Le nucléaire au Japon, deux ans après Fukushima

Le nucléaire au Japon, deux ans après Fukushima

Un temps annoncée suite à  la catastrophe, la sortie du nucléaire d’ici 2030 n’est plus envisagée à ce jour au Japon. Deux après Fukushima, le nouveau gouvernement récemment élu s’est au contraire prononcé pour la relance du parc nucléaire et la construction de nouveaux réacteurs. L’explosion de la facture énergétique, en raison de la hausse des importations de matières fossiles nécessaires pour compenser la part de l’atome dans le mix électrique japonais, explique en grande partie ce choix.

Avant la catastrophe de Fukushima, le Japon comptait 54 réacteurs sur son territoire et le nucléaire produisait environ 30% de l’électricité du pays.

Suite à la catastrophe, les 50 réacteurs encore en état de fonctionnement sont tous mis à l’arrêt, de manière progressive, pour procéder à des tests de sûreté avant toute relance éventuelle .

Pour compenser l’arrêt des réacteurs, les japonais ont entrepris d’importants efforts d’économie d’énergie, notamment lors de la période estivale. Le nucléaire à l’arrêt, le risque de pénurie était en effet très élevé pendant l’été dernier au Japon : l’été est la saison pendant laquelle surviennent les pics de consommation dans l’archipel, en raison de l’utilisation massive des systèmes de climatisation.

Malgré les efforts des citoyens japonais et des entreprises nippones, le pays a dû considérablement augmenter ses importations de matières fossiles pour compenser le manque à produire des réacteurs à l’arrêt.

[stextbox id=”info”]Relancer le nucléaire pour réduire la dépendance énergétique[/stextbox]

Les importations de gaz naturel ont augmenté de 35% entre 2011 et 2012, et la consommation de pétrole dans les centrales thermiques a bondi de 55%. La facture d’électricité de l’exploitant TEPCO a augmenté de 10% pour les ménages et de 17% pour les industriels. Et en 2012, le Japon a connu son premier déficit commercial du Japon depuis 30 ans.

Pour réduire cette dépendance, le précédent gouvernement, qui s’était prononcé pour une sortie définitive de l’atome, a décidé lors de l’été dernier la relance de deux réacteurs de la centrale d’Ohi , avec l’accord des autorités locales. Elle a permis d’éviter les pénuries d’électricité dans cette région fortement industrialisée.

Ces deux réacteurs sont à ce jour les seuls en activité sur l’archipel. Mais le nouveau gouvernement libéral-démocrate, s’est récemment prononcé pour une relance de tous les réacteurs jugés sûrs. Le pro-nucléaire Shinzo Abe a été élu facilement Premier ministre en décembre, et ce malgré la défiance d’une grande partie de la population vis-à-vis de l’atome. Selon le parti libéral-démocrate, le nucléaire est un atout dont l’économie japonaise ne peut pas se passer.

Le gouvernement Abe a assuré que seuls les réacteurs répondant aux nouvelles normes de sureté seront relancés. Plus strictes, ces nouvelles normes vont être  imposées par la nouvelle instance de sûreté nippone créée suite à la catastrophe de Fukushima.

[stextbox id=”info”]De nouvelles normes de sûreté et une nouvelle instance de régulation[/stextbox]

La nouvelle autorité japonaise de régulation nucléaire (NRA) élabore actuellement ces nouvelles normes de sûreté, qui permettront de mieux prévenir les risques liés aux catastrophes naturelles : centre de secours à distance, équipements supplémentaires pour assurer le refroidissement des réacteurs et des piscines, systèmes de ventilation des filtres pour limiter les risques d’explosion et de rejets de particules radioactives…. De plus, de nouveaux plans d’évacuation et de secours sont élaborés. L’ensemble de ces nouvelles normes devrait être appliqué à partir du mois de juillet.

Pour être éventuellement relancé, chaque réacteur devra passer des tests de résistance incluant ces nouveaux critères. Enfin, la relance ne pourra pas intervenir sans l’aval des préfectures locales, comme le veut la procédure au Japon.

Le redémarrage de plusieurs centrale construites à proximité ou sur des failles géologiques possiblement actives paraît ainsi compromis. Des études géologiques sont en cours autour des réacteurs japonais. La NRA envisage de redéfinir une « faille active »comme une faille ayant connu des mouvements au cours des 400.000 dernières années, contre 130.000 selon la définition actuelle.

Le gouvernement nippon s’est également prononcé en faveur de la construction de nouveaux réacteurs, annoncés  plus modernes et plus sûrs. Au nord du Japon, le chantier du réacteur d’Oma, interrompu suite à la catastrophe, a déjà repris. A termes, le nucléaire devrait donc à nouveau occuper une part significative dans le mix électrique du Japon, même si l’objectif de 50% annoncé avant Fukushima n’est plus d’actualité.

 

Rédigé par : arthur-leroy

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