A la suite du feu vert accordé en début de mois par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le groupe EDF a annoncé le 12 décembre dernier le redémarrage de sept réacteurs nucléaires avant la fin de l’année. L’exploitant se veut rassurant sur la qualité des matériaux contrôlés ces derniers mois et sur la capacité du parc nucléaire français à assurer l’approvisionnement en électricité lors de la saison hivernale.
Des contrôles de sûreté concluants
En juin dernier, l’ASN avait demandé à l’exploitant EDF de mener des essais complémentaires sur les générateurs de vapeur équipant 18 réacteurs, affectés par des teneurs en carbone excessives. Certains fonds primaires de ces générateurs, fabriqués par Areva au Creusot (Saône-et-Loire) ou par JCFC au Japon, pouvaient en effet présenter une zone de concentration importante en carbone, susceptible d’affaiblir leurs propriétés mécaniques.
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A la suite d’une large campagne de tests opérés par EDF, l’ensemble des réacteurs contrôlés jusqu’à présent ont été considérés comme ne présentant pas de problème de sûreté. Sept réacteurs ont d’ores et déjà été redémarrés et sept autres devraient l’être avant la fin du mois de décembre suite à la validation des conclusions d’EDF par l’ASN. « Nous sommes en situation de confirmer les dates de retour des sept tranches (…) elles seront rentrées (sur le réseau NDLR) pour fin décembre », a affirmé lundi lors d’une conférence téléphonique Dominique Minière, Directeur exécutif du groupe en charge de la direction du parc nucléaire. « Trois d’entre elles (Tricastin 3, Gravelines 2 et Dampierre 3), redémarreront même dès le 20 décembre, l’ASN ayant donné son feu vert à la première étape de leur remise en service », a-t-il ajouté.
Un retour à la normale prévu avant l’hiver
La relance de ces réacteurs permettra au parc nucléaire français d’afficher un taux de disponibilité proche des 90% pour le mois de janvier soit un taux équivalent à la moyenne des années précédentes (un nombre minimum de réacteurs étant généralement en maintenance). « C’est ce que l’on vise chaque hiver lorsqu’on arrive dans la période froide, notamment en janvier-février », a assuré de son côté Philippe Sasseigne, directeur du parc nucléaire en exploitation d’EDF.
Contrairement à ce que laissaient entendre les alertes préventives de la RTE, le gestionnaire du réseau à haute tension, la France ne devrait donc pas connaître de pénurie d’électricité cet hiver quand bien même la consommation de courant atteindrait des sommets du fait d’une forte augmentation du recours aux chauffages électriques. Rappelons que le mix électrique français, s’il est composé à 75% d’énergie nucléaire, se caractérise également par sa diversité des sources de production d’électricité (renouvelables, hydroélectrique et thermique), et offre une forte flexibilité et réactivité au réseau en cas d’imprévu.
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Ce taux de disponibilité permettra également au groupe français d’atteindre « ses objectifs de production nucléaire pour 2016″, a ajouté Philippe Sasseigne. Revus légèrement à la baisse au mois de novembre par rapport au scénario initial, ces objectifs de production des centrales sont estimés entre 378 à 385 térawattheures (TWh).
Un parc nucléaire standardisé
Parallèlement, les contrôles liés aux teneurs en carbone excessives se poursuivront sur les quatre réacteurs qui restent encore à inspecter. L’unité Fessenheim 1 a été arrêtée le 10 décembre dernier mais les tests et le feu vert de l’ASN pourraient être finalisés en trois semaines, tandis que Gravelines 4 sera mis à l’arrêt ce week-end. Les contrôles sur les deux autres réacteurs en question (Tricastin 2 et Civaux 1) devaient être effectués avant le mois de janvier mais pourraient être décalés de quelques semaines supplémentaires, suite à une demande d’EDF à l’ASN.
« Cette demande est légitime (…) compte tenu de la démonstration que nous avons faite de la robustesse de nos matériels. Même si les teneurs en carbone relevées sur ces générateurs de vapeur sont supérieures à celles attendues, les marges prises lors de la conception de ces matériels sont suffisamment importantes pour assurer un fonctionnement en toute sûreté », explique Dominique Minière. EDF se montre d’autant plus confiant que son parc de réacteurs standardisés permet une détection et une prise en charge facilitée des événements ou anomalies éventuelles sur les équipements.
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En fin de compte, seuls 4 réacteurs sur les quinze à l’arrêt actuellement resteront indisponibles à plus long terme pour des raisons de maintenance ou de modernisation. Les réacteur n°2 de Fessenheim et n°5 de Gravelines ne reprendront pas le service avant le printemps 2017 selon EDF, du fait de défauts relevés sur les générateurs de vapeur, tandis que celui de Paluel 2 sera stoppé jusqu’en novembre 2017 suite à la chute d’un générateur de vapeur lors d’une opération de maintenance.
Crédits photo : EDF / ASN /RTE
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