Europe : recul historique de la consommation d’énergie au 2e semestre 2022 - L'EnerGeek

Europe : recul historique de la consommation d’énergie au 2e semestre 2022

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20,1 % : c’est le volume de gaz naturel qui n’a pas été consommé en Europe d’août à novembre 2022, comparé à la même période, de 2017 à 2021. Dans le même temps, la consommation d’électricité a chuté de 10 %. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Un peu des deux.

Oui, constater que l’ensemble des acteurs économiques, particuliers, administrations comme entreprises, sont capables de modifier leurs habitudes et pratiques, et ainsi, de moins consommer d’énergie, est un motif de satisfaction, dans le contexte de crise actuelle. Mais c’est aussi un motif sérieux d’inquiétude : il est clair qu’une partie de cette baisse de consommation est contrainte, principalement, pour ne pas dire, exclusivement, à cause des prix de l’énergie. Quasiment aucune activité économique ne peut supporter un doublement, triplement, parfois, quintuplement ou plus encore, de ses dépenses énergétiques.

Résultat inéluctable : une partie de la baisse de consommation constatée est en réalité due à la destruction de demande. Mais le pire est devant nous : au fur et à mesure que les entreprises et industriels recevront leurs nouvelles conditions tarifaires, et les factures les accompagnant, la destruction de demande sera de plus en plus visible, de moins en moins impossible à nier.

Baisse de la consommation d’énergie, ou destruction de demande ?

On parle de destruction de la demande d’énergie quand un consommateur, quel qu’il soit, cesse d’utiliser de l’électricité ou du gaz, totalement ou partiellement, sans remplacer cette énergie par une autre. Il en va de même pour quelqu’un, personne physique ou personne morale, qui cesserait de commander du fuel, contraignant la chaudière ou la chaufferie à l’arrêt forcé, faute de combustible.

On sait d’ores et déjà que ce sont les secteurs du raffinage et de la pétrochimie (-33 %), de la chimie (-25 %), de la métallurgie (-27 %), et de l’agro-alimentaire (-17 %), qui ont le plus réduit leur consommation / renoncé à consommer de l’énergie.

Les conséquences de cette baisse de consommation sont multiples. D’un côté le réseau électrique est moins sous tension que prévu, même si la France continue à importer jusqu’à 15 MW en période de pointe, au prix fort du marché spot. De l’autre, les réserves de gaz sont nettement plus hautes, à date, comparé à ce qu’elles étaient à la même époque les années précédentes.

Des pans entiers de l’économie menacés par l’explosion des prix de l’énergie

De l’autre, il y a donc des industries et des activités économiques artisanales qui sont menacées d’une disparition rapide, à cause des prix élevés de l’énergie, qui ne sont pas compatibles avec leurs plans d’affaires. On sait que Duralex et William Saurin ont fermé leurs usines et que ces deux géants de l’industrie vont être rapidement suivi par d’autres. On sait aussi que les boulangeries, pour ne prendre que cet exemple, sont de plus en plus nombreuses à réduire l’utilisation de leurs fours, en optimisant le chargement et en ne cuisant que les produits les plus rentables. D’autres ont déjà fermé, ou s’apprêtent à le faire.

En résumé, la baisse de la consommation permet d’éviter les coupures d’approvisionnement, à court et moyen terme, mais menace de disparition des dizaines de milliers d’entreprises, et centaines de milliers d’emplois, peut-être, des millions…

Rédigé par : Jean-Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud
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COMMENTAIRES

  • Europe : niveau d’isolation des bâtiments selon les pays

    La France parmi les 3 derniers et c’est plutôt inquiétant si l’on analyse en plus également le niveau du système énergétique global français (re)pensé dans l’urgence dans les années 70 et ses nombreuses failles dont on n’arrête plus de payer les conséquences, et çà va durer puisqu’il n’y a guère d’études et modélisations très approfondies et suffisamment indépendantes du système énergétique global français et que l’on hérite d’un système historiquement volontairement trop centralisé, alors que les technologies et approches se sont étendues et ont largement évolué depuis. Mais les esprits et surtout les rentes mettent plus de temps à s’adapter comme à anticiper !

    Les scientifiques montrent la lune, études et modélisations à l’appui, et les imbéciles regardent leur doigt !

    Des recherches récentes montrent que les pertes de température dans les habitations varient considérablement en Europe.

    Ces différences sont dues à la qualité de l’isolation des bâtiments car les températures extérieures ont été normalisées à 0 °C pour tous les pays analysés.

    80 000 maisons dans 11 pays européens ont été étudiés entre décembre 2019 et janvier 2020.

    Les pertes de température dans les habitations sont les plus élevées au Royaume-Uni, qui possède le parc immobilier le plus ancien : 37 % des maisons britanniques ont été construites avant 1946.

    Une maison au Royaume-Uni avec une température intérieure de 20 °C et une température extérieure de 0 °C perd 3 °C en moyenne au bout de cinq heures.

    Les foyers britanniques perdent leur chaleur trois fois plus vite que les foyers norvégiens et allemands.

    Le Royaume-Uni est suivi par la Belgique (2,9 °C), la France (2,5 °C), les Pays-Bas (2,4 °C) et l’Espagne (2,2 °C).

    La perte de chaleur est plus élevée dans ces cinq pays que la perte moyenne (1,8 °C) de tous les pays évalués.

