Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a organisé, le 5 juillet 2023 à Paris, le premier Forum national des énergies renouvelables et de la biodiversité, en partant du constat de la complexité de développer conjointement la production d’électricité renouvelable et la protection (voire la restauration) de la biodiversité. Si la sobriété reste la meilleure réponse à ce paradoxe, la problématique n’a pas fini de provoquer débats et arbitrages discutés.
Le SER organise le premier Forum national des énergies renouvelables et de la biodiversité
La question agite depuis de nombreuses années les défenseurs de l’environnement, qui entendent lutter à la fois pour la préservation de la biodiversité (et donc lutte contre l’artificialisation des sols et des espaces) et pour le développement des énergies renouvelables, éolien et photovoltaïque en tête, sur le territoire français. Ces nouvelles EnR demandent, justement, de l’espace. Beaucoup d’espace pour tenir les objectifs étatiques de 33 % de renouvelables dans la consommation énergétique en 2030.
Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a organisé, le 5 juillet 2023, le premier Forum national des énergies renouvelables et de la biodiversité, afin de travailler ces problématiques avec les acteurs des différentes filières et des responsables politiques.
Il s’est penché, en particulier, sur les moyens de concilier la loi d’accélération des énergies renouvelables (Aper), l’objectif du « zéro artificialisation nette » (ZAN) et le renforcement de la protection des espaces naturels et de la biodiversité.
La question temporelle était logiquement au centre des débats. « En moyenne, en France, il faut huit ans pour développer un parc photovoltaïque ou éolien terrestre et douze ans pour un site éolien offshore, tandis que nos voisins européens vont parfois deux fois plus vite. L’envie d’accélérer engendre des tiraillements, notamment sur le besoin de recourir à des dérogations », pointe ainsi Pierre Cazeneuve, député Renaissance des Hauts-de-Seine, rapporteur de la loi Aper.
Problématiques dérogations et ère des compromis
Ces dérogations concernent le plus souvent la destruction d’une espèce protégée, pierre de discorde historique sur ce sujet. « Demander une dérogation est déjà un échec du principe de protection stricte des espèces protégées. Elle relève déjà d’une forme d’absurdité juridique et naturaliste », a noté Paul Elfassi, avocat associé (BCTG Avocats) et président du pôle réglementaire du SER.
Or, légalement, ces dérogations ne s’appliquent qu’en cas de raison impérative d’intérêt public majeur (ou RIIPM), que la loi Aper veut étendre à davantage de projets d’EnR, via une « présomption de reconnaissance » au titre de la transition énergétique. La loi « industrie verte » veut en faire de même. Dès lors, tout est en place pour qu’entre renouvelables et biodiversité, les premiers soient toujours préférés.
Certes, des solutions existent pour minimiser les impacts. La loi Aper prévoit ainsi de créer des « zones d’accélération » des renouvelables, définies par les collectivités et les habitants. « Il faut donner la priorité aux zones à moindre impact environnemental, aux terres déjà artificialisées ou polluées et en exclure les zones Natura 2000 ou les aires marines protégées », défend Véronique Andrieux, directrice générale du WWF France.
Certains participants ont appelé à la sobriété, telle Enora Tredan, responsable du programme « Énergies marines renouvelables et biodiversité » de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), rappelant que la « seule énergie neutre, c’est encore celle que nous ne produisons pas ».
D’autres ont souligné des cas de cobénéfices pour la biodiversité à l’installation de centrales renouvelables. Mais le problème reste entier, et aucune solution pérenne et univoque ne sera trouvée. L’ère des compromis va probablement se poursuivre.
Laisser un commentaire