Allemagne : le ministre de l’Economie et de l’Energie critique la transition énergétique - L'EnerGeek

Allemagne : le ministre de l’Economie et de l’Energie critique la transition énergétique

Sigmar_Gabriel_SPD_transition_énergétique_folieLes récentes déclarations du ministre allemand de l’économie et de l’énergie et vice-chancelier, M. Sigmar Gabriel ont de quoi faire polémique. Qualifiant la transition énergétique allemande d’échec, le ministre revient sans retenue aucune sur la hausse massive des prix de l’énergie et sur le recours croissant au charbon et au gaz, et l’augmentation des émissions de CO2 qui en ont résulté. Une évolution à l’opposé des objectifs de développement durable ciblés par l’Allemagne.

Dans son empressement pour réduire au maximum sa dépendance à l’énergie nucléaire et précipiter sa transition énergétique vers des énergies vertes, on peut se demander si l’Allemagne n’a pas sacrifiée la qualité de ses services d’approvisionnement énergétique pour un résultat plus que mitigé ?! C’est bien la problématique soulevée par les propos de M. Sigmar Gabriel qui n’a pas hésité semble-t-il, à remettre en cause les ambitions irréalistes de son pays en matière de renouvellement de son mix énergétique.

Le tournant allemand « Energiewende », visant à faire passer la part de la production renouvelable d’électricité à 80% en 2050, s’est dans les faits traduit par une forte augmentation des prix liée aux mécanismes étatiques de soutien aux énergies renouvelables et par une hausse sensible des émissions de CO2, contre lesquelles ce même plan était censé lutter.

Alors que la facture d’électricité des ménages s’est envolée de près de 200 % depuis l’année 2000 et la loi sur les énergies renouvelables, faisant ainsi de l’Allemagne le second pays où l’électricité est la plus chère en Europe, les centrales éoliennes et solaires ne représentent à ce jour que 13 % de la production totale d’électricité. Ne fournissant aucune garantie de production, ces centrales mettraient même en danger la stabilité du réseau électrique. De plus, les centrales électriques conventionnelles,  seules unités importantes capables de compenser ces effets négatifs, ont été poussées hors du marché et ferment à un rythme croissant. La production de CO2 de l’Allemagne n’a en outre pas diminué puisque les centrales au charbon ont dû compenser la fermeture des centrales nucléaires.

Un constat alarmant qui a sans doute motivé le vice-chancelier et président des sociaux-démocrates allemands (SPD), à sortir de sa réserve. Celui-ci  s’est en effet exprimé sans détour en déclarant que la transition énergétique était bien « sur le point d’échouer », que le gouvernement allemand aurait « sous-estimé la complexité de cette transition énergétique »  et que la volonté « d’un approvisionnement énergétique décentralisé et autonome » n’était qu’une « pure folie ».

Ajouté à cela l’impossibilité pour l’Allemagne de faire marche arrière en matière d’énergie nucléaire, une énergie à faibles émissions de CO2 que tous les partis politiques allemands ont décrié depuis des années, le gouvernement n’a d’autre choix que de revenir massivement au charbon, impliquant logiquement de nouvelles augmentations des émissions de CO2.

Une situation qui ne devrait pas s’arranger dans l’immédiat alors même que le gouvernement vient d’annoncer une réforme visant à enrayer la hausse du prix de l’électricité et à mieux encadrer le développement des énergies vertes.

Crédits photo : Amekrümel

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • Encore cette ineptie que l’on ne trouve que dans les médias français : les centrales au charbon auraient compensé la fermeture des centrales nucléaires.

    La réalité est bien différente. La diminution de l’électricité nucléaire (moins 44 TWh) a été en totalité compensée par l’augmentation de l’électricité renouvelable (plus 47 TWh) entre 2010 et 2013.

    http://energeia.voila.net/electri2/allemagne_nucle_charbon.htm

    L’augmentation de 8,6% pour le charbon et le lignite (23TWh) a simplement compensé le gaz (-22TWh) et le pétrole sur la même période de 2010 à 2013.

    Outre-Manche, l’utilisation du charbon a augmenté de 32% entre 2011 et 2012 (+33TWh) pour la production d’électricité. A quand un article à ce sujet ?

