L’Observatoire des énergies renouvelables a publié les résultats de son 12e baromètre des énergies renouvelables électriques en France. Le bilan est pour le moins mitigé. Sur le plan national, l’Hexagone ne parvient pas à concrétiser ses engagements par une progression suffisante des installations d’ENR. Mais sur le plan local, certaines régions sont plus dynamiques, comme le prouve le dernier rapport RTE. A tel point qu’on observe désormais un écart préoccupant entre les zones énergétiques du pays.
Le Nord : champion de l’énergie éolienne
En matière d’énergie éolienne, les disparités territoriales sont flagrantes. Au nord, au sud et à l’est, la filière se développe. Mais toute la région ouest ainsi que l’Île-de-France restent à la traîne.
Les Hauts-de-France gardent leur place de région championne. Avec 5 219 MW de puissance raccordée à fin septembre 2021, la région est de loin la première contributrice à la production d’électricité issue de l’éolien. Et les Hauts-de-France semblent bien décidés à garder leur couronne. En 2021, la région a raccordé 213 MW de puissance.
Le podium des régions productrices d’énergie éolienne est complété par la région Grand-Est qui arrive en seconde position avec 3 970 MW de puissance installée. L’Occitanie ferme la marche avec 1 655 MW. Pour le reste du territoire, un partage assez clair s’établit entre l’est et l’ouest. Dans l’est, les régions tentent de combler leur retard. Mais les investissements restent trop limités pour l’instant. Seule la région Nouvelle-Aquitaine a initié de grands chantiers éoliens. En 2021, elle a raccordé 129 MW de puissance, soit une croissance de 10% de ses capacités.
Le photovoltaïque toujours au zénith dans le Sud
Sans réelle surprise, la répartition de la production d’énergie photovoltaïque en France suit un découpage nord-sud très marqué. Les régions du sud exploitent au mieux leurs ressources solaires naturelles. Les quatre grandes régions du sud affichent toutes plus de 1 000 MW de puissance photovoltaïques raccordés en 2021. Alors qu’au-dessus de la Loire, aucune région ne franchit la barre des 900 MW.
Dans le sud, la région Auvergne Rhône-Alpes était la seule à être en retard dans le déploiement de sa filière solaire. Mais elle semble décidée à rattraper son retard. En 2021, elle est la région française qui a le plus investi dans le raccordement de puissance photovoltaïque supplémentaire. Entre 2020 et 2021, le parc solaire de la région a donc augmenté de 24%.
Les régions « oubliées » de la transition énergétique
Pour l’énergie éolienne et pour le solaire, la géographie semble et l’exposition naturelle aux ressources de vent et de soleil sont un élément crucial pour le développement des filières. Mais même pour d’autres filières d’énergies vertes, certaines régions restent en panne. La région Île-de-France, la Bretagne, la Normandie, les Pays-de-la-Loire et le Centre-Val-de-Loire affichent un retard important dans leur transition énergétique. Si la densité de population, le prix moyen des surfaces et la disponibilité des terrains sont un frein majeur pour l’Île-de-France, ce n’est pas le cas dans les autres régions. Comment expliquer ces disparités ?
Le bilan RTE 2021 le montre clairement, les régions du nord-ouest et du centre n’investissent pas assez dans les ressources d’énergie alternative. Et le schéma se répète sur presque toutes les filières : éolien, solaire, hydraulique, biomasse solide et même pour le biogaz.
Les collectivités territoriales, « une charnière stratégique » pour la transition énergétique
Alors comment expliquer les disparités territoriales qui demeurent ? Le baromètre 2021 apporte un élément de réponse. Il met en lumière le rôle de « charnière stratégique » des collectivités territoriales pour expliquer les écarts entre territoires. Certaines régions ont été plus actives que d’autres dans leur soutien aux projets d’ENR. Et pour le rapport ObservER, c’est ce qui explique aujourd’hui leur avancée dans le domaine énergétique. « En quelques années, les collectivités, et singulièrement les autorités organisatrices de la distribution d’énergie, ont ainsi pris la mesure de leurs responsabilités dans la transition électrique. »
Concrètement, le rapport remarque que le développement des énergies renouvelables sur les territoires dépend d’abord de cet engagement des collectivités. Elles jouent un rôle de facilitateur pour soutenir les nouveaux projets. Elles les accompagnent en tant que maîtres d’ouvrage. Mais aussi « en mettant à disposition des débouchés, du foncier ou des gisements ».
Autre élément crucial : les collectivités territoriales font le lien entre porteurs de projets et riverains. La promotion des projets d’énergies renouvelables est souvent mieux accueillie grâce au soutien des responsables locaux. En ce sens, les collectivités locales s’affirment comme « des acteurs de la promotion des énergies renouvelables ».
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