Au terme d’une dernière bataille où l’opposition de l’Allemagne a surpris, l’Union européenne a définitivement acté la fin des voitures à moteurs thermiques pour 2035, en lâchant du lest sur les carburants de synthèse (une technologie pour l’heure quasi-chimérique). Ce qui devrait faire basculer la mobilité légère vers le tout-électrique à moyen terme, les autres technologies partant avec de sérieux handicaps.
La fin des moteurs thermiques dans l’Union européenne reste bien fixée en 2035
L’Union européenne va bel et bien interdire les voitures à moteurs thermiques en 2035 : c’est la décision qu’ont fini par prendre les ministres de l’énergie des Vingt-Sept, ce mardi 28 mars 2023. Cette mesure-phare du paquet climat, en négociation depuis l’année dernière, avait obtenu un premier accord du Conseil européen, à la majorité qualifiée, avant d’être adoptée mi-février 2023 par le Parlement européen.
Selon toute logique, son adoption définitive par le Conseil européen des ministres de l’énergie ne devait être qu’une formalité. Mais, à la surprise générale, l’Allemagne avait freiné des quatre fers début mars. La Pologne était contre, l’Italie hésitait, la majorité qualifiée (au moins 72 % des États membres, représentant au moins 65 % de la population de l’Union européenne) était en grand péril.
Le vote sur le texte, prévu pour le début du mois de mars, fut donc ajourné pour prendre en compte les exigences de Berlin, qui demandait à la Commission européenne une proposition ouvrant la voie aux carburants de synthèse.
L’Allemagne impose une proposition sur les carburants de synthèse, mais sans changer le cap vers le tout-électrique de la mobilité européenne
Les carburants de synthèse sont produits à partir de CO2 issu des activités industrielles. Défendus par les constructeurs haut de gamme allemands et italiens, cette technologie, jugée coûteuse, énergivore et polluante par les ONG environnementale, semble avoir peu de chances de s’imposer, en dehors d’une poignée de véhicules de luxe. Les Vingt-Sept ont donc accepté de lâcher du lest sur le sujet, en acceptant le principe d’une proposition séparée sur le sujet qui devra être validée d’ici l’automne 2024.
Cette concession a permis l’adoption du texte sans modification, l’Allemagne ayant voté pour, la Pologne étant la seule à voter contre, l’Italie, la Roumanie et la Bulgarie s’étant abstenues. A partir de 2035, les automobiles neuves autorisées à la vente dans l’Union européenne ne devront donc émettre aucun CO2. Cela exclut de fait les véhicules essence, diesel, et hybrides.
Dans l’absolu, la porte reste entrouverte pour d’autres technologies que la voiture électrique, comme les carburants de synthèse, certains agrocarburants 100 % végétaux, voire des carburants issus de la récupération d’huiles usagées. Mais ce marché sera probablement particulièrement réduit.
Il en est de même pour la voiture à hydrogène, qui part de trop loin et utilise un vecteur énergétique trop convoité par l’industrie et la mobilité lourde (gros camion, bateau, train, voire avion…) pour répondre aux besoins de voitures individuelles.
A bien des égards, cette loi pave bel et bien l’avenir de la voiture individuelle en Europe : il sera électrique ou ne sera pas. Même si, pour des raisons climatiques, il serait préférable que, le plus possible, il ne soit pas (l’impact carbone d’une voiture électrique étant loin d’être neutre)…
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