PIA III), seraient des outils tout à fait adaptés pour répondre à cet impératif. Par ailleurs, une refonte du Tarif d’Utilisation des Réseaux Publics d’Électricité (TURPE) et une adaptation du cadre de l’autoconsommation permettraient d’anticiper et de financer les évolutions des infrastructures.
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Si l’objectif reste évidemment de maintenir les tarifs de l’électricité pour les consommateurs, leur évolution devra toutefois tenir compte du financement de la transition énergétique. C’est pourquoi, pour les ménages, la maîtrise de la facture d’électricité passe nécessairement par l’adoption de mesures d’efficacité énergétique, telles que l’isolation des combles, mais aussi le développement de la domotique. Du côté des entreprises, les auteurs du document insistent sur la nécessité de “préserver les mesures existantes en faveur des consommateurs électro-intensifs exposés à la concurrence“.
Dans le même temps, l’UFE accorde une attention toute particulière aux consommateurs qualifiés de « fragiles ». A ce titre, l’association invite le futur gouvernement à travailler sur le phénomène de précarité énergétique et propose de lancer une campagne de communication ciblée pour avertir de l’arrivée, en 2018, du chèque énergie en remplacement des tarifs sociaux. Enfin, la transition énergétique doit également conduire à l’émergence de nouveaux services pour les consommateurs. Avec les compteurs intelligents, les objets connectés ou la gestion des effacements, la maîtrise de la consommation énergétique doit pouvoir passer par une offre personnalisée, limitant les dépenses aux seuls usages des ménages.
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L’UFE s’inquiète de la faiblesse structurelle du marché de l’électricité en France et sur l’ensemble du continent. L’organisation rappelle en substance que les prix de gros étant inférieurs aux coûts de revient, cela menace directement la sécurité d’approvisionnement. Dans ce contexte, la France peut et doit jouer un rôle de moteur afin “d’approfondir la coopération européenne” et “promouvoir la complémentarité des outils de production“. Pour y parvenir, elle devra entre autre tenir compte des retours d’expérience suite à la mise en place du mécanisme de capacité au 1er janvier 2017, mais aussi renforcer les interconnexions pour stimuler les échanges transfrontaliers, et surtout tenir son rang au sein du Conseil Européen post-Brexit. L’Hexagone devra par exemple défendre la compatibilité de la production d’électricité nucléaire avec le développement de la production d’énergie renouvelable.
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Le livre blanc souligne enfin l’importance d’anticiper les transformations de la filière électrique. Pour cela, les adhérents de l’UFE parmi lesquels, le Syndicat des Energies Renouvelables, France Hydro Électricité, Électricité de France, Engie, Direct Energie, la CNR, Idex, Energy Pool, l’UNELEG et UNIPER, souhaitent “conduire une prospective des emplois et compétences“. Il s’agit en réalité de “sécuriser les compétences de demain” tout en “encourageant l’innovation technologique” dans les différents bassins d’emploi. Dans cet effort de renforcement de l’ensemble de la filière, les adhérents de l’UFE ont également la volonté de confier aux partenaires sociaux la mission de faire évoluer le cadre statutaire afin d’adopter une “approche transverse de filière” et ainsi faciliter “les déplacements d’emplois entre les branches“.