    Enfin, avec un hiver doux en France et donc moins d’exportations d’électricité de l’Allemagne vers la France, la production d’électricité fossile est nettement plus faible en Allemagne au premier trimestre 2014 qu’en 2013.

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  • Vos chiffres semblent justes, mais il n’en reste pas moins que l’EnergieWende, avec l’augmentation des rejets de CO2 et surtout de particules fines, à cause du transfert gaz-charbon, montre que ce projet n’a pas de priorité Écologique.
    En réalité les Allemands ont une priorité : protéger leur industrie te leurs entreprises (exonérées du surcoût des EnR).
    Et un objectif : sortir du nucléaire.
    C’est leur droit le plus strict (à part le fait qu’ils continuent à polluer notre planète), d’autant que la population a accepté de financer cette très coûteuse transition énergétique – bien qu’elle commence à le regretter.
    Là où l’erreur devient une faute, c’est que le système électrique Allemand devient de plus en plus instable au fur et à mesure qu’on s’approche du seuil de 30% d’énergies aléatoires. En l’état actuel des moyens techniques, et probablement pour longtemps encore, ce seuil est infranchissable.
    Les Allemands sont donc dans le mur, et leurs politiques sont trop instruits pour l’ignorer.
    Il faut donc le faire savoir aux nôtres, pour qu’on en tire les leçons : sauf à passer au charbon ou au gaz, avec l’impact sur le climat et la santé des personnes, le nucléaire est incontournable, à condition qu’il soit sûr. L’expérience montre que c’est le cas en France.

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  • En réalité, la régle de “merit order” fait que quand des renouvelables sont injectés sur le réseau, ils sont consommés en premier, et ce qui est chassé par leur introduction, c’est la consommation la plus couteuse, soit le gaz et le fioul. Affirmer que ce que les renouvelables aurait remplacé c’est le nucléaire n’est pas simplement arbitraire, c’est de manière démontrable faux. Pour facilement remplacer le nucléaire, il faut une production qui a des caractéristiques similaire, qui est produite de manière constante et centralisée toute l’année, le charbon. De 2003 à 2010, l’Allemagne était engagée dans un mouvement presque constant de réduction du charbon et du lignite, qui s’est justement inversé en 2011, et encore plus à partir de 2012 première année complète sans la contribution des réacteurs nucléaires. Quand à l’exemple de l’Angleterre, il est faussé par le fait que celle-ci est confrontée à une baisse forte de sa production domestique de gaz depuis la mer du nord, qui ne lui permet plus d’être indépendante à ce niveau et place financièrement le charbon à une place beaucoup plus intéressante.

    Enfin si même l’argument était juste, le remplacement du nucléaire par les renouvelables au prix d’une augmentation très forte de la taxe les finançant qui dépasse maintenant les 20 milliards d’euro par an n’aurait réalisé aucun gain carbone, en même temps que le remplacement du gaz par le charbon lui augmentait les émissions. Fort difficile dans tous les cas de considérer cela comme une situation positive.

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    • Vous avez l’air d’être documenté, puisque vous parlez savamment de “merit order”.
      Vous devez donc savoir que pendant certaines périodes de faible consommation on est “marginal nucléaire”, ce qui veut simplement dire que le nucléaire assure toute la consommation électrique, ce qui oblige à réduire la production nucléaire quand la consommation diminue.
      La France connaît parfois ces situations, notamment en plein été.
      Mais si l’Allemagne se trouve en surcapacité de production avec ses EnR (cas typique : lors d’un coup de vent), elle déverse sur notre réseau ses surplus d’électricité éolienne. Ceci oblige la production de nos centrales nucléaires à s’effacer, ce qui a un effet négatif sur leur rentabilité donc sur le coût du kWh qu’elles produisent.
      L’EnergieWende a des effets pervers, et pas qu’en Allemagne.

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  • Inventeur, j’accuse réception du dépôt de mon enveloppe “Soleau” déposée à l’INPI de Compiègne.
    Cette idée inventive est relative à la recherche de l’extraction des hydrocarbures non conventionnels, sans fracturation hydraulique, sans pollution de la nappe aquifère, ni de l’environnement.

    La France interdisant toutes études et recherches sur l’extraction du gaz de schiste, je vais m’adresser à l’Allemagne et à l’Angleterre, pour trouver un ou des partenaires financiers pour déposer les brevets européens et internationaux.

    Dommage pour l’emploi en France.

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