Orano, géant français du nucléaire, a choisi le Tennessee pour établir une nouvelle usine d’enrichissement d’uranium. Ce projet de plusieurs milliards de dollars répond à la volonté des États-Unis de réduire leur dépendance à l’uranium enrichi russe.
Tennessee, aux États-Unis : ce n’est pas un hasard pour Orano
Les États-Unis, traditionnellement dépendants de la Russie pour l’enrichissement de leur uranium, cherchent à diversifier leurs sources d’approvisionnement. Le choix d’Orano, détenue à 90 % par l’État Français, de construire une usine sur le sol américain est donc stratégique. La Russie représente 20% de l’uranium enrichi utilisé par les États-Unis, ce qui peut rendre le pays vulnérable aux perturbations des approvisionnements. Le directeur général d’Orano, Nicolas Maes, a précisé fin juillet 2024 que ce projet offrirait à l’entreprise une base industrielle solide aux États-Unis, essentielle pour répondre à la demande croissante en énergie nucléaire.
Pourquoi le Tennessee ? Ce choix est loin d’être anodin. La région possède une longue histoire avec l’industrie nucléaire, notamment grâce au site d’Oak Ridge, qui abrite l’une des premières installations nucléaires du pays. Orano peut ainsi compter sur l’expertise locale et sur un soutien politique fort pour mener à bien ce projet. En outre, le Tennessee présente l’avantage de disposer de plusieurs centrales nucléaires, facilitant ainsi la logistique et l’intégration de la future usine dans le tissu industriel local. À terme, ce projet devrait créer plus de 300 emplois, renforçant ainsi l’économie locale tout en répondant aux besoins énergétiques croissants des États-Unis.
Un projet d’envergure internationale soutenu par l’administration Biden
Ce projet de plusieurs milliards de dollars s’inscrit dans une dynamique plus large de renforcement de l’indépendance énergétique des États-Unis. En mai 2024, l’administration Biden a mis en place un embargo sur les importations d’uranium en provenance de Russie, offrant toutefois un délai de grâce aux entreprises américaines jusqu’en 2028. Orano prévoit d’obtenir une licence de la Nuclear Regulatory Commission d’ici à 2025, ce qui permettra de lancer la construction de l’usine, avec une mise en service potentielle dès 2030. Par ailleurs, le soutien financier de l’État fédéral et du Tennessee, notamment via le Nuclear Energy Fund, sera important pour le succès de ce projet.
Le projet d’Orano au Tennessee s’inscrit dans une vision à long terme de l’industrie nucléaire américaine, qui vise à réduire la dépendance vis-à-vis des fournisseurs étrangers et à développer des sources d’énergie plus durables. Avec cette nouvelle usine, Orano consolide sa position sur le marché américain tout en contribuant à la sécurité énergétique mondiale. Orano avait par ailleurs déjà envisagé un projet de ce type à la fin des années 2000 avant de le suspendre en raison des surcapacités consécutives à l’accident de Fukushima, en 2011.
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