    Cartographie des pertes thermiques par pays, la France parmi les 3 derniers (de plus les contrôles de qualité des isolations constatent un niveau élevé de malfaçons, outre l’éco-délinquance qui sévit dans l’Hexagone)

    https://images.ctfassets.net/rro4wewtydcy/Lwz5XFahuopzc37akLfRl/8527606f92236b6a42e6b2143140e40c/EN_Europe_heat_loss_map_V3.jpeg?w=1200&q=90

    Quels pays ont la meilleure isolation :

    La Norvège, avec 0,9 °C, et l’Allemagne, avec 1 °C, sont les pays où les pertes de température des habitations sont les plus faibles.

    Les taxes sur l’énergie sont chères notamment en Allemagne et au Danemark mais elles financent cette isolation et l’efficacité énergétique, d’où – malgré un tarif TTC assez élevé – des factures au final moins importantes et une meilleure sécurité du réseau (bien moins de coupures électriques par exemple qu’en France)

    La Suède, le Danemark et l’Autriche ont tous trois une perte de température moyenne à domicile de 1,2 °C. En Italie, cette valeur est de 1,5 °C.

    Les coûts énergétiques sont plus que doublés pour les vieilles maisons

    L’âge d’une maison a une grande influence sur ses pertes de chaleur, ainsi que sur toute une série d’autres mesures d’efficacité énergétique.

    Au Royaume-Uni, des recherches menées par l’Office of National Statistics montrent que les coûts énergétiques des logements anciens sont plus de deux fois supérieurs à ceux des logements plus récents.

    Pour mettre cela en perspective : en Angleterre, en 2019, le coût énergétique moyen estimé par an pour un logement ancien était de 885 £ (1 028 €), contre seulement 399 £ (463 €) pour un logement plus récent.

    Récemment, avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les prix ont évidemment explosé

    Le groupe de campagne sur le climat Insulate Britain n’est pas le seul à appeler à l’isolation de la Grande-Bretagne. Le Royal Institute of British Architects (RIBA) a plaidé pour une isolation massive des banlieues anglaises de l’entre-deux-guerres.

    “Une très grande partie d’entre elles n’ont pas subi de modifications des murs depuis leur construction, ce qui signifie qu’elles ne sont pas isolées”, indique un rapport du RIBA. Il a été calculé qu’une bonne isolation, un double ou triple vitrage et le remplacement du chauffage dans 3,3 millions de maisons de l’entre-deux-guerres pourraient réduire les émissions de carbone du pays de plus de 4 %.

    La plupart des logements ont été construits avant les premières réglementations thermiques

    Selon l’Observatoire du parc immobilier de l’UE, la plupart des bâtiments résidentiels ont été construits avant l’introduction des premières normes thermiques dans les années 1970. Ces mesures d’efficacité énergétique ont été introduites après les crises pétrolières causées par la guerre et les troubles politiques au Moyen-Orient.

    D’une manière générale, plus la part des nouveaux bâtiments résidentiels est élevée, plus la performance énergétique globale du parc immobilier sera élevée.

    Dans l’UE, 23 % des logements ont été construits avant 1945, et 26 % entre 1945 et 1969. Cela signifie que 49 % des logements ont été construits avant 1970. Seuls 23 % ont été construits après 1990.

    Quels pays européens possèdent les maisons les plus anciennes :

    Si l’on considère la proportion de logements construits avant 1945, le Royaume-Uni est en tête de liste avec 36,5 %, suivi de la Belgique (33,9 %) et du Danemark (31,9 %).

    C’est à Chypre que la proportion de logements construits avant 1945 est la plus faible, avec seulement 3 %. En Grèce cette proportion est de 7,3 %, suivie de la Roumanie (11,1 %). Dans 13 pays de l’UE, la proportion de logements construits avant 1945 est supérieure à 20 %.

    Le Royaume-Uni est également en tête de liste pour les logements construits avant 1970 avec 62 %. La Suède (60,5 %), l’Allemagne (59,4 %) et la Lituanie (59,1 %) suivent de près le Royaume-Uni. Ce chiffre est également élevé au Danemark (58,9 %) et en Belgique (58,5 %).

    Il n’y a que six pays dans lesquels moins d’un tiers des logements ont été construits avant 1970. Il s’agit de Chypre, de la Grèce, de l’Espagne, de l’Irlande, de Malte et de la Finlande.

    Quels sont les pays européens où les logements sont les plus récents :

    C’est à Chypre que la proportion de logements construits entre 1990 et 2014 est la plus élevée. Plus de la moitié des logements (54,2 %) de cette île ont été construits après 1990. Viennent ensuite l’Irlande (45,2 %) et le Luxembourg (41,6 %).

    La Lituanie, la Slovaquie et la Lettonie ont les parts les plus faibles de logements construits après 1990, soit moins de 13 %. Dans l’UE, 22,6 % des logements ont été construits après 1990.

    Le plan REPowerEU : Que propose l’UE

    L’amélioration de l’efficacité énergétique du parc immobilier est devenue de plus en plus critique dans de nombreux pays, compte tenu de la flambée des prix de l’énergie.

    La Commission européenne a présenté le plan REPowerEU, qui vise à économiser l’énergie, à produire de l’énergie propre et à diversifier les approvisionnements énergétiques. Le plan souligne également l’importance de l’isolation des bâtiments.

    Les économies les plus immédiates peuvent être réalisées en isolant mieux les équipements à haute température, parce que ces mesures ont des temps de retour sur investissement extrêmement courts.

    La Commission exhorte donc les États membres à utiliser pleinement les mesures de soutien telles que les taux de TVA réduits pour les systèmes de chauffage à haut rendement et l’isolation des bâtiments.

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